Dès qu’on parle du cinquantenaire des pays francophones africains, je pense immédiatement à deux pays. Ils sont riches et ils sont pauvres. Qu’on t-ils faits pour mériter ce sort ? Aujourd’hui, on apprend que lors de leur guerre de libération, les gens de Haïti ont fait un pacte avec le diable afin de gagner les troupes coloniales. Comme c’est le cas avec le diable, les descendants doivent payer les fautes de leurs parents. Dieu merci, on ne dit plus que nous sommes victimes de la malédiction des fils de Cham, raison avancée pour expliquer le retard de ce pays et des Etats Afrique. On commence maintenant à nous parler de diable. On ne tardera pas à connaitre le nom de tous les diables qui ont fait un pacte avec chaque pays africain. Cette histoire de diable peut exister. On a vu dans l’évangile la tentation du Christ par Satan, le patron des diables. En plus, un gardien de voiture, aujourd’hui décédé, m’affirmait avec forte conviction que faire le poulet noir rend riche et qu’on meurt après brûlé. Comme lui n’avait aucun avenir dans la vie, il était prêt à signer ce fameux pacte avec le poulet noir afin qu’il passe au moins cinq ans à jouer au grand. Il voulait rouler en Pajero, sortir les belles filles, dormir dans les grands hôtels, voyager dans de nombreux pays. Et s’il avait vécu comme les grands riches il était prêt pour mourir, après quelques années, comme l’exigeait le pacte. Les deux pays dont je veux parler, j’en suis convaincu, n’ont pas commis de pacte avec le diable. Leur faute provient de leur « bouche », de leur parole. Ils ont mal parlé et ils paient, aujourd’hui encore, cette faute de ton. Le premier c’est le Congo belge qu’on appelle aujourd’hui la République démocratique du Congo, après avoir été le Zaïre. Quand le roi Baudoin « offrait » l’indépendance au Congolais, il leur conseilla de rester avec le pays colonisateur dans une nouvelle coopération. Patrice Lumumba, non prévu dans les discours, se leva, furieux, pour réagir contre les propos du jeune souverain belge. Pour lui, les colons n’avaient rien fait pour son pays et prétendre dire qu’ils ont construit des hôpitaux, des écoles, est une provocation. Et pire, le nouvel état ne va pas coopérer avec la Belgique. Fatalitas ! Ce pays continue de payer l’outrecuidance de Lumumba. On ne trouvera pas dans le monde plus de 10 pays aussi riche que le Congo Kinshasa. Cette richesse est pillée par une mafia qui ne dit pas son nom. La guerre est devenue leur seconde religion. Le mal africain se trouve dans ce pays. L’Union Africaine doit organiser une réunion spéciale d’un mois pour lancer un plan marshal pour ce pays. Demander pardon pour les propos de Lumumba et faire des jeûnes. Lumumba avait sous estimé la capacité de nuisance de l’impérialisme international. Le deuxième pays est tout juste à côté de nous. C’est la Guinée. C’est un pays qui est comme un mur qui s’effondre à chaque fois qu’il atteint un certain niveau. C’est un pays qui est, sans doute, le plus riche de l’Afrique de l’Ouest. Mais plus de cinquante après l’indépendance tout est à faire et à refaire. Ils n’ont pas fait de pacte avec un quelconque diable. La Guinée continue d’être victime des propos de Sékou Touré devant le Général de Gaulle. « Nus préférons l’indépendance dans la pauvreté au lieu de l’opulence dans l’esclavage. » Il semble que le ton de Sékou Touré frisait la provocation tout comme Patrice Lumumba. La parole est créatrice. On devient ce qu’on pense et ce qu’on dit. Les dirigeants politiques de ce pays doivent trouver la solution pour éteindre les propos de leur premier président. Contrairement au leader congolais, le tribun guinéen savait la capacité de nuisance de l’impérialisme. La preuve, Charles de Gaulle qui avait promis le prendre dans son avion pour Dakar a refusé qu’il monte avec lui à cause de son discours au ton violent. Ces deux pays vont souffrir et continuent de souffrir malgré leur grande richesse. A l’époque, je les soutenais avant de savoir ce que signifie la diplomatie et de mieux comprendre la démarche de Félix Houphouët-Boigny. Pour terminer, je dois parler d’une autre faute qui n’a pas joué sur le pays. Il s’agit de Murtala Mohamed au Nigéria. Il a été l’un des rares à combattre la corruption de ce pays. Très supporté par le peuple, il se donnait beaucoup de liberté, méprisant la sécurité. Il conduisait lui-même sa voiture. Et c’est dans une station d’essence où il prenait son essence, avant de se rendre à la mosquée, que des inconnus l’ont arrosé de balles. Un peu aussi comme Thomas Sankara qui faisait du jogging en ville en tant que président de la République. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly