Venu fêter la Saint Sylvestre avec les populations d’Odienné, le Premier ministre va avoir des séances de travail avec ses hommes. Et il va annoncer des décisions importantes. En attendant, il s’est adressé hier aux chefs coutumiers et religieux. Guillaume Soro croit en Dieu, mais en a gros sur le cœur. Aux hommes de Dieu, il demande de prier pour que le processus de retour de la paix soit un succès total. Et à ceux qui l’accusent de trahison pour avoir signé l’Accord politique de Ouaga (APO), il donne des leçons. « Quand vous avez le sentiment de vous sacrifier et que quelqu’un mange tranquillement avec ses enfants vous dit : ces gens ont trahi, ça fait mal. Il y a aujourd’hui 14 candidats. C’est le fruit de notre combat. Je suis venu vous dire d’adopter l’Accord politique de Ouaga car c’est lui qui a permis tous ces résultats. D’autres auraient voulu qu’on ne fasse pas le dialogue direct. Il ont peut être raison, mais que se serait-il passé ? Aujourd’hui, tout le monde fait campagne partout. Ca, ce sont nos résultats mais j’attends que les premières cartes nationales d’identité soient distribuées pour répondre à tous ceux qui nous ont accusé d’être des traîtres. Les gens jouent aux courageux quand la guerre est finie », a déclaré le Premier ministre hier, au cours d’une rencontre au domicile du chef de canton d’Odienné, le patriarche El Hadj Saoba Gaoussou Touré. Venu à Odienné pour, selon lui, discuter avec toutes les instances des Forces nouvelles des voies et moyens à mettre en œuvre pour passer à la phase d’application des tous les termes de l’APO et réaliser le regroupement des combattants dans les quatre villes sélectionnées, Guillaume Soro est arrivé la veille en pleine nuit. Il a débuté ses activités par une visite à la cathédrale pour inviter les Chrétiens à prier afin que les pronostics qui soutiennent que les ivoiriens sont incapables d’organiser des élections paisibles, soient démentis. Ensuite, il s’est rendu chez le chef de canton. « Ce n’est pas facile », a répété à plusieurs reprises, le Premier ministre devant les sages et les Imams, sans jamais citer nommément qui que ce soit. Selon lui, « c’est dure de diriger une rébellion pendant 7 ans. Diriger une rébellion et faire en sorte que l’union et la cohésion y demeurent, ce n’est pas facile. Diriger une rébellion où il n’y a pas de règle, où chacun peut faire ce qu’il veut, ce n’est vraiment as facile. C’est très dur », a-t-il situé avant de déclarer que c’est le président Blaise Comparé du Burkina Faso qui lui a fait appel pour lui demander de négocier avec le président Gbagbo. Avant de répondre, il a réuni les forces nouvelles à trois reprises pour que chacun puisse dire ce qu’il en pense. Il est également allé à Abidjan pour rencontrer Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Mabri et Anaky. Tous lui ont dit qu’il a leur confiance et qu’il peut aller à cette négociation. C’est le lendemain 4 mars 2007, qu’il a signé l’APO. « Voilà ce que j’ai fait. Mais cela n’a pas empêché des gens de dire : Soro a trahi. J’ai gardé le silence et je me suis dit : les résultats parleraient pour nous. Moi, je suis allé signer mon accord à Ouaga. Si quelqu’un n’est pas d’accord et qu’il veut sa propre guerre, qu’il aille la faire. Mais j’ai trahi qui ? », s’est-il insurgé. Selon son programme, le Premier ministre a une rencontre ce matin avec le commandement militaire des forces nouvelles, puis une autre rencontre avec le cabinet du secrétaire général et l’ensemble de délégués des forces nouvelles. Ces deux rencontres constituent la clef du séjour de Guillaume Soro à Odienné. Selon un membre du cabinet, ces réunions ne devraient pas être longues car les décisions ont été prises et il devrait seulement s’agir de les annoncer aux uns et aux autres. Afin que les forces nouvelles jouent pleinement leur partition dans le processus de sortie de crise.
Paul D. Tayoro
envoyé spécial
Paul D. Tayoro
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