L’assurance que le chef de l’Etat affiche devant les nombreux débrayages montre bien qu’il reste serein devant le front social qui est en effervescence. Le mépris et la légèreté qui ont prévalu alors qu’il recevait les différents corps de métier illustrent aisément sa suffisance insultante, car n’ayant pas manifesté le moindre égard pour ces pères et mères de famille qui revendiquaient seulement une amélioration de leur condition de vie. Le dédain pour ceux qui avaient osé l’avaient même emmené à lâcher des paroles assez désobligeantes comme : « Je n’ajouterai même pas un franc sur les salaires. – Dès le lendemain, celui qui ne sera pas à son poste sera radié. » Un discours on ne peut plus martial qui rappelle étrangement le 3ème reich. Mais sur quoi compte M. Gbagbo pour narguer à ce point les citoyens qui lui avaient accordé leur suffrage. Le démocrate d’hier est aujourd’hui méconnaissable. Homme politique rompu aux pratiques « de boulanger », il s’accroche au pouvoir par la ruse, et a toujours un bouc émissaire pour « protéger » son image. Aujourd’hui, c’est la Cei qui est responsable de la « lenteur » du processus électoral. Et comme six fois de suite, les élections ont été reportées, il dit qu’il connait son peuple, et qu’un autre report ne changerait rien. Il n’y aura jamais de réaction. Ses affidés crient toujours sur les toits qu’il n’y a rien en face. Il se sent fort dans un environnement qu’il maîtrise. Et puis, l’armée n’est-elle pas à ses ordres ? Aussi, devant la fronde sociale, il ne panique pas. Sûr de lui, il prolonge des situations inconfortables qu’il pouvait pourtant décanter sans trop de dommage. Par exemple, la grève des médecins et agents de la santé. Les premiers contacts avec le chef de l’Etat furent houleux. Il est vrai, les médecins n’ont pas le droit de faire la grève, cela est clair, du point de vue déontologique. Au-delà de l’aspect technique, les grévistes auraient été affectés par la manière d’être repris et éconduits. Cela aurait décuplé leur courroux, et de ce fait, ont reconduit la grève. Le résultat est mille fois regrettable : Des malades, par faute de soins, ont péri. Finalement, c’est quelqu’un d’autre, Monseigneur Kutwa, qui a négocié et trouvé une solution au problème des médecins. Sous le règne du président Houphouet- Boigny, ce dernier avait le génie de désamorcer et d’anticiper des situations fâcheuses grâce à l’arme des forts : le dialogue. M. Gbagbo, est le « woudy ». C’est bien. Mais les ivoiriens, quand ils auront ras le bol de ce régime qui n’a pas tenu ses promesses, décideront. C’est pourquoi, ils appellent de tous leurs vœux la tenue effective des élections pour s’offrir le plaisir de bouter hors de course les refondateurs qui ont fait reculer la Côte-d’Ivoire d’au moins 15 ans d’essor.
Coulisses Publié le jeudi 24 décembre 2009 | Le Mandat