L'expulsion du premier secrétaire de l'ambassade de France à Lomé trahit la nervosité du pouvoir togolais à l'approche d'une échéance présidentielle délicate.
Une décision soudaine, maladroite et contre-productive. L'expulsion d'Eric Bosc, premier secrétaire de l'ambassade de France à Lomé, témoigne avant tout de la fébrilité du pouvoir togolais à moins de trois mois d'un scrutin présidentiel incertain.
Cette mesure, qui revêt un certain caractère de gravité dans l'échelle des peines diplomatiques, a été signifiée sans préavis le 4 décembre par une lettre signée du ministre des Affaires étrangères, Kofi Esaw, et adressée à l'ambassadeur Dominique Renaux. Le prétexte invoqué aux dépens de Bosc est des plus classiques : "Activités incompatibles avec son statut." Au nom de la règle de réciprocité, le Quai d'Orsay, qui salue le "professionnalisme" du banni, a immédiatement sommé un diplomate togolais en poste sur les bords de Seine de quitter l'Hexagone.
Tout, à commencer par l'article paru récemment dans une feuille du cru, Les Temps Nouveaux, indique que l'entourage du président Faure Gnassingbé tolère mal les échanges fréquents et cordiaux qu'entretient Eric Bosc -chargé du suivi de la sphère politique- avec Kofi Yamgnane, candidat à l'élection du 28 février 2010. Il est vrai qu'un attachement commun à la Bretagne rapproche les deux hommes. Bosc, qui pourrait quitter le Togo à la mi-décembre, a des racines bretonnes. Yamgnane, secrétaire d'Etat à l'Intégration sous François Mitterrand, fut en outre député du Finistère et maire de Saint-Coulitz. On lui doit notamment cette boutade, couronnée en 1992 par le Prix de l'Humour politique: "Je suis un Breton d'après la marée noire."
La sanction s'apparente à une mise en garde envers l'ancienne puissance coloniale
A l'évidence, la sanction, qui a surpris tout le monde, notamment l'intéressé lui-même et son ambassadeur, s'apparente à une mise en garde envers l'ancienne puissance coloniale, suspectée d'avoir pris fait et cause pour celui que l'on, surnomme au palais de la Marina "le candidat franco-togolais." Commentaire d'un témoin privilégié du marigot local: "Kofi Yamgnane est un peu un ovni dont l'irruption sur l'avant-scène agace et inquiète en haut-lieu. D'autant qu'il parle beaucoup, et sur un mode incisif. Au fond, il est de bonne guerre de chercher à le disqualifier en le faisant passer pour le poulain de Paris. Sans doute le régime a-t-il voulu, comme on dit ici, tuer plusieurs oiseaux avec une seule pierre."
Un homme, réputé influent auprès de Faure, a joué un rôle crucial dans l'épisode en cours: le ministre d'Etat Pascal Bodjona, en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, qu'une animosité profonde et réciproque oppose au revenant Yamgnane.
Divers indices attestent la nervosité croissante du président sortant à l'approche de l'échéance électorale. Pour preuve, l'âpre débat engagé sur le mode de scrutin. Faure Gnassingbé, qui peine toujours à asseoir son autorité au sein de son propre clan familial, souhaite s'en tenir au système majoritaire uninominal à un seul tour. Tandis que ses rivaux, tel Gilchrist Olympio (Union des forces du changement), exigent sous peine de boycott l'adoption de l'élection à deux tours.
Nul doute que, sans un tel contexte, le fils et successeur du défunt Gnassingbé Eyadéma aurait pu faire l'économie d'une mini-crise artificielle.
Une décision soudaine, maladroite et contre-productive. L'expulsion d'Eric Bosc, premier secrétaire de l'ambassade de France à Lomé, témoigne avant tout de la fébrilité du pouvoir togolais à moins de trois mois d'un scrutin présidentiel incertain.
Cette mesure, qui revêt un certain caractère de gravité dans l'échelle des peines diplomatiques, a été signifiée sans préavis le 4 décembre par une lettre signée du ministre des Affaires étrangères, Kofi Esaw, et adressée à l'ambassadeur Dominique Renaux. Le prétexte invoqué aux dépens de Bosc est des plus classiques : "Activités incompatibles avec son statut." Au nom de la règle de réciprocité, le Quai d'Orsay, qui salue le "professionnalisme" du banni, a immédiatement sommé un diplomate togolais en poste sur les bords de Seine de quitter l'Hexagone.
Tout, à commencer par l'article paru récemment dans une feuille du cru, Les Temps Nouveaux, indique que l'entourage du président Faure Gnassingbé tolère mal les échanges fréquents et cordiaux qu'entretient Eric Bosc -chargé du suivi de la sphère politique- avec Kofi Yamgnane, candidat à l'élection du 28 février 2010. Il est vrai qu'un attachement commun à la Bretagne rapproche les deux hommes. Bosc, qui pourrait quitter le Togo à la mi-décembre, a des racines bretonnes. Yamgnane, secrétaire d'Etat à l'Intégration sous François Mitterrand, fut en outre député du Finistère et maire de Saint-Coulitz. On lui doit notamment cette boutade, couronnée en 1992 par le Prix de l'Humour politique: "Je suis un Breton d'après la marée noire."
La sanction s'apparente à une mise en garde envers l'ancienne puissance coloniale
A l'évidence, la sanction, qui a surpris tout le monde, notamment l'intéressé lui-même et son ambassadeur, s'apparente à une mise en garde envers l'ancienne puissance coloniale, suspectée d'avoir pris fait et cause pour celui que l'on, surnomme au palais de la Marina "le candidat franco-togolais." Commentaire d'un témoin privilégié du marigot local: "Kofi Yamgnane est un peu un ovni dont l'irruption sur l'avant-scène agace et inquiète en haut-lieu. D'autant qu'il parle beaucoup, et sur un mode incisif. Au fond, il est de bonne guerre de chercher à le disqualifier en le faisant passer pour le poulain de Paris. Sans doute le régime a-t-il voulu, comme on dit ici, tuer plusieurs oiseaux avec une seule pierre."
Un homme, réputé influent auprès de Faure, a joué un rôle crucial dans l'épisode en cours: le ministre d'Etat Pascal Bodjona, en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, qu'une animosité profonde et réciproque oppose au revenant Yamgnane.
Divers indices attestent la nervosité croissante du président sortant à l'approche de l'échéance électorale. Pour preuve, l'âpre débat engagé sur le mode de scrutin. Faure Gnassingbé, qui peine toujours à asseoir son autorité au sein de son propre clan familial, souhaite s'en tenir au système majoritaire uninominal à un seul tour. Tandis que ses rivaux, tel Gilchrist Olympio (Union des forces du changement), exigent sous peine de boycott l'adoption de l'élection à deux tours.
Nul doute que, sans un tel contexte, le fils et successeur du défunt Gnassingbé Eyadéma aurait pu faire l'économie d'une mini-crise artificielle.