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Société Publié le mardi 6 juillet 2010 | Le Patriote

Interview / Pr Valy Sidibé (Directeur de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique) - “La recherche permet de lutter contre la pauvreté”

La Semaine de la Promotion de la Recherche scientifique et de l’innovation technologique (SEPRI), édition 2010, ouvre ses portes ce matin au Palais de la culture de Treichville, et ce jusqu’au 8 juillet prochain. A quelques heures de cet événement, le Pr Valy Sidibé, Directeur général de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, qui pilote l’organisation, explique, dans cet entretien, les objectifs que poursuit cette initiative.

Le Patriote : Quels sont les enjeux de cette 3ème SEPRI ?
Pr Valy Sidibé : La semaine doit d’abord permettre à l’ensemble de la population ivoirienne de découvrir ce que les chercheurs ivoiriens, aussi bien du public que du privé, ont trouvé. Ensuite, elle s’attellera à valoriser les résultats de la recherche et étudiera la possibilité d’industrialiser certains résultats qui sont proches des besoins de la population, afin de les industrialiser et de les mettre à la portée de toutes les populations.

LP : Quels seront concrètement les moments forts de cet événement ?
Pr V.S : La SEPRI se veut avant tout un cadre permanent de promotion, de diffusion des acquis de la recherche auprès des opérateurs économiques privés et du public ivoirien. Souvent, ils sont dans les tiroirs et cela est dommage. Un chercheur ivoirien, Siaka Touré, a inventé la gazinière solaire. Pour un pays comme la Côte d’Ivoire où il y a du soleil à revendre, c’est une invention importante qu’il faut promouvoir. C’est à cela que la SEPRI va s’atteler, c'est-à-dire mettre en lumière les chercheurs ivoiriens qui trouvent et leurs créations. La semaine sera aussi l’occasion de mener des réflexions sur la possibilité à partir des résultats de la recherche de créer une entreprise. Nous allons aussi réfléchir comment on peut développer la cacao culture, l’élevage ou encore les cultures vivrières par exemple à travers la recherche. Cela permettrait de lutter contre la famine et la pauvreté. Cela dit, l’événement a pour thème général, « recherche et innovation technologique au service de l’entreprenariat ». Il donnera lieu à une exposition des fruits de la recherche et à une série de conférences prononcées par d’éminents intellectuels notamment les professeurs Bonfoh du Centre Suisse de recherche scientifique, Bohoussou Denis, directeur de l’OIPI(Office ivoirien de la propriété intellectuelle) et Dosso Mireille, directeur de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. Il faut déjà noter que la conférence inaugurale sera prononcée par M. Marcel Zadi Kessy Marcel, PCA du groupe CIE/Sodeci, qui expliquera comment la recherche peut se mettre au service de l’entreprenariat. L’un des moments attendus de cette 3ème SEPRI sera également la proclamation des résultats du Prix de la recherche scientifique, qui récompensera dans 7 domaines les meilleurs chercheurs ivoiriens.

LP : Combien les lauréats empocheront-ils ?
Pr V.S : Ce n’est pas grand-chose. On donnera à chaque lauréat, la modique somme de 5 millions de FCFA. Ce n’est évidemment rien pour un chercheur qui a investi une dizaine ou une vingtaine de millions dans ses recherches pour obtenir un résultat. Ce prix est juste une manière pour nous de les encourager et de les inciter à la recherche.

LP : Quel est justement aujourd’hui l’état de la recherche en Côte d’Ivoire ?
Pr V.S : L’état de la recherche est toujours vivant. Des chercheurs qui trouvent, il y en a beaucoup en Côte d’Ivoire, les chercheurs sont aussi nombreux dans l’enseignement supérieur comme dans l’enseignement supérieur technique. Nous avons aussi des chercheurs indépendants qui trouvent. Et l’objectif institutionnalisé par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, c’est de valoriser ces résultats là. La recherche se porte bien puisque que la Côte d’Ivoire vit les résultats de la recherche dans l’agriculture, on connaît par exemple les fruits de la recherche valorisée par le CNRA. L’hévéaculture, et beaucoup d’autres cultures ont été modernisées pour que la production soit élevée à l’hectare, par les fruits des chercheurs. Mais comme tout acte humain, il y a toujours des difficultés, je ne vais pas ignorer que la recherche a des difficultés de financement, surtout au niveau de l’Etat. Les responsables de nos nations à Lagos, avaient espéré que les Etats affectent 1% de leur PIB à la recherche.

LP : Combien cela représente t-il en termes de budget ?
Pr V.S : Il ne faut pas facturer cela en termes de budget. Il y a les fonds alloués à la recherche, les appuis à la recherche. Les structures ne sont pas homogènes. La recherche, ce n’est pas seulement la direction de la recherche ou encore le CNRA. Il y a aussi les universités publiques et même privées, les grandes écoles supérieures publiques du pays et les centres de recherche. Si toutes ces entités doivent avoir un appui, vous comprenez qu’on ne peut pas l’estimer. Mais ce qui est alloué réellement à la recherche, c’est à peu après une cinquantaine de millions qui viennent en appui à la recherche, une centaine de millions pour des projets de recherches. Evidemment, si vous financez des recherches, et que l’argent ne suit pas, vous êtes bloqué, ce qui fait qu’on ne peut pas donner un chiffre approximatif. Toutefois, dans chaque EPN (Etablissement public national), une partie du budget de fonctionnement est allouée la recherche. Mais ce n’est pas suffisant.

L.P : De combien avez-vous besoin alors ?
Pr V.S : Il faut d’abord que les Etats appliquent les 1%du PIB. Un pays comme l’Iran a développé d’abord la recherche avant les autres aspects de l’enseignement supérieur. Si vous voyez l’Iran discuter d’égale à égale avec les grandes nations développées, c’est parce que les chercheurs iraniens ont trouvé des résultats et ils sont très avancés dans leurs recherches. D’aucuns disent même que ce qu’on leur reproche, ils l’ont déjà, ça c’est le fruit de la recherche. En Côte d’Ivoire on avait trouvé de l’attiéké en sachet, mais y a-t-il eu une mise en valeur de ce produit au niveau industriel pour qu’il soit à la portée du citoyen lambda. Non. La preuve, cet attiéké n’existe plus. Il faut éviter cela. C’est pourquoi, il faut soutenir la recherche et promouvoir ses acquis. Et la SEPRI veut monter les compétences en recherche et susciter la demande.
Réalisée par Y. Sangaré

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