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Sport Publié le mardi 23 février 2010 | L’expression

Football - Interview/ N’dri Koffi Romaric (International ivoirien) : "Nous n’avons pas d’équipe"

Sa mise à l’écart de la sélection avant la Can 2010, en Angola, a fait des vagues. Et fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour la première après l’expédition angolaise, Romaric Koffi N’dri rompt le silence. L’international milieu du FC Séville (D1 Espagne) fait le tout d’horizon des questions liées à l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Exclusif !

Ecarté de la sélection la veille de la publication de la liste des « 23 » comment avez-vous vécu la Coupe d’Afrique des nations à partir de vous en Espagne ?

J’avoue que j’ai difficilement vécu mon absence à la Can. J’ai eu très mal d’être loin et de voir mes camarades vivre ce qu’ils ont vécu. J’ai pris un gros coup. Beaucoup de personnes m’ont réclamé. Ma présence aurait-elle changé quelque chose ? Je ne sais pas. J’ai pleuré depuis chez moi. Quand je sais que je pouvais apporter quelque chose au groupe. J’ai fait table rase sur cet épisode et l’ai même positivée. J’essaye, à présent, de travailler pour les compétitions à venir. Mais on espère que pour ces joutes, le coach fera appel aux joueurs les plus en forme du moment qui jouent effectivement dans leurs clubs respectifs. Et qui méritent leur place. Ce temps loin de la sélection a été un mal pour un bien. Ça m’a permis de bien me remettre dans mon club et avoir suffisamment de temps de jeu. Je n’ai pas créé de polémique par respect pour mes coéquipiers, pour respecter aussi la décision du coach. A quoi cela servirait-il ? Le seul endroit d’expression indiquée d’un footballeur, c’est la pelouse. Quand tu fais un bon aujourd’hui, demain tu dois redoubler d’efforts pour en faire mieux. Le footballeur est en perpétuel recommencement.

Si vous devriez donner une explication à cet échec des Eléphants…

Certes, j’ai eu des échos, mais permettez que je ne réponde pas à cette question parce que je n’y étais pas. Mais cet échec est bien pour nous. Il va nous servir pour l’avenir. Si le changement souhaité intervient, ça va permettre à tout le monde de se réveiller. On nous donne toujours favoris avant les compétitions, mais favoris par rapport à quoi ? Favoris des éliminations ? On n’assume jamais notre statut de favori. C’est regrettable. Il faut qu’on change dans le sens positif.

En voulez-vous à Vahid pour avoir écarté au dernier moment ?

Non, je ne lui en veux pas. Je respecte plutôt ses choix, qu’ils soient justifiés ou injustifiés. Je n’ai rien contre lui. Ce sont les lois du football, on fait avec.

On vous colle l’étiquette de joueur inconscient qui en fait à sa tête parce qu’il sait qu’il a du talent…

Vous n’êtes pas le premier à le dire. Mais je pense que les gens se trompent. Ils ne mettent pas les mots à leurs places. J’ai plutôt un caractère qui dérange. Qu’on me dise ça, je comprends. Mais que les gens sachent que c’est ce caractère qui fait ma personnalité. Je préfère crever au lieu qu’on me marche dessus. Partout où je suis passé, que ce soit à l’Asec, Beveren, le Mans et aujourd’hui Séville, j’ai toujours été comme ça. Si j’étais inconscient je n’allais pas réussir dans ces clubs.

Il semblerait qu’un problème de femme vous opposerait à l’entraîneur. Nous vous posons cette question pour que vous éclairiez la lanterne des sportifs…

Ecoutez, il faut que les Ivoiriens s’habituent plus à parler foot que de faits divers. J’ai aussi entendu parler de cette affaire. Il paraît même qu’il y a eu un problème de ce genre entre le président et moi. C’est absurde ! Ça n’a jamais existé ! Qu’on arrête ces choses. Qu’on évoque des débats sur le terrain, c’est plus important. On n’a pas besoin de ça.

Le débat sur l’encadrement technique des Eléphants est d’actualité. Pour vous, faut-il changer d’entraîneur en ce moment ?

Il ne faut pas changer d’entraîneur pour le plaisir de le faire. Ce n’est nécessaire. Si on veut le changement, il faut un qui s’inscrive dans la durée. Et non quelqu’un qui viendra juste pour le Mondial, ce n’est pas digne de la Côte d’Ivoire. Nous passons plus de temps dans nos clubs qu’en sélection. On ne peut donc pas se permettre de changer à tout moment. Avec Vahid, on a beaucoup appris. Il était bon jusqu’à la Can. L’idéal serait qu’il reste à quelques mois du Mondial.

Jean Marc Guillou, votre père spirituel, a postulé pour entraîner les Eléphants. Qu’en pensez-vous ?

Que ce soit Jean Marc ou Vahid, il faut quelqu’un qui puisse nous apporter un plus. L’encadrement technique est-il aujourd’hui notre vrai problème ? Il faut se poser les bonnes questions et y trouver les bonnes réponses. Il ne faut pas indexer Pierre ou Paul. Chaque joueur doit se regarder dans la glace. Chacun doit faire son autocritique. Et se demander si j’ai fait, bien fait ce que je devais faire pour mon pays.

Apparemment vous ne blâmez pas l’arrivée de Guillou…

Je ne dirai pas non. Il a l’avantage de nous connaitre mieux. Forcément, on aura plus de choses avec lui, pourquoi pas. Notre génération ne doit pas rester comme ça. Il faut qu’elle gagne quelque chose. Et c’est nous-mêmes qui devons œuvrer à cela.

Un groupe d’académiciens serait opposé à la trop grande influence de Didier Drogba sur la sélection. Le mercure serait monté davantage après la lettre d’excuse de Drogba à la nation ?

C’est n’importe quoi. Je ne me sens pas concerné par ces histoires. Didier apporte beaucoup à la sélection, comme chacun d’entre nous. Moi je n’ai pas de problème avec Didier. Si des joueurs ne veulent pas se mélanger aux autres, qu’ils aillent jouer au Tennis. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas réussit sa Can qu’on va lui jeter la pierre de cette façon ! Même aux plus grands joueurs, ça arrive. C’est une leçon pour nous tous, c’est la preuve qu’il faut être prêt à tout moment et à toute épreuve. Si Didier a fait une lettre d’excuse à la nation, le geste est bon en soi. Mais s’il l’a fait sans informer les autres, même pas le vice capitaine, là je ne suis pas d’accord avec lui. Il aurait dû informer tout le monde. Parce qu’il s’agit d’un groupe, même si c’est lui le capitaine.

Pour cela, Kolo Touré, serait sur le point de faire une autre lettre à la nation au nom des autres avons-nous appris…

C’est n’importe quoi et ce n’est pas nécessaire. C’est l’image qu’on a montré à la Can en Angola. C’est la preuve qu’on n’a pas d’équipe. Une vraie équipe nationale. Si nous-mêmes ne sommes pas capables de former une famille unie, ce n’est pas la peine. Ce que le peuple ivoirien demande à ce jour, ce sont des résultats et non des lettres.

Que faut-il faire pour réaliser une bonne Coupe du monde ?

Arrêter de parler des faits divers en sélection, ça prend du temps pour rien et c’est fatiguant. Il faut l’union sacrée autour de l’équipe et ne parler que football dans le bon sens du terme. Si on veut qu’il y ait changement, ça doit commencer par nous les joueurs, on doit se montrer unis. Parce que quand ça tourne au vinaigre, c’est contre nous que le peuple se retourne. Du président de la FIF au plus petit agent de la sélection, tout le monde doit parler le même langage du foot. Depuis longtemps, on fait les mêmes choses, on ne gagne pas. Pourquoi on demeure dedans ?

Interview réalisée au téléphone par Tibet Kipré
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