Le président du RDR, candidat à la présidentielle du 31 octobre prochain a accordé une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Nous vous proposons de larges extraits de cet entretien.
Si vous étiez élu, quelle mesure prendriez-vous en premier?
ADO: Avant toute chose, je commencerais par m’adresser aux Ivoiriens pour les exhorter à la paix et au rassemblement. Puis je traduirais ce discours dans les actes en nommant un gouvernement d’union, rassemblant toutes les composantes politiques et la société civile, pour renforcer la cohésion. Dès le lendemain de l’élection, nous travaillerions à la mise en œuvre de l’intégralité de mon programme. Tout cela depuis Yamoussoukro, où je m’installerais après y avoir prêté serment. Car le transfert de la capitale est un projet qui me tient à cœur.
Ce gouvernement d’union inclurait toutes les formations politiques, sans exception?
ADO: Toutes les formations politiques significatives, en tout cas.
Y Compris le Front Populaire ivoirien de Laurent Gbagbo?
ADO : Evidemment.
(…) Pensez-vous que cette décennie n’a produit que des effets négatifs?
ADO: C’est une évidence. Il y a peut-être eu du positif pour quelques individus, mais certainement pas pour les Ivoiriens, qui ont beaucoup souffert de cette crise.
Le mandat présidentiel est de cinq ans. Cela vous semble-t-il suffisant?
ADO : La constitution prévoit un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Je ne vois pas de raison de remettre cela en cause, contrairement à d’autres disposions qui me semblent être sources de conflit...
Lesquelles
ADO : Toutes choses qui sont de nature à diviser les Ivoiriens. Il est grand temps, également, de donner plus de garanties aux minorités.
Cela signifie-t-il que vous envisagez de modifier la Constitution?
ADO: Tout à fait.
(…) Revenons à l’élection du 31 octobre. Quel type de campagne comptez-vous mener ?
ADO : Mon seul souci est de prendre en compte les préoccupations de mes compatriotes. Cela implique une campagne de proximité, être à l’écoute des populations pour pouvoir leur proposer des solutions concrètes. Je me suis déjà rendu dans dix-sept des dix-neuf régions du pays. Le reste, l’invective ou la comparaison avec les autres candidats, si c’est le sens de votre question, ne m’intéresse pas.
(…) Votre programme électoral est certes séduisant, très complet, précis, mais aussi, selon vos détracteurs, utopique et très coûteux : environ 12 000 milliards de FCFA (18,3 milliards d’euros). Comment comptez-vous financer ces mesures?
ADO : Mon programme est le fruit d’un long travail de terrain et de réflexion. Il est ambitieux mais n’a rien d’utopique compte tenu de mon expérience professionnelle. Je rappelle que la Banque mondiale a préconisé un montant identique pour la Côte d’Ivoire sur cinq ans, après l’élaboration de mon programme. L’amélioration des recettes de l’Etat, au niveau de l’impôt, de la douane, du secteur pétrolier ou des ressources minières, est un impératif facilement réalisable. L’investissement privé est un autre levier important, que l’on peut estimer à 2500 milliards de FCFA. Une plus grande maîtrise des dépenses publiques peut dégager des ressources importantes. Enfin, la coopération bilatérale et multilatérale ainsi que l’allègement de la dette constituent également des ressources loin d’être négligeables. La vraie difficulté n’est pas de trouver ces ressources, mais de les gérer pour qu’elles ne s’évaporent plus dans la nature comme par le passé.
Votre programme implique un fort interventionnisme de l’Etat et de lourds investissements publics. Le libéral que vous étiez se serait-il converti à la social-démocratie?
ADO: J’ai toujours prôné le libéralisme à visage humain. Et la crise financière internationale a rappelé à tout le monde, même aux ultralibéraux, qu’il n’était plus concevable de ne pas tenir compte du social.
Il existe deux filières stratégiques en Côte d’Ivoire : le pétrole et le café-cacao. Etes-vous pour leur privatisation ou pour leur nationalisation?
Ni l’un ni l’autre. Le caractère public des établissements de gestion a montré ses limites, mais nous ne pouvons pas tout laisser au privé. Je suis donc pour un partenariat. De même, je préconise un équilibre entre groupes multinationaux et groupes locaux.
Avez-vous confiance dans l’armée ivoirienne?
ADO: Oui. Mais notre armée a trop longtemps été laissée à l’abandon, dans des conditions de travail extrêmement pénibles. Le conflit que nous avons connu a en outre dégradé les relations entre soldats. Nous devons donc désormais faire en sorte que notre armée soit véritablement unifiée, que les militaires se fassent confiance et, surtout, que les Ivoiriens leur fassent confiance. Les forces de défense et de sécurité peuvent compter sur moi pour remplir tous ces objectifs.
Cette armée vous semble-t-elle représentative de la population?
ADO: Non, pas aujourd’hui, en raison des nombreux recrutements parallèles qui, vous le savez, ne reflètent pas la composition sociologique de la Côte d’Ivoire. Il faut se tourner vers l’avenir, faire en sorte que les militaires se sentent véritablement investis d’une mission, celle de protéger leurs concitoyens. Cela passe, entre autres, par l’amélioration de leur formation. Bref, par une vraie réforme.
(…) Comment jugez-vous la médiation de Blaise Compaoré?
ADO: Pas besoin de longs discours : sans lui, nous n’en serions pas là. Je ne peux que lui dire un grand merci.
Vous vous entretenez régulièrement avec le président français, Nicolas Sarkozy, dont vous être proche. A quand remonte votre dernière rencontre?
ADO: Nous nous sommes entretenus en août dernier. Nous nous parlons à chacun de mes passages en France. Nicolas Sarkozy est mon ami.
Que pense-t-il réellement de la situation de la Côte d’Ivoire?
ADO: Je ne souhaite pas parler à sa place. Posez-lui la question…
Selon vous, la relation entre la France et la Côte d’Ivoire doit-elle être redéfinie?
ADO: La France elle-même a exprimé le souhait de revoir ses relations avec le continent africain dans sa globalité. La Côte d’Ivoire ne fait évidemment pas exception. Je ne vois pas de problème majeur entre nos deux pays, dont les liens historiques sont très étroits.
En quelques mots, que diriez-vous à un électeur ivoirien hésitant pour le convaincre de voter pour vous ?
ADO : la situation du pays est catastrophique, les Ivoiriens souffrent, et la soif de changement est inextinguible. Je pense avoir les solutions aux problèmes que rencontrent chaque jour mes compatriotes, dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures… Ceux qui ont plus de 25 ans ou 30 ans se souviennent de ce que j’ai pu faire pour sortir le pays de la crise lorsque j’étais Premier ministre. Mes priorités seront l’emploi des jeunes et l’amélioration du cadre de vie de tous, je dis bien de tous les Ivoiriens, parce que je rêve d’une Côte d’Ivoire unie et prospère.
In Jeune Afrique No 2535 du 3 au 9 octobre 2010.
Si vous étiez élu, quelle mesure prendriez-vous en premier?
ADO: Avant toute chose, je commencerais par m’adresser aux Ivoiriens pour les exhorter à la paix et au rassemblement. Puis je traduirais ce discours dans les actes en nommant un gouvernement d’union, rassemblant toutes les composantes politiques et la société civile, pour renforcer la cohésion. Dès le lendemain de l’élection, nous travaillerions à la mise en œuvre de l’intégralité de mon programme. Tout cela depuis Yamoussoukro, où je m’installerais après y avoir prêté serment. Car le transfert de la capitale est un projet qui me tient à cœur.
Ce gouvernement d’union inclurait toutes les formations politiques, sans exception?
ADO: Toutes les formations politiques significatives, en tout cas.
Y Compris le Front Populaire ivoirien de Laurent Gbagbo?
ADO : Evidemment.
(…) Pensez-vous que cette décennie n’a produit que des effets négatifs?
ADO: C’est une évidence. Il y a peut-être eu du positif pour quelques individus, mais certainement pas pour les Ivoiriens, qui ont beaucoup souffert de cette crise.
Le mandat présidentiel est de cinq ans. Cela vous semble-t-il suffisant?
ADO : La constitution prévoit un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Je ne vois pas de raison de remettre cela en cause, contrairement à d’autres disposions qui me semblent être sources de conflit...
Lesquelles
ADO : Toutes choses qui sont de nature à diviser les Ivoiriens. Il est grand temps, également, de donner plus de garanties aux minorités.
Cela signifie-t-il que vous envisagez de modifier la Constitution?
ADO: Tout à fait.
(…) Revenons à l’élection du 31 octobre. Quel type de campagne comptez-vous mener ?
ADO : Mon seul souci est de prendre en compte les préoccupations de mes compatriotes. Cela implique une campagne de proximité, être à l’écoute des populations pour pouvoir leur proposer des solutions concrètes. Je me suis déjà rendu dans dix-sept des dix-neuf régions du pays. Le reste, l’invective ou la comparaison avec les autres candidats, si c’est le sens de votre question, ne m’intéresse pas.
(…) Votre programme électoral est certes séduisant, très complet, précis, mais aussi, selon vos détracteurs, utopique et très coûteux : environ 12 000 milliards de FCFA (18,3 milliards d’euros). Comment comptez-vous financer ces mesures?
ADO : Mon programme est le fruit d’un long travail de terrain et de réflexion. Il est ambitieux mais n’a rien d’utopique compte tenu de mon expérience professionnelle. Je rappelle que la Banque mondiale a préconisé un montant identique pour la Côte d’Ivoire sur cinq ans, après l’élaboration de mon programme. L’amélioration des recettes de l’Etat, au niveau de l’impôt, de la douane, du secteur pétrolier ou des ressources minières, est un impératif facilement réalisable. L’investissement privé est un autre levier important, que l’on peut estimer à 2500 milliards de FCFA. Une plus grande maîtrise des dépenses publiques peut dégager des ressources importantes. Enfin, la coopération bilatérale et multilatérale ainsi que l’allègement de la dette constituent également des ressources loin d’être négligeables. La vraie difficulté n’est pas de trouver ces ressources, mais de les gérer pour qu’elles ne s’évaporent plus dans la nature comme par le passé.
Votre programme implique un fort interventionnisme de l’Etat et de lourds investissements publics. Le libéral que vous étiez se serait-il converti à la social-démocratie?
ADO: J’ai toujours prôné le libéralisme à visage humain. Et la crise financière internationale a rappelé à tout le monde, même aux ultralibéraux, qu’il n’était plus concevable de ne pas tenir compte du social.
Il existe deux filières stratégiques en Côte d’Ivoire : le pétrole et le café-cacao. Etes-vous pour leur privatisation ou pour leur nationalisation?
Ni l’un ni l’autre. Le caractère public des établissements de gestion a montré ses limites, mais nous ne pouvons pas tout laisser au privé. Je suis donc pour un partenariat. De même, je préconise un équilibre entre groupes multinationaux et groupes locaux.
Avez-vous confiance dans l’armée ivoirienne?
ADO: Oui. Mais notre armée a trop longtemps été laissée à l’abandon, dans des conditions de travail extrêmement pénibles. Le conflit que nous avons connu a en outre dégradé les relations entre soldats. Nous devons donc désormais faire en sorte que notre armée soit véritablement unifiée, que les militaires se fassent confiance et, surtout, que les Ivoiriens leur fassent confiance. Les forces de défense et de sécurité peuvent compter sur moi pour remplir tous ces objectifs.
Cette armée vous semble-t-elle représentative de la population?
ADO: Non, pas aujourd’hui, en raison des nombreux recrutements parallèles qui, vous le savez, ne reflètent pas la composition sociologique de la Côte d’Ivoire. Il faut se tourner vers l’avenir, faire en sorte que les militaires se sentent véritablement investis d’une mission, celle de protéger leurs concitoyens. Cela passe, entre autres, par l’amélioration de leur formation. Bref, par une vraie réforme.
(…) Comment jugez-vous la médiation de Blaise Compaoré?
ADO: Pas besoin de longs discours : sans lui, nous n’en serions pas là. Je ne peux que lui dire un grand merci.
Vous vous entretenez régulièrement avec le président français, Nicolas Sarkozy, dont vous être proche. A quand remonte votre dernière rencontre?
ADO: Nous nous sommes entretenus en août dernier. Nous nous parlons à chacun de mes passages en France. Nicolas Sarkozy est mon ami.
Que pense-t-il réellement de la situation de la Côte d’Ivoire?
ADO: Je ne souhaite pas parler à sa place. Posez-lui la question…
Selon vous, la relation entre la France et la Côte d’Ivoire doit-elle être redéfinie?
ADO: La France elle-même a exprimé le souhait de revoir ses relations avec le continent africain dans sa globalité. La Côte d’Ivoire ne fait évidemment pas exception. Je ne vois pas de problème majeur entre nos deux pays, dont les liens historiques sont très étroits.
En quelques mots, que diriez-vous à un électeur ivoirien hésitant pour le convaincre de voter pour vous ?
ADO : la situation du pays est catastrophique, les Ivoiriens souffrent, et la soif de changement est inextinguible. Je pense avoir les solutions aux problèmes que rencontrent chaque jour mes compatriotes, dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures… Ceux qui ont plus de 25 ans ou 30 ans se souviennent de ce que j’ai pu faire pour sortir le pays de la crise lorsque j’étais Premier ministre. Mes priorités seront l’emploi des jeunes et l’amélioration du cadre de vie de tous, je dis bien de tous les Ivoiriens, parce que je rêve d’une Côte d’Ivoire unie et prospère.
In Jeune Afrique No 2535 du 3 au 9 octobre 2010.