Le jeudi le 03 décembre dernier, le capitaine Moussa Dadis Camara, Chef de l’Etat guinéen a été victime d’une tentative d’assassinat dont l’auteur n’est autre que son aide de camp, le lieutenant Toumba Diakité. Evacué d’urgence à Rabat, au Maroc, le sort du nouvel homme fort de Guinée serait préoccupant. Retour sur l’historie d’un pays frappé par le destin.
Arrivé au pouvoir de manière inattendue et incongrue le 23 décembre 2008, suite au décès du général Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara dirige la Guinée au gré de ses humeurs. Personnage haut en couleur, il affectionne le spectacle et semble être attiré par les strass et les paillettes. A la vérité, c’est un acteur refoulé à qui la prise du pouvoir a donné l’occasion d’assouvir ses fantasmes. Connu pour ses shows (les fameux Dadis shows) au cours desquels il laisse libre cours à ses humeurs, il a initié une nouvelle manière de diriger un Etat. Ses pantalonnades qui font de moins en moins rire les Guinéens sont devenues aussi célèbres que la phraséologie révolutionnaire de son lointain prédécesseur Ahmed Sékou Touré avec qui il partage un certain attrait pour la mise en scène et le goût du pouvoir. Les Guinéens qui avaient espéré que son avènement marquerait la fin de leurs privations, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Après avoir tenu un discours rassembleur qui incitait à l’espoir, il a très vite revêtu le manteau de ses prédécesseurs.
Il s’est décrédibilisé
Et il s’est totalement décrédibilisé et a montré sa vraie face le 28 septembre 2009 (encore un 28 septembre) lorsque sa soldatesque a réprimé avec une rare violence et une sauvagerie qui ont rappelé l’ère de ses prédécesseurs, une manifestation de l’opposition qui dénonçait sa candidature à la magistrature suprême. Depuis cette date, l’état de grâce dont il semblait bénéficier a fondu comme neige au soleil. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour le capitaine Dadis, il y aura un avant et un après 28 septembre 2008. Puisque depuis les malheureux événements de ce jour funeste, s’il en est, qui ont fait 158 morts, il est au centre de la polémique et dans le viseur des organisations de défense des droits de l’homme. Les uns et les autres dénonçant sa responsabilité dans ce carnage. Or, il est de notoriété que l’ordre de réprimer les opposants a été donné par son aide de camp, le lieutenant Toumba Diakité. Excédé par les récurrentes interpellations des défenseurs des droits de l’homme qui, sans répit, exigent que justice soit faite et que le lieutenant Toumba Diakité, instigateur de la violente répression soit mis aux arrêts, le capitaine Dadis a fini par se rendre à leur avis. C’est ainsi qu’il a convoqué son aide de camp. Mais, subodorant ce qui l’attendait, celui-ci a opposé une fin de non recevoir à la convocation du chef de l’Etat. Ce dernier a vu dans ce refus une suprême injure. Il s’est donc déplacé en personne au bureau de son aide de camp. Le ton étant très vite monté entre les deux hommes, le lieutenant Toumba Diakité a fait feu à bout portant sur le capitaine Dadis qui a fait le mort pour ne pas être achevé. Ceci marque la fin du premier épisode du règne de celui qui aura trahi l’espoir du peuple guinéen.
Comme un certain Ahmed Sékou Touré, premier président de la République de Guinée avec qui, ont l’a dit, il a en commun un certain sens du spectacle et un goût immodéré du pouvoir. Ce n’est rien de dire que Sékou Touré est à la base des malheurs de la Guinée. Il fut certes le père de l’indépendance, mais par ses excès et ses outrances, il a réduit ce pays en cendres. Et pourtant, la Guinée compte au rang des pays dont le sol et le sous-sol sont gorgés de richesses minières et minéralogiques. Au point où certains l’ont qualifiée de ‘’scandale géologique’’.
Un règne marqué par l’arbitraire
Mais 52 ans après l’indépendance, le pays n’a jamais amorcé son développement. Pour preuve, les Guinéens manquent de tout. D’eau potable, d’électricité, de routes, d’écoles, d’hôpitaux, bref, tout reste à faire. Sékou nourrissait les Guinéens d’idéaux et d’idéologie. Aux besoins vitaux de ses compatriotes, il répondait par une phraséologie révolutionnaire enflammée. Il n’avait pas son pareil pour endormir les Guinéens qui se gargarisaient de fierté et d’orgueil. Le 28 septembre 1958, l’ancien syndicaliste n’avait-il pas dit ‘’non’’ à la Communauté proposée par la France ? ‘’Nous préférons la pauvreté dans la dignité à l’opulence dans l’esclavage » avait-il lancé sous les vivats de la foule à un De Gaule médusé. Conséquence, la France, ancienne puissance tutélaire, s’est retirée du pays et depuis, ils paient le prix de cet affront. Ironie du sort, plus de 50 ans plus tard, les Guinées connaissent ‘’l’esclavage’’ de la pauvreté. De fait, peut-on attendre de quelqu’un qui subit les pesanteurs du quotidien qu’il reste toujours digne ? Au final, la bravade de Sékou n’aura été que le coup d’éclat d’un homme assoiffé de pouvoir qui voulait surtout être investi du pouvoir d’Etat. A sa mort en 1984, au terme d’un règne marqué par l’arbitraire et l’injustice, le général Lansana Conté va lui succéder. Mais lui aussi, va très vite marcher dans les pas de son prédécesseur.
Aussi piètre orateur que Sékou fut un brillant tribun, Conté aura illustré jusqu’à la caricature, l’incurie et l’incompétence collées à certains chefs d’Etat africains. Grabataire pendant les dernières années de son règne, il rechignera, jusqu’à sa mort, à passer la main. Et alors que son corps n’avait pas encore été inhumé, voilà qu’un autre militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, prenant tout le monde de vitesse accède au pouvoir. Alors qu’il avait promis remettre le pays sur la voie du développement et de la démocratie, il va très vite prendre les traits d’un autocrate. Il appartient désormais aux Guinéens de se déterminer par rapport à leur avenir. Vont-ils continuer à subir les arrêts d’un sort qui semble les condamner à un drame sans fin ou vont-ils dire non aux lubies de cet autre dictateur qu’est le capitaine Dadis Camara ?
La providence semble leur avoir déjà montré la voie à suivre avec cette tentative de coup d’Etat. Ils ne peuvent indéfiniment préférer la pauvreté dans la dignité… ». Il est des instants qui déterminent une vie. Pour les Guinéesn, ce moment semble être arrivé.
Jean Henri Kwahulé
Arrivé au pouvoir de manière inattendue et incongrue le 23 décembre 2008, suite au décès du général Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara dirige la Guinée au gré de ses humeurs. Personnage haut en couleur, il affectionne le spectacle et semble être attiré par les strass et les paillettes. A la vérité, c’est un acteur refoulé à qui la prise du pouvoir a donné l’occasion d’assouvir ses fantasmes. Connu pour ses shows (les fameux Dadis shows) au cours desquels il laisse libre cours à ses humeurs, il a initié une nouvelle manière de diriger un Etat. Ses pantalonnades qui font de moins en moins rire les Guinéens sont devenues aussi célèbres que la phraséologie révolutionnaire de son lointain prédécesseur Ahmed Sékou Touré avec qui il partage un certain attrait pour la mise en scène et le goût du pouvoir. Les Guinéens qui avaient espéré que son avènement marquerait la fin de leurs privations, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Après avoir tenu un discours rassembleur qui incitait à l’espoir, il a très vite revêtu le manteau de ses prédécesseurs.
Il s’est décrédibilisé
Et il s’est totalement décrédibilisé et a montré sa vraie face le 28 septembre 2009 (encore un 28 septembre) lorsque sa soldatesque a réprimé avec une rare violence et une sauvagerie qui ont rappelé l’ère de ses prédécesseurs, une manifestation de l’opposition qui dénonçait sa candidature à la magistrature suprême. Depuis cette date, l’état de grâce dont il semblait bénéficier a fondu comme neige au soleil. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour le capitaine Dadis, il y aura un avant et un après 28 septembre 2008. Puisque depuis les malheureux événements de ce jour funeste, s’il en est, qui ont fait 158 morts, il est au centre de la polémique et dans le viseur des organisations de défense des droits de l’homme. Les uns et les autres dénonçant sa responsabilité dans ce carnage. Or, il est de notoriété que l’ordre de réprimer les opposants a été donné par son aide de camp, le lieutenant Toumba Diakité. Excédé par les récurrentes interpellations des défenseurs des droits de l’homme qui, sans répit, exigent que justice soit faite et que le lieutenant Toumba Diakité, instigateur de la violente répression soit mis aux arrêts, le capitaine Dadis a fini par se rendre à leur avis. C’est ainsi qu’il a convoqué son aide de camp. Mais, subodorant ce qui l’attendait, celui-ci a opposé une fin de non recevoir à la convocation du chef de l’Etat. Ce dernier a vu dans ce refus une suprême injure. Il s’est donc déplacé en personne au bureau de son aide de camp. Le ton étant très vite monté entre les deux hommes, le lieutenant Toumba Diakité a fait feu à bout portant sur le capitaine Dadis qui a fait le mort pour ne pas être achevé. Ceci marque la fin du premier épisode du règne de celui qui aura trahi l’espoir du peuple guinéen.
Comme un certain Ahmed Sékou Touré, premier président de la République de Guinée avec qui, ont l’a dit, il a en commun un certain sens du spectacle et un goût immodéré du pouvoir. Ce n’est rien de dire que Sékou Touré est à la base des malheurs de la Guinée. Il fut certes le père de l’indépendance, mais par ses excès et ses outrances, il a réduit ce pays en cendres. Et pourtant, la Guinée compte au rang des pays dont le sol et le sous-sol sont gorgés de richesses minières et minéralogiques. Au point où certains l’ont qualifiée de ‘’scandale géologique’’.
Un règne marqué par l’arbitraire
Mais 52 ans après l’indépendance, le pays n’a jamais amorcé son développement. Pour preuve, les Guinéens manquent de tout. D’eau potable, d’électricité, de routes, d’écoles, d’hôpitaux, bref, tout reste à faire. Sékou nourrissait les Guinéens d’idéaux et d’idéologie. Aux besoins vitaux de ses compatriotes, il répondait par une phraséologie révolutionnaire enflammée. Il n’avait pas son pareil pour endormir les Guinéens qui se gargarisaient de fierté et d’orgueil. Le 28 septembre 1958, l’ancien syndicaliste n’avait-il pas dit ‘’non’’ à la Communauté proposée par la France ? ‘’Nous préférons la pauvreté dans la dignité à l’opulence dans l’esclavage » avait-il lancé sous les vivats de la foule à un De Gaule médusé. Conséquence, la France, ancienne puissance tutélaire, s’est retirée du pays et depuis, ils paient le prix de cet affront. Ironie du sort, plus de 50 ans plus tard, les Guinées connaissent ‘’l’esclavage’’ de la pauvreté. De fait, peut-on attendre de quelqu’un qui subit les pesanteurs du quotidien qu’il reste toujours digne ? Au final, la bravade de Sékou n’aura été que le coup d’éclat d’un homme assoiffé de pouvoir qui voulait surtout être investi du pouvoir d’Etat. A sa mort en 1984, au terme d’un règne marqué par l’arbitraire et l’injustice, le général Lansana Conté va lui succéder. Mais lui aussi, va très vite marcher dans les pas de son prédécesseur.
Aussi piètre orateur que Sékou fut un brillant tribun, Conté aura illustré jusqu’à la caricature, l’incurie et l’incompétence collées à certains chefs d’Etat africains. Grabataire pendant les dernières années de son règne, il rechignera, jusqu’à sa mort, à passer la main. Et alors que son corps n’avait pas encore été inhumé, voilà qu’un autre militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, prenant tout le monde de vitesse accède au pouvoir. Alors qu’il avait promis remettre le pays sur la voie du développement et de la démocratie, il va très vite prendre les traits d’un autocrate. Il appartient désormais aux Guinéens de se déterminer par rapport à leur avenir. Vont-ils continuer à subir les arrêts d’un sort qui semble les condamner à un drame sans fin ou vont-ils dire non aux lubies de cet autre dictateur qu’est le capitaine Dadis Camara ?
La providence semble leur avoir déjà montré la voie à suivre avec cette tentative de coup d’Etat. Ils ne peuvent indéfiniment préférer la pauvreté dans la dignité… ». Il est des instants qui déterminent une vie. Pour les Guinéesn, ce moment semble être arrivé.
Jean Henri Kwahulé