A l’occasion des festivités marquant ses 20 ans à la tête de l’Asec mimosas, Me Roger Ouégnin a animé, le 6 décembre 2009, une conférence de presse à Sol béni. Il a livré les raisons de son succès en soulignant toutefois les difficultés auxquelles le club est confronté aujourd’hui dans la formation des jeunes. Le président du Conseil d’administration de l’Asec a annoncé qu’un travail est en train d’être fait pour relancer la machine jaune et noir. l Les raisons du succès de Me Roger Ouégnin “Il faut retenir que j’étais déjà là en 1983 en tant qu’acteur assez influent. Mais je n’avais pas la dernière décision. En prenant le club, j’avais une certaine expérience. On a réussi d’abord à fédérer tous les états d’âme. Et avant de prendre fonction, j’ai fait signer un statut à tous les acteurs influents du moment. Tout le monde était d’accord. En réalité, c’est ce qui a mis fin à toute cette période de turbulence à l’Asec mimosas. Bien évidemment, quand il y a la paix, le travail avance”. l Quelle Asec pour les 20 prochaines années ? “En 20 ans, on a gagné. Mais il ne faut pas oublier aussi qu’il y a eu des échecs qui nous ont fortifiés. A mon avis, on n’est même pas à 20% de ce que doit être une bonne appréciation de notre action. Pourquoi ? On voit tout ce qui est à Sol béni, mais il faut former de bons cadres pour pérenniser l’œuvre. C’est le boulot qu’il y a à faire. C’est important à mes yeux. Car demain le nouveau président de l’Asec mimosas doit pouvoir rendre compte de sa gestion aux Actionnaires. S’il ne le fait pas, il sera immédiatement interpellé. On lui dira que Roger Ouégnin au moins faisait les comptes. Il faut donc former des gens à cela. Dans notre pays, certains dirigeants commettent beaucoup d’erreurs. Ils mettent les résultats avant l’organisation. C’est plutôt l’organisation qui précède les résultats. Parce que si vous êtes bien organisé, les résultats suivent forcement. C’est pour dire que l’organisation est plus importante que les résultats. Grâce à l’organisation mise en place, l’Asec n’a jamais connu d’année blanche. On a eu un titre à chaque saison. Tous les entraîneurs que j’ai eus, à l’exception de Konan Yobouet qui est arrivé l’année d’après notre échec en finale de Ligue des champions 1998, ont maintenu la flamme. L’Asec de demain, c’est celle qui doit poursuivre son œuvre. Parce que tant que le ballon roule, la construction du club ne s’arrête jamais”. l Pourquoi l’Asec n’a pas eu de titre en 2007 et 2008 “Dans l’opinion publique, on confond le club et l’équipe. Le club a fait seulement 20% de son développement. Il faut qu’il continue à se développer. Mais l’équipe, elle, se renouvelle tous les deux ans. J’ai entendu des gens dire que l’Asec n’a pas gagné de titre en 2007 et 2008. C’est parce que l’Asec s’est renouvelée. On a pris des jeunes de l’Académie, c’est- à- dire des enfants de 18 ans qui se retrouvent en Ligue des champions et on leur demande de jouer 3 matches dans la semaine. Il n’est pas évident qu’ils tiennent le coup. C’est cela les raisons. Il faut continuer à former les jeunes en restant patient”. l Jean Marc Guillou oublié dans la série d’hommages “Pourquoi parlez-vous spécialement de Jean Marc Guillou ? C’est Philippe Troussier qui a été le premier à déclencher le processus. Zaré Mamadou a gagné des titres et joué une finale de coupe d’Afrique. Ensuite il y a eu Oscar Fullone qui revient en Côte d’Ivoire 12 ans après pour remporter la Ligue des champions en 1998. C’est le seul qui a pu faire cela. Ce sont des gens qui ont fait le boulot pour lequel on les a engagés. Et ils ont été rémunérés en conséquence. C’est tout. Jean Marc Guillou n’est pas plus important dans mon dispositif que les autres. Dès qu’il a déconné, je l’ai mis dehors”. l L’Asec ne forme plus de grandes vedettes “Des Actionnaires se plaignent de ce qu’on n’a pas formé des joueurs après le départ de Jean Marc Guillou. Attendez quelques années pour voir. On a attendu des années pour avoir les Kolo, Baky, Maestro, Aruna etc. Tous ceux là étaient en formation lorsque Losséni Konaté, Sié Donald, Badra et bien d’autres jouaient. Soyez patients. Aujourd’hui, il y a un danger qui guette la Côte d’Ivoire. Il s’agit de la multiplicité des centres de formation. Ce qui avait fait la force de l’Académie, c’était la forte concentration des meilleurs joueurs au même endroit pour avoir la meilleure formation. On nous les donnait gratuitement. En retour, on donnait des équipements au centre de formation. Les moins bons étaient automatiquement extraits du groupe. Aujourd’hui, la tâche est devenue très difficile. L’environnement a changé. Les vendeurs de joueurs rodent autour des jeunes dans les centres de formation - boutiques. Cela constitue un frein à l’éclosion des jeunes. Nous allons nous battre pour qu’on mette de l’ordre dans le secteur. En attendant, l’Asec travaille pour relancer sa machine”.
Propos recueillis par Ephrem Touboui
Propos recueillis par Ephrem Touboui