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Art et Culture Publié le mercredi 30 juin 2010 | Nord-Sud

Dans l`intimité d`Augustin Kassi, artiste-peintre : Le secret d`un pinceau célèbre

Artiste-peintre ivoirien, Augustin Kassi, est l'un des meilleurs de sa génération. La particularité de sa peinture a séduit de nombreux observateurs. Chacune de ses œuvres est le fruit de plusieurs mois de réflexion, voire des années de travail minutieux. Nous l'avons côtoyé toute une journée.

Des femmes aux formes plantureuses, aux regards perçants, mélancoliques et nostalgiques. Harmonie des couleurs, précision dans le dessin des contours, couche affinée et raffinée de peinture. Augustin Kassi, artiste-peintre, aura prouvé au monde sa dextérité en matière de création de toile. Inspiré par le vécu quotidien, le créateur retranscrit cette réalité avec beaucoup de nostalgie. Ses œuvres font émerger des sensations singulières. Une sorte d'échange entre l'image et celui qui le contemple. Une complicité, une invite au voyage. Les couleurs chatoyantes rappellent les journées chaudes des pays tropicaux. Une réalité agrandie et grandie, à partir des conformations, mais aussi la chaleur des teintures. D'une forme svelte, le peintre s'exprime à travers un style de peinture dit naïf. Avec ses 1,65 m, il a le visage toujours contracté. Ce qui lui donne un air sévère, voire rigoureux. Rien ne semble le distraire. Cela est dû sûrement à l'idéal qu'il recherche. Un monde heureux. Où tout pourrait être opulence. Bonheur et joie. Où tous mangeront à leur faim. Ce qui, bien sûr, se refléterait sur les morphologies. Et qui se voit à travers les femmes qu'il peint. Même s'il reconnaît avoir un penchant pour les « grosses femmes ».
Pour mieux comprendre l'état d'esprit de création de l'artiste, cerner son environnement et comprendre la portée de ses messages, nous avons passé une journée avec lui, dans son antre de création, son univers.

Une journée bien chargée

Les circulations lentes des matinées du boulevard des Martyrs (ex-Latrille) n'ont pas encore débuté, ce mardi à 7h. Au niveau de la mosquée d'Aghien et avant le carrefour Las Palmas en provenance d'Angré, des fresques sur un mur attirent le regard. Des peintures y ont été réalisées. La bretelle qui rentre à droite dans le quartier, conduit directement à l'Organisation non-gouvernementale (Ong) Terre des hommes. Au bout de la ruelle et au bord de la route qui traverse le quartier, une statue présente trois personnes qui s'embrassent et qui saisissent ensemble une barre sur laquelle se trouve une ampoule. A droite du monument, un hangar a été bâti dans un jardin. Le bureau de l'Ong fait face à cet espace en plein air. Juste après, se trouve un atelier. A l'intérieur, plusieurs tableaux achevés sont accrochés au mur. D'autres qui ne le sont pas encore, placardent les parois du parapet. Cinq tables et plusieurs bancs donnent à la pièce
l'aspect d'une salle de classe. C'est l'atelier du créateur. Derrière cet espace, se trouve sa demeure.

Les fines gouttes de pluie matinale qui trempent le sol en ce début de journée, ont rendu lourd le réveil de la maison Kassi. A 7 h 30, l'artiste a le temps de prendre son bain et le petit-déjeuner. Une pratique rarissime. Car, le créateur n'a pas l'habitude de prendre un repas à cette heure. Cet acte, ce jour, présage d'une journée spéciale. L'agenda du créateur est chargé. L'actualité tourne autour de l'Atelier vacances 2010 qui débute dans moins de deux semaines. Initiateur de l'évènement, cette activité a permis la réhabilitation de plusieurs espaces abandonnés d'Abidjan, dont le mur sur le boulevard Latrille. Cette année encore, l'Ong recevra de nombreux stagiaires à son siège et sur plusieurs autres sites à travers la ville d'Abidjan et d'autres communes de l'intérieur du pays. Le formateur doit faire des courses à la mairie de Cocody et passer par le ministère de la Culture et de la Francophonie. Avant de sortir, il donne des instructions pour l'élaboration du document sur le projet éducatif qui constituera de fil conducteur aux ateliers. Au Plateau, dans les locaux du ministère d'Anzoumana Moutayé, le créateur pique une colère. Il est outré par l'attitude de certains agents qui mangent à même le sol de l'attiéké au poisson dans leur bureau. « C'est ça aussi l'Afrique », peste-t-il. Mais, une bonne nouvelle l'attend. Les fiches qu'il vient chercher ont été signées. A peine revenu au siège de l'Ong, à 12 h 42, que l'ex-sociétaire de l'Institut Charles Bieth d'Abengourou, se met au travail. Il faut confectionner des banderoles qui annoncent l'Atelier vacances 2010 et peindre des panneaux qui embelliront les sites choisis pour les travaux. Il assiste un jeune-homme au travail sous le hangar. C'est un élève de son centre de formation. Cet exercice permet à l'étudiant de mettre en pratique ce qu'il a appris tout le long de l'année. Une bonne gorgée de jus de gingembre donne au formateur du tonus. De quoi lui faire oublier le déjeuner. Car, il est déjà 14 h. Le maître oriente l'élève et lui donne des instructions.

Un bon sommeil pour s'inspirer

Bien que porté sur les réalisations de ce dernier, l'artiste se rappelle qu'il doit prendre un moment de repos. Condition sine qua none pour la confection d'une toile pendant la nuit. Il va se blottir dans sa chambre à coucher et demande qu'on ne le réveille pas. Debout à 19 h, le créateur se dirige dans son atelier. Il observe les toiles en cours de réalisation. Scrute certaines. Il semble embêté. Que va-t-il faire ? Un crayonnage ? Ou va-t-il passer une couche de peinture sur un tableau en cours de confection ? Lui-même n'en a aucune idée. Finalement, il ne fera rien. Il dit ne pas être assez inspiré. Selon l'artiste, il est devenu très difficile pour lui de peindre. Certains tableaux non encore achevés s'entassent dans l'atelier depuis près de deux ans. « Peut-être qu'un jour, à deux heures du matin, je me réveillerai et terminerai un tableau ou plusieurs en même temps », confie-t-il. En attendant, c'est l'atelier vacances qui le préoccupe.

Un jour, comme il l'a dit, il sentira la nostalgie des villes visitées lors de ses voyages. La chaleur des activités quotidiennes. Une force qui l'amènera à déverser ce qu'il a dans la tête. Des images qui existent sous forme de clichés, qu'il a simplement besoin de sentir pour extérioriser.

Sanou Amadou (Stagiaire)
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