Stade municipal de Korhogo. Samedi 9 octobre 2010, il est exactement 18h12. Le nombreux public, qui a effectué le déplacement, retient son souffle. Pour certains, qui sont là depuis 8h du matin, c’est la fin d’une longue attente. Pour d’autres, c’est un rêve qui se réalise. Celui de voir et écouter un homme qui symbolise à lui seul la fin du calvaire du peuple ivoirien.
Alassane Ouattara s’avance vers le podium. Il monte, sous l’œil vigilant de sa garde rapprochée, l’une après l’autre, les huit marches de l’escalier qui conduit au pupitre. La foule scande «ADO Président», «ADO Président»! Debout comme un seul homme, ils lèvent les bras au ciel, comme pour dire qu’avec ce charismatique leader politique, ils se sentent enfin libres, libérés du joug des 10 années noires de règne frontiste. La pénombre s’abat peu à peu sur l’espace. Qu’importe. Ces milliers d’hommes et de femmes réunis là n’ont d’yeux que pour le «Bravetchè». Puis, les clameurs s’estompent. ADO, celui que tout Korhogo est venu écouter, s’apprête à s’adresser au peuple Senoufo. L’instant est solennel.
D’entrée, Alassane Ouattara salue la mobilisation qu’il juge exceptionnelle. «Etes-vous combien ? 60 000, 70 000 ? 100000?», demande-t-il, avant de noter que « Korhogo a battu tous les records». «C’est là qu’il faut dire qu’il n’y a rien en face. Il y a quelques jours (ndlr, le jeudi 7 octobre dernier lors du meeting de Laurent Gbagbo), il y avait quelques bâches ici», poursuit-il. Explosion de joie, la foule magnifie la « puissance » ADO. «Il y avait même plus de cars que de bâches», ironise le candidat du RDR à la prochaine présidentielle. «Hein hein, Gbagbo a chaud !», entonne le stade. Et Alassane Ouattara de renchérir: «c’est le moment du moment. A Kong, on a dit «Wa-ga-ti sera» (l’heure a sonné, en bambara)». Le mentor des Républicains indique qu’il n’est pas surpris par cette folle mobilisation car elle témoigne des liens séculaires qui lient Kong à Korhogo. Il révèle surtout que tout part de Korhogo. C’est grâce à cette ville et au vieux Péléforo Gbon Coulibaly que Félix Houphouët-Boigny est devenu député pour la première fois. « S’il plaît à Dieu, il n’y a plus d’obstacles. Le 1er novembre, je serai au Palais », professe-t-il. Sous un tonnerre d’applaudissements.
L’unique Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny rappelle qu’il a sillonné les 19 régions du pays où il a été bien accueilli. Un accueil qui montre, à ses yeux, l’impatience des Ivoiriens de changer de pouvoir. Ensuite, il confie qu’il veut devenir Président pour «sortir les Ivoiriens de la souffrance».
Aux policiers, gendarmes et militaires, il réitère son engagement à œuvrer pour une fraternité d’armes entre eux, singulièrement entre les ex-belligérants d’hier, à savoir les FDS (Forces de Défense et de sécurité) et les FN (Forces Nouvelles). Mieux, il se remémore que quand il était Premier ministre, beaucoup de gendarmes et militaires ont reçu leurs galons. Lui et son épouse ayant parrainé aussi bien à l’Ecole de gendarmerie d’Abidjan qu’à l’EFA (Ecole des Forces Armées) de Bouaké à des sorties de promotion. « Quand je suis venu (à la Primature), ils se plaignaient de n’avoir pas de tenue. Nous avons réglé cela. Les baux n’étaient pas payés, ils trainaient beaucoup d’arriérés. J’ai aussi réglé cela», se souvient-il, avant de rassurer les hommes en armes: «Vous serez bien avec Alassane Ouattara. Il n’y aura plus de manipulation ou de promotions ethniques. Je ferai des promotions en fonction de la compétence et de l’expérience des uns et des autres». Il ne manque pas de titiller le régime frontiste, qui selon lui, «n’a rien fait pour eux si ce n’est les conduire à la guerre».
Bien entendu, les souffrances des Ivoiriens n’échappent pas au patron du RDR. «La Côte d’Ivoire va mal. Il y a trop de problèmes. C’est la misère partout», regrette-t-il. Toutefois, rassure Alassane Ouattara: «j’ai des solutions pour vous. Avec moi, ça va changer».
Dans la foulée, il déroule un pan de son ambitieux plan d’urgence qui va mobiliser pour la région des Savanes, la rondelette somme de 661 milliards de FCFA, pendant cinq ans. Cet argent servira entre autres à la construction des écoles, de nouveaux centres de santé dans les villages distant de 5km, à la rénovation de ceux qui existent déjà, au bitumage de l’axe Korhogo-Sirasso ou encore du tronçon Korhogo-M’Bengué, à l’électrification et l’adduction des populations en eau potable… A cela s’ajoute la gratuité des frais d’accouchement. Mieux, le Dr Ouattara promet que Korhogo aura son Université l’an prochain. Une nouvelle accueillie par une salve d’applaudissements.
Sur le plan agricole, Alassane Ouattara envisage mettre en place une caisse pour la stabilisation des prix du coton et de l’anacarde. De même, il s’attèlera à créer des emplois pour les jeunes croulant sous le poids de la misère. «Tous les pays arrivent à résoudre le problème de l’emploi, sauf la Côte d’Ivoire parce qu’ils ne sont pas financiers», assène-t-il, tout en rassurant que son programme de gouvernement est bel et bien réaliste. «En 5 ans, nous allons changer la Côte d’Ivoire. Nous ferons en sorte qu’elle soit une terre de prospérité, que les femmes n’aient plus de soucis pour avoir des condiments afin de faire la sauce pour leurs maris», appuie-t-il.
Alassane Ouattara exhorte par ailleurs les populations à lui accorder massivement leurs suffrages le 31 octobre prochain. Mieux, il les invite à faire le choix «d’un homme qui travaille, expérimenté et qui a les solutions aux problèmes des Ivoiriens». «Il s’agit d’une élection présidentielle, et non d’une élection d’une ethnie, d’un parti politique, d’une religion. Il s’agit du choix d’un homme pour diriger l’ensemble des Ivoiriens», précise-t-il. Epris de paix, il insiste sur la nécessité de faire table rase des vicissitudes du passé. Lui, qui a subi les pires humiliations et beaucoup souffert de cette crise, a déjà pardonné. Pour Alassane Ouattara, les grandes nations se construisent quelquefois dans la douleur. C’est pourquoi, insiste-t-il, «chers parents, acceptez de pardonner. C’est comme cela que nous allons nous réconcilier et construire une grande nation. Je ferai en sorte que la paix soit permanente». On retiendra, enfin, de cette rencontre, la détermination de l’ex-gouverneur de la BCEAO de doter les chefs traditionnels d’un statut, lequel figurera dans la constitution. Korhogo attendait Alassane Ouattara. Il est venu. Korhogo sait maintenant ce qu’il y a à faire.
Y.Sangaré, envoyé spécial
Alassane Ouattara s’avance vers le podium. Il monte, sous l’œil vigilant de sa garde rapprochée, l’une après l’autre, les huit marches de l’escalier qui conduit au pupitre. La foule scande «ADO Président», «ADO Président»! Debout comme un seul homme, ils lèvent les bras au ciel, comme pour dire qu’avec ce charismatique leader politique, ils se sentent enfin libres, libérés du joug des 10 années noires de règne frontiste. La pénombre s’abat peu à peu sur l’espace. Qu’importe. Ces milliers d’hommes et de femmes réunis là n’ont d’yeux que pour le «Bravetchè». Puis, les clameurs s’estompent. ADO, celui que tout Korhogo est venu écouter, s’apprête à s’adresser au peuple Senoufo. L’instant est solennel.
D’entrée, Alassane Ouattara salue la mobilisation qu’il juge exceptionnelle. «Etes-vous combien ? 60 000, 70 000 ? 100000?», demande-t-il, avant de noter que « Korhogo a battu tous les records». «C’est là qu’il faut dire qu’il n’y a rien en face. Il y a quelques jours (ndlr, le jeudi 7 octobre dernier lors du meeting de Laurent Gbagbo), il y avait quelques bâches ici», poursuit-il. Explosion de joie, la foule magnifie la « puissance » ADO. «Il y avait même plus de cars que de bâches», ironise le candidat du RDR à la prochaine présidentielle. «Hein hein, Gbagbo a chaud !», entonne le stade. Et Alassane Ouattara de renchérir: «c’est le moment du moment. A Kong, on a dit «Wa-ga-ti sera» (l’heure a sonné, en bambara)». Le mentor des Républicains indique qu’il n’est pas surpris par cette folle mobilisation car elle témoigne des liens séculaires qui lient Kong à Korhogo. Il révèle surtout que tout part de Korhogo. C’est grâce à cette ville et au vieux Péléforo Gbon Coulibaly que Félix Houphouët-Boigny est devenu député pour la première fois. « S’il plaît à Dieu, il n’y a plus d’obstacles. Le 1er novembre, je serai au Palais », professe-t-il. Sous un tonnerre d’applaudissements.
L’unique Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny rappelle qu’il a sillonné les 19 régions du pays où il a été bien accueilli. Un accueil qui montre, à ses yeux, l’impatience des Ivoiriens de changer de pouvoir. Ensuite, il confie qu’il veut devenir Président pour «sortir les Ivoiriens de la souffrance».
Aux policiers, gendarmes et militaires, il réitère son engagement à œuvrer pour une fraternité d’armes entre eux, singulièrement entre les ex-belligérants d’hier, à savoir les FDS (Forces de Défense et de sécurité) et les FN (Forces Nouvelles). Mieux, il se remémore que quand il était Premier ministre, beaucoup de gendarmes et militaires ont reçu leurs galons. Lui et son épouse ayant parrainé aussi bien à l’Ecole de gendarmerie d’Abidjan qu’à l’EFA (Ecole des Forces Armées) de Bouaké à des sorties de promotion. « Quand je suis venu (à la Primature), ils se plaignaient de n’avoir pas de tenue. Nous avons réglé cela. Les baux n’étaient pas payés, ils trainaient beaucoup d’arriérés. J’ai aussi réglé cela», se souvient-il, avant de rassurer les hommes en armes: «Vous serez bien avec Alassane Ouattara. Il n’y aura plus de manipulation ou de promotions ethniques. Je ferai des promotions en fonction de la compétence et de l’expérience des uns et des autres». Il ne manque pas de titiller le régime frontiste, qui selon lui, «n’a rien fait pour eux si ce n’est les conduire à la guerre».
Bien entendu, les souffrances des Ivoiriens n’échappent pas au patron du RDR. «La Côte d’Ivoire va mal. Il y a trop de problèmes. C’est la misère partout», regrette-t-il. Toutefois, rassure Alassane Ouattara: «j’ai des solutions pour vous. Avec moi, ça va changer».
Dans la foulée, il déroule un pan de son ambitieux plan d’urgence qui va mobiliser pour la région des Savanes, la rondelette somme de 661 milliards de FCFA, pendant cinq ans. Cet argent servira entre autres à la construction des écoles, de nouveaux centres de santé dans les villages distant de 5km, à la rénovation de ceux qui existent déjà, au bitumage de l’axe Korhogo-Sirasso ou encore du tronçon Korhogo-M’Bengué, à l’électrification et l’adduction des populations en eau potable… A cela s’ajoute la gratuité des frais d’accouchement. Mieux, le Dr Ouattara promet que Korhogo aura son Université l’an prochain. Une nouvelle accueillie par une salve d’applaudissements.
Sur le plan agricole, Alassane Ouattara envisage mettre en place une caisse pour la stabilisation des prix du coton et de l’anacarde. De même, il s’attèlera à créer des emplois pour les jeunes croulant sous le poids de la misère. «Tous les pays arrivent à résoudre le problème de l’emploi, sauf la Côte d’Ivoire parce qu’ils ne sont pas financiers», assène-t-il, tout en rassurant que son programme de gouvernement est bel et bien réaliste. «En 5 ans, nous allons changer la Côte d’Ivoire. Nous ferons en sorte qu’elle soit une terre de prospérité, que les femmes n’aient plus de soucis pour avoir des condiments afin de faire la sauce pour leurs maris», appuie-t-il.
Alassane Ouattara exhorte par ailleurs les populations à lui accorder massivement leurs suffrages le 31 octobre prochain. Mieux, il les invite à faire le choix «d’un homme qui travaille, expérimenté et qui a les solutions aux problèmes des Ivoiriens». «Il s’agit d’une élection présidentielle, et non d’une élection d’une ethnie, d’un parti politique, d’une religion. Il s’agit du choix d’un homme pour diriger l’ensemble des Ivoiriens», précise-t-il. Epris de paix, il insiste sur la nécessité de faire table rase des vicissitudes du passé. Lui, qui a subi les pires humiliations et beaucoup souffert de cette crise, a déjà pardonné. Pour Alassane Ouattara, les grandes nations se construisent quelquefois dans la douleur. C’est pourquoi, insiste-t-il, «chers parents, acceptez de pardonner. C’est comme cela que nous allons nous réconcilier et construire une grande nation. Je ferai en sorte que la paix soit permanente». On retiendra, enfin, de cette rencontre, la détermination de l’ex-gouverneur de la BCEAO de doter les chefs traditionnels d’un statut, lequel figurera dans la constitution. Korhogo attendait Alassane Ouattara. Il est venu. Korhogo sait maintenant ce qu’il y a à faire.
Y.Sangaré, envoyé spécial