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Sport Publié le mercredi 2 décembre 2009 | Nord-Sud

Le grand témoin / Ouattara Hego (Sécretaire général Fif) : “Avant Me Ouégnin, c’était la pagaille à l’Asec”

Le secrétaire général de la Fédération ivoirienne de football évoque l’Asec d’il y a 20 ans à aujourd’hui. Pour lui, l’arrivée de Me Roger Ouégnin à la tête de la famille Jaune et Noir a aidé l’Asec à se développer. Mais les choses n’ont pas été faciles, révèle l’ancien chef du service des sports de Fraternité-Matin au début des années 90.

Que vous inspire les 20 ans d’anniversaire de Me Roger Ouégnin à la tête de l’Asec Mimosas ?

Il faut dire que 20 années à la tête d’un club ivoirien constituent un record, car la plupart de nos clubs sont marqués par une espèce d’instabilité. Conséquence, les différents présidents de clubs ne travaillent pas dans la sérénité. Lorsque Me Roger Ouégnin arrivait le 19 novembre 1989 à la tête de l’Asec, le club était secoué par des révolutions permanentes.

Que voulez-vous dire ?

Nous assistions à plusieurs changements. De Claude Ando à Touré Mamadou en passant par Victor Ekra. C’étaient des bouleversements incessants. Et l’arrivée de Me Roger Ouégnin a permis à l’Asec de se stabiliser.

Comment ?

En mettant en place d’abord des textes. En agissant aussi avec autorité. Je pense que c’est cela qui faisait défaut. A l’Asec, c’était un peu la pagaille. Vous aviez des groupes de supporters souvent plus puissants que le comité directeur. Ils défaisaient même les différents comités directeurs mis en place. A son arrivée, Me Roger Ouégnin a mis fin à tout cela.

Cela a-t-il été facile ?

Loin de là. Vous aviez à l’époque des responsables de supporters à fortes personnalités tels que Pierre Konori. Mais progressivement, Me Roger Ouégnin est parvenu à mettre tout le monde au pas et à faire en sorte que le club soit organisé. N’importe qui ne pouvait plus prendre la parole ou faire la loi au nom du club Jaune et noir. Pour Me Roger Ouégnin, cela était primordial, car sans autorité et sans ordre cela aurait été impossible de faire quoi que ce soit.

A-t-il sacrifié les résultats ?

Non. Me Roger Ouégnin était conscient que sans résultats, les réformes entreprises seraient vouées à l’échec. A cette époque, l’Africa Sports de Simplice Zinsou dominait de la tête et des épaules le football ivoirien.

Comment Me Roger Ouégnin a-t-il alors manœuvré ?

Il a fait venir Philippe Troussier. Il a également ramené certains footballeurs ivoiriens qui étaient en Europe comme Abdoulaye Traoré, Gadji Celi, Bédé James… Ces joueurs ont donné une autre dimension au club qui a tout de suite rebondit. Cela lui a permis de déployer sa stratégie et progressivement de bâtir. Le second volet de ses réformes était la construction. C’est comme cela que Sol béni est né.

Comment cela s’est passé ?

Vous savez que l’acquisition de Sol béni n’a pas été facile.

Racontez-nous cela.

C’était le Stade d’Abidjan qui s’entraînait sur ce terrain. Je me souviens que le grand chancelier d’alors, Koffi Gadeau, avait très mal pris le fait que l’Asec ait pu les faire déménager de Sol béni. L’Asec qui s’entraînait jusque-là à l’Ecole de gendarmerie voulait une base. Troussier souhaitait également cela. Aujourd’hui, Sol béni est la propriété des Mimos. Et rare sont les clubs africains qui ont de telles propriétés en dehors de certains clubs de l’Afrique blanche. Encore que là-bas, ils sont aidés par leurs autorités pour acquérir des espaces de jeu.

Quelle était la philosophie de Me Roger Ouégnin à son arrivée ?

Me Roger Ouégnin avait prononcé un discours le 19 novembre 1989 pour traduire sa vision des choses. Il a su se conformer à cette vision. Ce qui lui a permis de construire en 20 ans un club fort, connu en Afrique et même en dehors.

Qu’est-ce qui manque encore à l’Asec pour atteindre le top ?

C’est une espèce d’autonomie financière. Le problème de nos clubs reste les moyens financiers. Vous vous rendez compte que l’Asec joue régulièrement la Ligue des champions, mais elle n’est arrivée en finale qu’à deux reprises (1995 et 1998). Le club est contraint de vendre chaque année ses meilleurs éléments. L’idéal serait que l’Asec puisse conserver ses meilleurs joueurs durant trois ou quatre ans. Malheureusement, cela est quasiment impossible pour un club qui n’a pas d’autres ressources. Etant donné que la vente des joueurs fait partie de la stratégie du club, Me Roger Ouégnin est obligé d’emprunter cette voie. Comment voulez-vous que l’Asec conserve ses meilleurs joueurs si elle n’a pas d’argent. Diriger un club du standing de l’Asec coûte très cher. Chaque mois, c’est une prouesse que réalisent les dirigeants Jaune et noir pour satisfaire leurs employés. Il y a quelques années, les recettes de matches étaient intéressantes. Aujourd’hui, c’est dérisoire… Forcément, il faut trouver des moyens pour vivre. Pour survivre même. Heureusement que l’Asec a son académie qui lui permet de produire des joueurs sollicités ailleurs.

Après 20 ans de bons et loyaux services, Me Roger Ouégnin ne doit-il pas partir ?

C’est un faux problème ! Pourquoi partirait-il ? Je ne comprends pas… (Il se redresse de son siège). Il y a des présidents de clubs ou même de Fédérations qui sont en poste depuis plus de trente ans. Pourquoi Me Roger Ouégnin arrêterait si l’on estime que son travail est bon ? Je ne juge pas les gens par rapport à leur longévité à un poste. Je les juge par rapport à ce qu’ils ont apporté là où ils sont. Et je crois qu’à l’heure du bilan, Me Roger Ouégnin a fait de belles choses à la tête de l’Asec. Le vœu des Actionnaires est même de le voir poursuivre sa mission. La construction du club n’est pas achevée et rien que pour cela, il faut lui laisser encore le temps de travailler.

Avez-vous une anecdote sur Me Roger Ouégnin ?

(Sourires) Non, car Me Roger Ouégnin est un monsieur sérieux. Il se bat beaucoup. Ce qui m’impressionne chez lui, c’est que quelle que soit l’heure à laquelle vous échangez, il maîtrise les textes aussi bien de la Caf que de la Fifa. C’est l’un des rares présidents que je connais qui possède cette qualité là. Est-ce que son métier d’avocat l’aide un peu à cela ? Certainement. Mais j’avoue que je suis impressionné par sa connaissance des textes et des différents rouages. Ce n’est pas pour rien qu’il siège à la Caf et à la Fifa. Il a encore beaucoup à apporter à l’Asec et à la Côte d’Ivoire. Il faut souhaiter qu’il puisse avoir la force de continuer à aider le football ivoirien.

Entretien réalisé par Guy-Florentin Yaméogo
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