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Politique Publié le vendredi 9 avril 2010 | L’expression

Rencontres Mangou–femmes et jeunes du RHDP - Leçons d’une confrontation de vérités

© L’expression Par Prisca
Blocage du processus de paix: Les jeunes Houphouëtistes rencontrent le général Philippe Mangou, chef d`état-major des FDS
Les Jeunes du RHDP ont eu une rencontre d`échange le mercredi 07 avril 2010 avec les Forces de Défense et de Sécurité à l` Etat Major au Plateau. Photo: le général Philippe Mangou pose avec les leaders de la jeunesse houphouëtiste
L’Expression à la pointe de l’actualité tire les leçons des rencontres de vérités entre le Général Philippe Mangou et les femmes et jeunes du Rhdp, les mardi et mercredi à l’état-major. Décryptage.
Foire d’empoignes. Le mot paraît moins fort pour qualifier les rencontres entre le Général Philippe Mangou et les femmes et jeunes du Rhdp, mardi et mercredi derniers. Ces rencontres tenues à l’état-major auront montré le fossé et les antagonismes qui séparent l’opposition de la grande muette. Lors de ces rencontres, le Général Philippe Mangou a perdu son sang froid adoptant, pour justifier la criminalisation de notre armée, une position défensive et agressive face aux accusations de ses hôtes. Politisation, impunité, crimes contre les populations, les femmes et les jeunes ont mis durant ces deux jours le doigt là où ça fait mal.
« Les corps habillés déambulent à travers les rues, les quartiers de nos villes et communes, armés de kalachnikov. En réalité nous vivons dans un Etat de siège permanent », lui a lancé Henriette Dao Coulibaly. Piqué au vif par ses attaques qui ont mis en cause sa responsabilité personnelle dans la « barbarie » de ses troupes, le général Mangou s’est découvert, alignant sous les yeux des femmes et des jeunes, son pédigrée de serviteur de la République, d’Houphouët-Boigny à Laurent Gbagbo. Il a rappelé à ses hôtes les misères qu’il a subies, martelant qu’à chaque époque ses hommes, ses serviteurs, ses guides et ses peuples. Visiblement, Mangou a troqué le treillis pour le costume cravate. Pour servir Laurent Gbagbo.
On ne peut pas isoler ces deux rencontres du contexte de conflit permanent que vit la Côte d’Ivoire. Ces échanges musclés interviennent dans une période crise de pouvoir (crise à la Cei, dissolution et formation du gouvernement, relance du processus électoral) pendant laquelle des rumeurs avaient circulé sur la loyauté et la fidélité du Général « 3 étoiles » au chef de l’Etat. Dans ces interventions, il soutient bec et ongles Laurent Gbagbo, tirant à bout portant sur tous ceux qui ne pensent pas comme le grand chef. A la limite, c’est un zèle qui fait sourire puisqu’il contribue à renforcer sa position dans un système qui n’a de logique que par rapport au clan. Si Mangou a gagné ses galons et ses étoiles par ses faits d’armes, cependant il ne fait pas partie du « clan » militaire dont certains prennent directement leurs ordres au palais. Même la campagne médiatique orchestrée par la télévision au lendemain des rumeurs sur sa mise en résidence surveillée, pour le remettre en scelle, n’a pu faire oublier ce qu’a vécu le Général Mathias Doué au soir de sa carrière de chef d’état-major.
Autoriser la presse à rendre compte des ces échanges houleux avec les jeunes et les femmes, montre à tout le moins que Mangou veut donner des gages à Laurent Gbagbo qui ne serait pas mécontent d’avoir le général Kassaraté ou le commandant Guai Bi Poin comme Cema. Et dans ce marigot où Mangou « l’Ebrié » a su nager, les luttes d’influence et les peaux de banane ne manquent pas. Pour lui, c’est avant tout un message au camp présidentiel, de la « com » pour dire à Gbagbo qu’il a encore les clés de l’armurerie et qu’il est prêt à défendre son pouvoir au prix de sa vie. Haro les putschistes ! Vive Zorro !
Les envolées du patron de l’armée prouvent donc que la Grande muette est une armée au service d’un homme et d’un pouvoir. Le Général Philippe Mangou saupoudre cette vérité en parlant de « défendre et de protéger les institutions de la République au prix de sa vie » « comme il l’a fait hier pour Bédié » et comme il le « ferait pour Alassane Ouattara ». Derrière ce miroir aux alouettes, il y a ce « peuple belliqueux » dont il parle, cette opposition qu’il méprise. Et pourtant, elle a aussi droit à la paix et à la sécurité offerte aux femmes et jeunes du camp présidentiel. Ce peuple dont il parle a lui aussi besoin qu’on protège ses libertés individuelles et collectives : le droit à la vie, le droit d’association, le droit de faire des marches et des sit-in ; le droit de dire non ; le droit à l’insurrection…
Ce qui est en cause, ce ne sont pas ces états de service. Ce qui est en cause ce sont les nombreuses violations des droits de l’Homme, l’indiscipline de certains de ses éléments, la rupture de la chaine de commandement au niveau de l’armée, les tueries de masse lors des manifestations.
Dans un Etat de droit, même le plus grand criminel, en prison, a des droits. Les juristes parlent du Jus Cogens, le « droit impératif » qui fait qu’en dépit des restrictions imposées à un citoyen, il existe un ensemble de normes de droit international qui doivent être respectées en toutes circonstances.
Si le peuple belliqueux a des « devoirs », l’armée a également des obligations envers ce peuple et non seulement envers celui qui incarne la République.
« Si vous avez un peuple discipliné, travailleur uni, vous aurez une armée silencieuse, disciplinée », conseillait-il aux femmes.
Pour Mangou donc, il n’y a pas qu’un peuple mais des peuples. Ce qui éclaire davantage sa position, ses attaques contre Djédjé Mady et Anaky Kobena, tous deux membres du Rhdp.
Le Cema évite dans ses diatribes la responsabilité des élites politiques, notamment des forces du camp présidentiel qui fait partie intégrante de ce peuple en dépit de sa volonté d’y distinguer des couleurs.
Sa justice « sélective » bute sur l’incapacité de ses hommes à offrir le même traitement à une même population dans laquelle il indexerait les « gentils » et les « mauvais ».
Mangou doit lire ces rencontres comme un cri du cœur du peuple. Un appel à un traitement plus équitable des composantes de ce peuple. Pourquoi les femmes de Bro Grébé et les « jeunes patriotes » de Blé Goudé seraient-ils supérieurs (ou traités mieux que) aux femmes et jeunes du Rjdp ?
Cette rencontre dévoile aussi que le pays se prépare à vivre des heures sombres. Dans ce cas de figure, il est vain de vouloir compter sur une armée qui a déjà tourné le dos à une partie de son peuple et à des valeurs qui garantissent son caractère républicain. A chacun son parapluie !


Assoumane Bamba
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