Si les luttes ont porté dans les syndicats, c’est bien grâce à la grève, une arme que la loi a donné au syndicaliste. Mais, l’usage qu’en font certaines organisations est très souvent décrié. Une partie de l’opinion est encore hantée par la grève sans service minimum observée les agents de santé début septembre 2007. Il est aussi reproché aux enseignants de ne plus se soucier de l’avenir des élèves pendant leurs arrêts de travail. L’on rappelle, à souhait, les exemples de certains pays, comme le Japon où les travailleurs font la grève, sans pour autant arrêter le boulot, mais en nouant simplement des bandeaux autour de la tête. « C’est parce que les méthodes douces ne produisent jamais d’effet positif en Côte d’Ivoire que utilisons l’arrêt de travail. Nous avons des interlocuteurs qui, tant qu’il n’y a pas de blocage sur le plan social, ne s’empressent pas pour trouver des solutions aux problèmes posés», se défend Mesmin Komoé, secrétaire général du Midd. Soro Mamadou du Synesci, se veut un peu philosophe sur la question. « Je préfère qu’on s’interroge sur les raisons des nombreuses grèves. Nous avons utilisé tous les leviers de dialogue social, le gouvernement s’est montré indifférent. Quand tu constates que la porte du dialogue social est fermée, tu as le droit de la fracturer pour avoir le dialogue. Ce n’est pas mauvais », explique-t-il. Dr Boka Atté, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé (Synacass-ci), lui, impute le caractère rude des grèves à la mauvaise foi des gouvernants: « C’est parce que le gouvernement dit des choses qu’il ne respecte pas. On accuse la crise mais, dans cette situation, nous voyons les gouvernants rouler carrosse, ils ne vivent pas comme si nous étions dans un pays en crise.»
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh