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Publié le lundi 14 juin 2010 |

Litterature - Ibrahim Sy Savané (Ecrivain): "Problème identitaire en Côte d’Ivoire: une pathologie ivoirienne"

Il y a déjà six ans qu’est sorti son livre ‘‘Au rythme lent de la vie’’, un roman. Le 28 è café littéraire du 10 mars 2010 à la ‘‘case des arts’’, à Cocody, a permis de rédecouvrir ce livre grave dans le ton et qui aborde des problèmes sociaux sous une belle prose. Le romancier n’a pas hésité à nous accorder une interview autour de ce roman.
La plupart des auteurs disent qu’ils écrivent pour panser des blessures intérieures. Est-ce votre cas ?

Je ne crois pas que j’aie des blessures qui m’aient amené à écrire. Il est tout à fait possible qu’il y ait eu effectivement des situations personnelles, des sensibilités personnelles qui m’ont poussé à l’écriture. Je parlerai aussi d’ailleurs d’une certaine tradition familiale qui fait que j’ai été très tôt habitué à l’écrit. Mais je ne crois pas que dans mon cas, cela soit une blessure. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que les blessures suffisent pour transformer des gens en écrivains. Donc quand vous dites ‘‘la plupart des auteurs’’, je vous laisse la responsabilité de tels propos; mais je ne suis pas convaincu qu’il suffit d’avoir été blessé pour devenir écrivain.

Qu’est-ce qui vous amène donc à écrire ?

Dans mon cas, c’est l’aboutissement d’une éducation, d’une façon d’être. L’environnement dans lequel j’ai vécu était plus que favorable à l’écrit. Je pense que cela a pu jouer. Et puis, trajectoire personnelle, des histoires de vie, tout cela a pu contribuer. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse répondre exactement à la question de savoir pourquoi on écrit. Je sais que de grands et vrais auteurs s’y sont essayés ; mais moi, je ne suis pas sûr que quelqu’un ait la réponse à cette question. C’est de l’ordre du mystérieux, c’est quasi métaphysique, l’acte qui nous pousse à écrire.

Nous devinons que vous avez des textes en souffrance ?

J’en ai pas mal. Des romans, des essais. Il y en a qui ont abouti, d’autres dont je ne suis pas satisfait. Je me suis interrogé de savoir si je devais publier pendant que je suis dans mes fonctions actuelles ou attendre le moment où je serai rendu à moi-même (sourires). Depuis fort longtemps, j’écris et d’ailleurs, je continue d’écrire.

Votre roman a pour fond socio-historique la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Sénégal des premières années de nos indépendances. Y a-t-il des raisons particulières à cela ?

Non, il n’y a pas de raison, j’allais dire, particulières. Cependant, j’ai été fasciné par cette période, ces quelques années avant les indépendances et le début des indépendances. Ce fut une période de bouillonnement aussi bien politique que culturel, une période d’aspiration à la modernité, à un moment où toutes les espérances étaient intactes. Nous étions véritablement à la veille de toutes sortes de bouleversements, et on croyait que toutes les promesses pouvaient être tenues. Je crois que c’est lié aussi au fait que c’était une période extrêmement riche, dense, que c’était l’éveil à la vie moderne. C’est pour cela aussi que cette période me fascine. Cela fait environ cinquante ans qu’il y a eu les indépendances. Je pense que beaucoup de choses qui se déroulent aujourd’hui prennent racine dans cette période. En tout cas, c’est une période qui me passionne et qu’on n’a pas fini d’explorer.

On ne s’amuse pas dans votre livre. Vos personnages sont tous graves et sérieux. Seriez-vous contre tout ce qui relève du ludique ?

Je ne suis pas d’accord quand vous dites qu’on ne s’amuse pas. Il y en a quand même qui s’amusent ; il y a dans ce roman pas mal de fêtes, il y a des rencontres, il y a des jeunes gens, et tout. Mais soyons clairs : est-ce que les agitations sont vraiment le summum de l’amusement ? Est-ce que les gens doivent s’amuser sur commande ? Est-ce que le fait qu’il y ait parfois des foules en délire, c’est le véritable amusement ? Est-ce qu’à l’intérieur même des foules, tout le monde s’amuse ? Et puis cette sacralisation de la fête, des loisirs, est-ce que c’est vraiment un horizon indispensable ? On peut se poser beaucoup de questions. J’ai souvent l’impression qu’il y a une sorte de culte de l’amusement qu’on essaie de promouvoir. Mais est-ce que la vie consiste seulement à s’amuser ? Est-ce que l’amusement comme vous dites, est synonyme de bonheur ? Il y a beaucoup de questions comme cela qu’on peut se poser. Mais pour en revenir au roman, il y a quand même des gens qui s’amusent. Tout ce qui se passe dans ces villages tranquilles du Fouta, tout ce qui se passe dans les villes suggérées, dans ces fêtes et même à l’intérieur des familles, cette sérénité, ces échanges, c’est quand même un aspect du bonheur.

Votre héroïne, Naé, que vous avez voulue pure, cède cependant trop facilement, du moins à notre avis, au premier venu.

D’abord je n’ai pas dit que je la voulais pure.

Elle est quand même sortie vierge d’un mariage qui a duré sept ans ?

Ce n’est pas dit. Nulle part dans le roman, on a parlé de sa virginité. On a laissé entendre en tout cas, qu’elle a été dans un mariage qui n’a peut-être pas été consommé, mais ce n’est pas affirmé de façon aussi certaine. Et puis je ne sais pas si la virginité est synonyme de pureté. Je ne considère pas non plus que celui à qui elle cède comme vous le dites, était le premier venu. Est-ce que ce n’est pas une lente maturation qui a fini par aboutir à ce qui s’est passé ? Je ne crois pas du tout que cela soit en tout cas l’intention du roman d’opposer des gens purs à des gens impurs. Il s’agit de l’histoire singulière d’une fillette qui a été mariée à l’âge de 13 ans, et qui s’est laissé docilement marier avec un ami de son père ; puis elle a recouvré la liberté parce que ce mari est mort. Elle rencontre ensuite quelqu’un de plus jeune qu’elle désire, et qui l’aime. Le reste, selon moi, participe de l’ordre naturel des choses.

Sans le dire de manière expresse, votre livre pose en filigrane la question des immigrés en Côte d’Ivoire et l’épineuse question identitaire. Quel est votre point de vue sur ces questions ?

Je ne crois pas que le livre parle des émigrés en Côte d’Ivoire. Le livr
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