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Afrique Publié le vendredi 2 juillet 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Mamadou Mouctar Diallo, ministre guinéen de l’élevage révèle: "ça va se jouer entre Alpha, Dalein et Sidya"

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Présidentielle en Guinée : La CEI en mission d`observation
Photo: bureaux de vote dans le quartier de Matoto à Conakry
Mamadou Mouctar Diallo actuel ministre de l’élevage est le président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD) de la Guinée. Connu pour ses prises de position contre l’intrusion de l’armée dans l’appareil politique de son pays, le plus jeune ministre de la transition en Guinée et président de parti politique, qui a de même combattu l’injustice et la corruption, est resté égal à lui-même. Dans cette interview exclusive à l’IA, Mamadou Mouctar Diallo fait une analyse de la situation sociopolitique de la Guinée, un pays qui sort petit à petit de la dictature militaire.

M. le ministre, le fait d’avoir accepté d’entrer dans le gouvernement de transition dirigé par les militaires ne va-t-il pas jouer sur la popularité dont vous jouissez auprès de la population ?
Nous sommes dans un contexte particulier et il faut analyser selon les enjeux et les défis du moment, qui sont fondamentalement orientés vers la réussite de la transition pour la tenue effective d’élections libres, transparentes et les reformes des Forces de défense et de sécurité. Ce sont les principales priorités du gouvernement de transition. Et donc pour notre parti, les NFD, il était beaucoup plus important de contribuer à la réussite de la transition par la réalisation de ces deux objectifs majeurs plutôt que de se mettre dans une dynamique ou dans un combat politique et partisan. C’est dans ce sens que notre parti, les NFD, estimant la nécessité d’être à l’intérieur du gouvernement pour mieux influencer le processus de transition et des élections en cours, m’a imposé l’entrée au gouvernement. Bien entendu, quand on est au sein d’un gouvernement on n’est pas un opposant, mais je continuerai à faire des critiques constructives et positives à l’intérieur du gouvernement pour influencer le processus conformément aux objectifs que nous nous sommes fixés. A savoir la tenue d’élections libres et transparentes et je crois que c’est ce qu’on a réussi aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement de critiquer pour critiquer. Quand il fallait critiquer à l’époque, nous l’avons fait, nous nous sommes mobilisés pour combattre le régime du CNDD qui était en place, pour réussir des élections libres et transparentes auxquelles les acteurs de la transition ne seront pas intéressés ou concernés. C’est ce que nous avons réussi et je pense que nous avons réussi notre objectif. Il est vrai que beaucoup de militants des NFD et de nombreux Guinéens avaient beaucoup misé sur moi pour une alternative dans le sens de ces élections et le fait que je n’ai pu être candidat a déçu beaucoup de gens, mais pour nous, il était plus important d’influencer la transition que d’avoir forcément des visées politiques et chercher le pouvoir pour le pouvoir. Pour qu’il y ait élection, il faut qu’il y ait stabilité et cela dépendait de la réussite de la transition. Pour ce qui est des militants, n’étant pas acteur dans le processus électoral, il n’y avait pas d’enjeux pour les NFD. Ceci a fait que les membres et sympathisants des NFD se sont plutôt orientés vers d’autres partis dans le cadre du vote à l’occasion de l’élection présidentielle. Je suis sûr que ces militants reviendront aux NFD après la présidentielle dans le cadre du renforcement de notre parti pour mieux le positionner aux élections législatives, communales et communautaires.

Quel regard portez-vous sur le paysage politique Guinéen ?
Il y a d’un côté les leaders classiques et traditionnels qui sont toujours présents et forts. Car, il y a aussi ceux qui viennent d’arriver, qui sont d’ailleurs aussi nombreux et pleins d’ambitions. L’échiquier politique Guinéen actuellement est hétérogène, il est diversement et variablement composé. C’est tant mieux, cela va davantage animer la vie politique Guinéenne. En plus du Pr Alpha Condé et de Sidya Touré, il y a un nouveau leader politique Cellou Dalein Diallo de l’UFDG qui s’est taillé une place. Je pense que le challenge se jouera entre ces trois principaux leaders politiques. Que ça soit dans le cadre d’un premier tour ou d’un second tour, tout porte à croire que c’est parmi eux que sortira le futur président la République de la Guinée. A Côté de ces leaders, il y a une nouvelle classe politique émergente, c’est le cas de notre parti politique. C’est tant mieux pour la politique Guinéenne et pour la démocratie Guinéenne.

Votre avis sur le déroulement du scrutin du dimanche 27 juin 2010…
A mon avis, globalement le scrutin s’est bien déroulé et je félicite la grandeur et le sens de responsabilité du peuple Guinéen qui a su être à la hauteur de l’enjeu et du défi qui se présentait. Dans l’ensemble, les élections se sont très bien déroulées, sans violences et dans un esprit ouvert. Chacun a voté pour son leader. Il y aura quelques imperfections. N’oubliez pas que même aux Etats-Unis il y a eu des imperfections dans le processus électoral. Si on a pu voter dans la quiétude, il faut mettre cela à l’actif des nombreux Guinéens qui se sont sacrifiés pour la démocratie. Notamment toutes les victimes de janvier et février 2007 et celles du 28 septembre 2009. Je prie pour le repos de leur âme et fasse Dieu que la Guinée soit un Etat normal au service du peuple guinéen.

Deux grands groupes d’électeurs se dégagent dans l’arène politique Guinéenne. D’un côté les malinké et de l’autre les peuhls. Ne craignez-vous pas M. le ministre un embrasement de la Guinée en cas de victoire d’un candidat appartenant à l’un de ces groupes ethniques ?
C’est vrai qu’il y a deux grands leaders politiques actuellement parmi tant d’autres et chacun de ces deux grands leaders émane d’une ethnie différente qui constitue l’une des majorités ethniques de ce pays. Malgré tout, je pense que le peuple guinéen va surprendre encore une fois. Je ne pense pas que, pour des résultats électoraux, il y aura embrasement, instabilité ou une guerre civile. Les Guinéens sauront être au-dessus de ces considérations pour voir au-delà des leaders politiques, l’intérêt de la Guinée. Il n’y a pas un Guinéen de plus ou un Guinéen de moins. Il n’y a que les Guinéens et l’ensemble des Guinéens constitue une famille ; nos compatriotes doivent le comprendre. Ils devront agir conséquemment pour préserver plus ce qui nous lie que ce qui nous divise.

M. le ministre, vous êtes dans un gouvernement dirigé par les militaires et par la même occasion vous réclamez leur départ du pouvoir…Il y a problème.
Le gouvernement d’union nationale n’est pas forcément dirigé par les militaires. Il est vrai qu’à la tête du gouvernement il y a le général Sékouba Konaté, mais n’oubliez pas qu’il y a un premier ministre fort qui d’ailleurs dirige le pays. Le général Sékouba Konaté a confié en réalité la gestion des affaires de l’Etat à son Premier ministre Jean-Marie Doré qui est un civil et un grand leader politique. C’est un gouvernement d’union nationale particulier qui est différent du contexte où c’est le CNDD qui dirigeait le pays. Je ne suis pas un membre du gouvernement du CNDD. Je suis membre du gouvernement d’union nationale où il y a toutes les forces vives, y compris bien entendu les militaires qui constituent l’une des forces vives de la Nation. Ce qui est plus important, c’est que nous sommes tous des Guinéens et aujourd’hui, toutes les forces vives concourent à œuvrer dans un élan de stabilité, de paix et de retour à l’ordre constitutionnel conformément à la volonté des Guinéens. Je suis parfaitement en harmonie avec mes convictions qui m’ont emmené à combattre le régime militaire. J’étais contre le régime militaire, je suis contre le régime militaire et je serai contre le régime militaire. Depuis le 23 décembre 2008, quand les militaires ont pris le pouvoir par infraction, j’étais l’un des rares leaders politiques à avoir dénoncé cet état de fait. Je suis toujours resté dans cette dynamique et je l’assume. Nous sommes pour le régime civil parce que les militaires ne sont pas faits pour l’exercice du pouvoir. Je continuerai dans ce sens. Il faut que dans l’Etat, chacun fasse ce qu’il doit faire pour que chacun soit à la place qu’il faut.

Dans l’exercice de vos fonctions, de façon succincte, quelles sont les actions que vous avez menées dans le secteur de l’élevage ?
Le ministère de l’élevage est un nouveau ministère, il fallait tout mettre en place tant humainement que matériellement. Quand je suis arrivé j’ai trouvé des cadres compétents. Malgré l’inexistence notoire des moyens, nous avons pu tirer notre épingle du jeu. Dans ce contexte de transition, le développement n’est pas la priorité, il faut plutôt œuvrer pour organiser des élections en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel. Néanmoins, nous avons constaté que le secteur de l’élevage en Guinée était relégué au second plan. Il y avait des acquis qui étaient compromis depuis longtemps avec l’existence de certaines fermes qui datent de l’époque coloniale mais qui avaient contribué au rayonnement de l’élevage en Guinée. Malheureusement tout cela a été dilapidé et vandalisé par les dirigeants à l’époque. Nous sommes arrivés et nous avons constaté la ruine et les problèmes majeurs dans le secteur de l’élevage. Nous sommes en train de réfléchir sur un plan d’urgence de 6 mois comprenant beaucoup d’actions et d’activités. Nous avons entrepris des actions d’élimination des chiens errants qui compromettaient dangereusement la santé de la population par la rage et toute autre maladie. Nous avons œuvré pour l’assainissement des abattoirs et boucheries qui étaient devenus des réservoirs de toutes sortes de microbes. Nous avons travaillé dans le cadre de projets pour non seulement contribuer au renforcement des capacités de tous les acteurs de la filière viande, mais aussi, nous avons envoyé certains à l’extérieur pour s’inspirer des exemples des pays qui ont fait des avancées dans le domaine de l’élevage. Nous avons fait des voyages d’études, nous nous sommes rendus sur le terrain pour cerner les problèmes et réfléchir sur des solutions que nous avons commencée à mettre en œuvre. Nous sommes en train d’œuvrer pour réaliser un abattoir moderne digne de ce nom avec sept boucheries au niveau de la commune de Conakry et des deux préfectures de la Guinée. Nous avons contribué à la formation et au positionnement des jeunes au niveau du ministère de l’élevage. Sans oublier que nous œuvrons aussi pour donner le bon exemple en matière de bonne gouvernance. A notre arrivée, j’ai sanctionné sévèrement le chef comptable qui avait détourné de l’argent. Ceci pour montrer qu’avec moi, on ne peut pas prospérer dans l’impunité. Globalement, je crois que les gens apprécient ce que nous faisons, même si nous ne sommes pas encore à l’heure du bilan. Encore une fois, je pense qu’on a contribué à dynamiser le secteur de l’élevage qui est un secteur porteur de croissance et qui doit contribuer à l’amélioration du PIB du développement de la Guinée. Nous avons fait notre part et ceux qui viendront après nous, vont continuer le travail pour le bonheur du peuple guinéen

Réalisée par Dosso Villard (Envoyé spécial à Conakry)
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