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Sport Publié le lundi 4 janvier 2010 | Nord-Sud

Can 2010 : Quand la politique a gâché la Can

Dans la droite ligne qui nous mène à la Coupe d'Afrique des nations de football, il ne sera pas question de la légende du ballon rond et de ses artistes, mais d'évènements majeurs de l'histoire des hommes et des dirigeants du continent Africain qui ont rythmés la Can de leurs soubresauts. La compétition continentale majeure les a donc mis en relief et en a propagé les échos, au moment où les médias étaient quasi inexistants.


1957 : Le racisme sud africain dévoilé

Quelques temps avant l'organisation de la première Can à Khartoum au Soudan en Février 1957, le régime raciste de Pretoria manifeste sa volonté de participer à la première Can avec « les fondateurs » Egypte, Soudan et Ethiopie. Les dirigeants de ces trois pays déjà indépendants (l'Ethiopie n'ayant jamais été colonisée) se réunissent et décident d'exiger du régime « blanc » d'Afrique du Sud d'envoyer une équipe multiraciale au Soudan. Sacrilège ! s'écriera le gouvernement Voster, le prédécesseur de Pieter Botha. Ce sera une sélection noir ou blanche, bien dans le respect de la doctrine locale ! Face à la fermeté de l'esprit Africain naissant, l'Afrique du Sud décide de ne pas participer à cette première Can. Grâce au football, la nature du régime raciste de Pretoria en Afrique du Sud éclate au grand jour.

1962 : L'Ethiopie transcendée par le Négus
En 1962, l'Empereur Haïlé Sélassié 1 est au sommet de sa gloire …pour ne pas dire sa dictature. Figure de proue des non-alignés, il œuvre à l'indépendance du continent africain et à son unification l'organisation de l'unité Africaine (OUA) est fondée à son instigation et son siège établit à Addis Abéba. Quelques années plus tôt, l'Empereur avait fait entrer l'Éthiopie à l'ONU dès sa fondation. Dans le stade Hailé Sélassié et devant le Négus, les joueurs Ethiopiens aidés certes par la rareté de l'oxygène à 2500 m d'altitude, n'avaient pas le choix ! Ils se démenèrent comme de beaux diables jusqu'à remporter le trophée. Le Négus avait mis les grands moyens pour mettre dans les meilleures conditions Menguistou et ses coéquipiers. L'excellent entraîneur de la grande équipe de Yougoslavie, Milosevic, a été enrolé. Sûrement le fruit de l'amitié avec Tito !

1968 :«Papa maréchal» Mobutu arrive
En 1966, les Black Stars du Ghana perdent leur supporter numéro un, le président Kwamé Nkrumah. Ils avaient survolé la compétition en 1963 et 1965 et la remportèrent deux fois consécutivement. Un chef d'état-major fraîchement arrivé au pouvoir dans son pays à la suite d'un coup d'état militaire veut ressembler au leader ghanéen. Voulant utiliser le football pour la propagande de son régime, Mobutu Sese Seko Kuku Mgbendu Waza Banga c.a.d « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l'arrêter », décide de mettre de grands moyens à l'actif de ses Léopards afin qu'ils jouent les premiers rôles sur le continent. Des joueurs évoluant en Belgique sont ainsi rappelés au pays pour renforcer les clubs locaux et l'équipe nationale. Cette prise au sérieux va payer. Les Léopards de « papa Maréchal » battent le Ghana en finale et inscrivent pour la première fois le nom de leur pays au palmarès de la Coupe d'Afrique des nations. Kalala, Kidumu, Kazadi et Kibonge remplacent, du coup, dans la légende les Ghanéens Ibrahim Sunday, Malik Jabir, Osei Kofi, M'fum.

1974 : La guerre du « Kippour » laisse des traces
L'Egypte, en 1973, a fait la guerre contre Israël. C'était la guerre dite du « Kippour » car déclenchée durant un jour férié par l'effet de surprise. Lorsque le coup d'envoi de la Can est donné, le 1er mars au Caire, l'Égypte est encore marquée par cette guerre d'octobre 1973. Le cœur des Égyptiens n'est vraiment pas à la fête d'autant que dix jours plus tôt, la tribune du stade du club Zamalek s'est effondrée et a fait une cinquantaine de morts. Cela sera visible par les gradins désert des stades Mahalla et Port Said … Dur pour le groupe des Ivoiriens emmené par son nouveau capitaine débarqué du Sacra national, Kobinan Kouman ! Même la finale jouée en deux éditions Zaïre-Zambie se disputera avec moins de 300 entrées payantes.


1980 : le Suruléré fait peur
Le Nigéria, géant et populaire, fait peur. Très peur même. Dans le pays règne une grosse tension depuis 1975 où les coups d'Etat se succèdent. Aperçu : En 1975, un coup d'État a amené Murtala Mohammed au pouvoir. Il promettait un retour rapide à la démocratie mais a été tué dans un coup d'État avorté. Il a finalement été remplacé par son second Olusegun Obasanjo. Une nouvelle Constitution fut établie en 1977 et les premières élections arrivèrent en 1979, gagnées par Shehu Shagari. C'était le règne de la dictature du Conseil militaire suprême. Les footballeurs Ghanéens dont la rivalité avec les Nigérians est vieille comme le monde, se dépêcheront de quitter la compétition dés le premier tour pour fuir l'hostilité violente manifestée envers eux. Ce climat de chauvinisme et de tension était exacerbé par le pouvoir et relayé par la presse qui affirmait haut et fort qu'il était impossible pour le Nigéria- géant de l'Afrique- de ne pas rafler la mise chez lui. Tout était donc mis en œuvre non seulement pour « effrayer » mais aussi pour « pénaliser » avec une organisation qui laissait à désirer. Le héros de la finale remportée au Suruléré devant 80.000 personnes, face à une Algérie médusé (3-0), était Olusegun Odegbami, auteur de deux buts. Il n'avait auparavant piqué aucun ballon devant l'héroïque latéral Ivoirien Emile Gnahoré Dépié.

Nasser El Fadel
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