La position de privilégier, la sensibilisation dans la lutte contre l’excision n’est pas accueillie avec ferveur par tous. Au niveau de l’Organisation nationale de l’enfant, la femme et la famille (Onef), c’est l’indignation totale. « Nous nous élevons contre la proposition du député Masséni Bamba qui met en avant rien que la sensibilisation», récrimine Rachel Gogoua, présidente de l’organisation, rencontrée hier. Selon elle, l’excision est une « atteinte grave » pour que des élus du peuple militent pour simplement privilégier la sensibilisation. Une telle attitude s’élève, à l’entendre, contre la loi de 1998 qui condamne la pratique : « la sensibilisation et la sanction sont un ensemble d’actions qui produisent un effet commun. La loi est comme l’épée de Damoclès pour les adeptes de l’excision. La sanction freine leur élan et les amène à opter pour le changement. La sensibilisation explique d’un autre côté, les effets néfastes de la pratique. Sans la sanction, la sensibilisation n’est pas efficace ». Elle relève ne pas particulièrement être contre certaines coutumes. Mais pour la spécialiste, il ne faut pas non plus contribuer à la mort de son propre enfant en la conduisant chez une exciseuse. D’où la nécessité d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. L’indolence et la souplesse vis-à-vis de « criminels » sont aux yeux de Rachel Gogoua, une complicité passive. Elle dédramatise : « il y a des résistances parce que des parents ignorent les conditions de la pratique. Mais une fois qu’on leur explique, ils comprennent. Certains même tombent en syncope. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de résistance qu’on ne peut vaincre ». La présidente de l’Onef relève d’autre part que « la mise en veilleuse de la sanction fragilisera l’action des Ong. Quand nous affrontons les exciseuses, la sanction fait partie des arguments qui persuadent ». La loi du 18 décembre 1998 prévoit que toute atteinte à l’intégrité des organes génitaux d’une femme, par voie de mutilation totale ou partielle, excision, désensibilisation ou toute autre pratique, si elle s’avère sanitairement néfaste, est passible d’une peine d’emprisonnement d’ un à cinq ans, et d’une forte amende de 360 000 à deux millions de francs Cfa. La peine est portée de cinq à vingt ans d’emprisonnement si la victime meurt des suites de son opération.
Nesmon De Laure
Nesmon De Laure