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Politique Publié le mardi 12 octobre 2010 | Le Patriote

Entretien/ Hamed Bakayoko, à propos du scrutin présidentiel: “Personne n’échappera à des élections démocratiques en Côte d’Ivoire”

© Le Patriote Par Emma
Télévision - Hamed Bakayoko, invité spécial de l`émission "Tempo Ramadan"
Samedi 11 septembre 2010. Abidjan. Maison de la télévision, à Cocody. L`animateur Marcellin Gonvohi reçoit le ministre Hamed Bakayoko et de nombreux artistes dans le cadre de l`émission Tempo Ramadan
Le directeur national de campagne (DNC) chargé de la Jeunesse du candidat Alassane Ouattara, était l’invité de la radio ONUCI, le samedi 09 octobre 2010. Hamed Bakayoko s’est prononcé au cours de cet échange, sur l’actualité du moment marqué par la future élection présidentielle.

Partagez-vous le satisfécit général du processus électoral, dressé par le Chef de l’Etat et son Premier ministre ?
Tout à fait. Je me réjouis aujourd’hui que nous soyons dans une normalisation de la situation en Côte d’Ivoire. Je suis heureux de constater que la tenue des élections se précise. On ne peut que souhaiter que rien ne vienne entraver cette bonne dynamique. Moi, je voudrais en tout cas saluer l’engagement et la témérité du Premier ministre. Je pense que c’est quelqu’un qui a fait la preuve de ce qu’il savait et où il allait. Et l’APO (Accord politique de Ouagadougou) était un grand défi. Les autres accords ont souvent péché par manque de volonté politique. Aujourd’hui, nous ne sommes pas très loin du but. Les élections sont à portée de main. Nous avons la capacité de relever le défi des élections apaisées dans cet environnement.
Le Président Laurent Gbagbo a également révélé que l’APO harmonise les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et ses voisins de la CEDEAO. Quel commentaire cela vous inspire ?
Je pense que c’est le minimum. Et c’était le vœu de la Côte d’Ivoire de tout temps. Notre pays brusquement s’est replié sur lui-même, en froid avec tout le monde. Dieu merci qu’aujourd’hui, le Président Gbagbo considère que ces accords permettent de renouer les relations de bon voisinage avec les uns et les autres, c’est une bonne chose. Aucun pays, surtout pas un pays comme la Côte d’Ivoire qui a un rôle moteur d’économie sous-régionale, ne peut vivre en dehors des relations cordiales avec les pays voisins. Je pense qu’aujourd’hui, le temps a fait son rôle et que les esprits se sont un tout petit peu apaisés et qu’on est tous en train de regarder dans la bonne direction.

Avez-vous des critiques à faire, par rapport à l’APO ?
Je n’ai pas de critique, surtout que c’est un accord qui est dynamique. Un accord qui a pris en compte les préoccupations réelles de toutes les parties.
Mais cet accord n’a pas très souvent respecté ses chronogrammes …
Honnêtement, tous les accords en Côte d’Ivoire ont été bons. Il a toujours manqué de la volonté politique. Aujourd’hui, quand il y a de la volonté politique, les choses avancent. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que tout le monde a compris qu’on ne peut plus se permettre d’aller au-delà du 31 octobre. C’est un risque trop grand pour les attentes des Ivoiriens. Et c’est cette volonté politique qui porte aujourd’hui. Elle n’était pas là et elle n’était pas là à dessein.

Le prix du kilogramme du cacao a été fixé 1100 FCFA. Quel commentaire faite vous de cette montée que certains qualifient de prix électoraliste ?
Nous pensons que l’environnement politique a toujours influé sur le marché. Mais ce que je peux d’abord dire, c’est de me réjouir, que les paysans aient un tel prix pour leur produit. Même si cela demeure un prix indicatif. Ça c’est la première chose. Pour paraphraser le Président Houphouët qui a dit « on nous a trop volés ». On a trop escroqué les paysans dans ce pays. On a trop profité de leur dur labeur et on a très peu donné à cette catégorie importante qui a été à toutes les époques, l’un des grands moteurs de notre croissance. Je pense qu’il faut globalement donner aux paysans le maximum qu’on peut, au moins 50%. Aujourd’hui, je voudrais simplement dire que ce ne soit pas un effet d’annonce, que ce ne soit pas à but électoraliste. Je m’étonne avec un léger brin de sourire que ce prix, le plus élevé pratiqué par le régime Laurent Gbagbo, en dix ans de pouvoir, se fasse à quelques jours des élections. Comme les paysans aussi, ont beaucoup de matière, ils savent apprécier, décoder les choses. Je souhaite que ce prix soit maintenu, que cela perdure et que ce ne soit pas, comme on le dit, du « blagué-tuer ». Qu’on préserve cette tendance. Que ce ne soit pas un effet de mode. Qu’on ne vienne pas après inventer des taxes dans la filière. Il ne faudrait pas que ce soit encore une façon d’escroquer la conscience des paysans.

Pour vous, qu’est ce qu’il faut faire pour que les prix qui sont fixés par le gouvernement, s’appliquent effectivement sur le terrain ?
C’est la question de la gouvernance. L’Etat qui est organisé autour du gouvernement prend des dispositions pour faire en sorte que les décisions soient appliquées dans tous les domaines. Il ne s’agissait pas d’annoncer des choses et de n’appeler aucun moyen pour la mise en œuvre, pour le suivi et pour l’évaluation. C’est de la responsabilité du gouvernement d’engager des actions pour ne pas que sur le terrain ce soit autre chose que ce qui est dit dans les radios et télévisions.

Au moment où le Premier ministre et le CNCA proposent une fermeture des radios et télévisions des zones centre, nord et ouest, Bamba Sinima, directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles ne parle par de fermeture mais affirme que ces chaînes s’interdiront des journaux, communiqués et spots à caractère politique. Peut-on parler d’un cas d’insubordination ?
Je n’ai pas compris qu’il s’opposait à la fermeture. En fait, tout ça est un processus de normalisation de la vie publique. Dans bien de domaines, la situation n’était pas au beau fixe. La situation de la télévision, sa caporalisation, sa prise en main par un clan. Tout ceci est en train d’être normalisé. Le problème c’est que notre pays à un grand déficit d’ouverture en matière de média. Cela n’est pas normal avec la place que nous avons dans l’économie de la sous-région. Au Ghana, au Mali, au Sénégal, on a plusieurs radios et télévisions privées. C’est dommage qu’ici, on veut forcément contrôler l’information. Ce qui se passe à la télévision aujourd’hui est dégoûtant. Quand vous voyez la réaction des Ivoiriens, vous dites, ils n’ont pas l’intelligence de comprendre que l’excès nuit. Donc, là aussi, il y a des efforts à faire pour que l’Ivoirien en général soit satisfait. Moi, j’encourage en tout cas, à aller vers la normalisation. Mais cela doit aller dans les deux sens. Et à chaque fois qu’il y a des situations qui ne sont pas de nature à prendre en compte les aspirations de tout le monde, il faut qu’il y ait des réponses.

Est-ce que ces médias interdits de présenter des journaux, de diffuser des communiqués et spots politiques, respecteront ces mesures, si l’équité et l’égalité ne sont pas garanties par les médias d’Etat ?
Je ne connais pas les détails des termes de référence. Mais ce que je dis, c’est qu’il faut normaliser. En plus, il faut ouvrir parce que l’attente est trop pour que ça soit une affaire seulement de la RTI. Je pense que si des mesures ont été arrêtées et qu’il y a un chronogramme qui est arrêté dans le cadre des accords pour aller aux élections dans la paix, il faut que ces mesures soient appliquées.

Etes-vous inquiet que le CCI ne soit pas opérationnel à une vingtaine de jours du premier tour de la présidentielle ?
Si, mais je pense que des solutions seront trouvées très rapidement. Et qu’il y aura de l’évolution. Je n’ai pas envie d’aller plus loin que ça. Toutefois, il faut rappeler que conformément à l’APO, c’est le CCI qui doit travailler sur toute la zone. C’est une situation équilibrée qui prend en compte les aspirations de tout le monde. En fait, tout ça, c’est très simple. Il y a une crise et pour en sortir, il faut qu’on aille dans un pacte synchronisé. Pour ne pas qu’on ait le sentiment que certains ont profité de la situation. Il faut arrêter d’avoir des arrières pensés, d’avoir de la malice. Plus rien ne sera comme avant en Côte d’Ivoire. Il faut que nous avancions. On ne peut pas échapper aux élections démocratiques, on ne peut pas échapper aux élections apaisées, on ne peut pas échapper à ce que le meilleur qui gagne, etc. On doit revenir à une nation normale. C’est comme ça dans tous les pays qui marchent, ce n’est pas autrement. Ce n’est pas nous qui annonçons ceux-ci, mais derrière, on a un plan caché pour voir comment on peut contourner la mesure. Il faut sortir de cet esprit tordu du politicien ivoirien. Il faut que les choses soient simples. On s’est assis, on a dit qu’il faut un CCI, où on met toutes les forces, pour que justement chacun y soit pour vérifier ce que chacun fait. Et que tous ceux que nous faisons soient équilibrés pour le bien de la population en général.

Est-ce qu’il ne faut pas aujourd’hui envisager une solution au cas où le CCI n’était pas opérationnel avant le premier tour des élections. Car il s’agit de redéployer près de 8 000 hommes en quelques jours sur l’ensemble du territoire ?
Moi, je demeure confiant. Je pense que les choses avancent. Les dernières nouvelles disent qu’il y a eu des rencontres et le Premier ministre est très confiant. Je ne vois pas aujourd’hui, qui prendrait le risque de reporter ces élections. Parce que l’attente des Ivoiriens est très grande. Les Ivoiriens attendent ce moment-là afin que la Côte d’Ivoire devienne un pays normal. Nous les partisans, nous nous battons pour la victoire d’un champion, mais les Ivoiriens dans leur grande majorité, veulent en sortir. Le système des Nations Unies avec l’ONUCI est en train de se déployer. Il y a donc une volonté générale de nous aider. On n’a pas à compliquer les choses. Et la situation se complique lorsque le politicien vicieux s’immisce dans les questions techniques comme celle de la sécurisation des élections. Il faut que chacun soit prêt à affronter le verdict souverain des Ivoiriens dans des élections apaisées. Et il ne faut pas chercher des petites astuces pour retarder le processus électoral.

Récemment, des miliciens ont protesté afin de se faire entendre et être pris en compte dans le processus électoral…
C’est un problème qu’il faut traiter. Et la primature est en train de réfléchir sur cette situation. Le cas des miliciens pose le problème de la transparence. Voici des gens qui ont été utilisés par des personnes qui ne les ont pas pris en compte. A la table de négociation, après la guerre, chaque partie a posé ses problèmes. Mais, il y a certains qui ont voulu garder des cartouches dans la poche. Ils n’ont pas sorti toutes les cartes afin qu’elles soient prises en compte pleinement dans le processus. Aujourd’hui, ces personnes manifestent. Il ne faut pas laisser traîner ce genre de situation. Car il s’agit des jeunes qui sont en arme. Il faut donc faire en sorte que ces ex-combattants soient pris en compte afin d’éviter que chaque deux ans, ils reviennent à la charge.

Ces jeunes peuvent être une hypothèque à la tenue des élections ?
La puissance de la route de la paix est tellement forte que personne ne peut l’arrêter. Quand je regarde les Ivoiriens, les gens n’en peuvent plus et veulent sortir de cette situation. C’est illusoire de penser qu’il y aura un blocage.

Mais pas à n’importe quel prix …
Pas du tout ! Il y a une situation où des jeunes considèrent qu’ils ne sont pas pris en compte. Il faut donc les insérer dans le processus. Personnellement, je suis confiant pour la tenue de ces élections. Je demande donc aux Ivoiriens de croire. Car cette élection est déjà arrivée. Il ne faut pas donner le sentiment aux Ivoiriens que des choses peuvent arrêter ces élections.

Est-ce que ces jeunes n’ont pas raison de revendiquer de la sorte surtout qu’au niveau des Forces nouvelles, les choses avancent très bien ?
Vous voyez qu’aujourd’hui, le camp présidentiel a une grande difficulté avec sa jeunesse. Parce que c’est une jeunesse qui a été utilisée, instrumentalisée, manipulée. Et après, on ne veut plus s’occuper d’elle.

Mais il y a des structures comme le PNRRC pour régler ces problèmes…
Mais, il faut qu’il y ait des gens qui soient responsables de ces jeunes. Et quand on n’assume pas cette responsabilité, cela conduit à des problèmes. Il ne faut pas penser qu’on peut utiliser des gens comme ça et les abandonner du jour au lendemain sans conséquence. Ce n’est plus possible. Parce que les gens sont libres. La preuve, ils grognent, ils revendiquent, ils manifestent. Le vrai problème, il y a une armée et à côté de l’armée, on a utilisé des jeunes qu’on n’a pas pris en compte à la table de négociation.

Comme il y a un problème d’insécurité, est ce qu’il n’est pas bon que le CCI se déploie très tôt même avant la campagne ?
Là, moi je suis d’accord. Le plutôt serait le mieux.

Pourquoi, on n’attend pas les partis politiques sur non seulement le retard dans la distribution des cartes d’identité et d’électeur mais aussi sur le volet de l’aspect sensibilisation ?
On ne peut pas crier à tout moment. Ça fait dix ans que les gens attendent les cartes d’identité, elles sont arrivées. Il y a certainement des petits problèmes d’organisation. Mais il faut faire preuve de patience. Il va arriver un moment même où il n’y aura personne dans les bureaux. Les cartes d’identité vont attendre les Ivoiriens. Je pense que cela est dû à l’impatience des Ivoiriens. Et aujourd’hui, avoir sa carte d’identité est devenu un évènement important en Côte d’Ivoire. Mais dans tous les pays, c’est banal. On est heureux que les cartes d’identité soient arrivées, mais en même temps, nous sommes tristes parce que ce n’est pas ça la grande Côte d’Ivoire. Ce n’est pas ça la grandeur d’un pays. C’est aussi l’occasion de demander aux agents distributeurs d’être courtois avec les personnes qui se présentent devant eux.

Est-ce que le retard dans la distribution des cartes peut, selon vous, influencer le chronogramme des élections ?
Je vous assure que le chronogramme, lui, il est verrouillé. Le problème est que beaucoup d’Ivoiriens ont tellement été déçus qu’ils se disent que c’est quoi le dernier « kata » qui nous attend. Cette foi-ci, il faut y croire. Les élections auront lieu le 31 octobre 2010 et la Côte d’Ivoire va tourner la page.
Propos retranscrit par R. D

Partagez-vous le satisfécit général du processus électoral, dressé par le Chef de l’Etat et son Premier ministre ?
Tout à fait. Je me réjouis aujourd’hui que nous soyons dans une normalisation de la situation en Côte d’Ivoire. Je suis heureux de constater que la tenue des élections se précise. On ne peut que souhaiter que rien ne vienne entraver cette bonne dynamique. Moi, je voudrais en tout cas saluer l’engagement et la témérité du Premier ministre. Je pense que c’est quelqu’un qui a fait la preuve de ce qu’il savait et où il allait. Et l’APO (Accord politique de Ouagadougou) était un grand défi. Les autres accords ont souvent péché par manque de volonté politique. Aujourd’hui, nous ne sommes pas très loin du but. Les élections sont à portée de main. Nous avons la capacité de relever le défi des élections apaisées dans cet environnement.
Le Président Laurent Gbagbo a également révélé que l’APO harmonise les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et ses voisins de la CEDEAO. Quel commentaire cela vous inspire ?
Je pense que c’est le minimum. Et c’était le vœu de la Côte d’Ivoire de tout temps. Notre pays brusquement s’est replié sur lui-même, en froid avec tout le monde. Dieu merci qu’aujourd’hui, le Président Gbagbo considère que ces accords permettent de renouer les relations de bon voisinage avec les uns et les autres, c’est une bonne chose. Aucun pays, surtout pas un pays comme la Côte d’Ivoire qui a un rôle moteur d’économie sous-régionale, ne peut vivre en dehors des relations cordiales avec les pays voisins. Je pense qu’aujourd’hui, le temps a fait son rôle et que les esprits se sont un tout petit peu apaisés et qu’on est tous en train de regarder dans la bonne direction.

Avez-vous des critiques à faire, par rapport à l’APO ?
Je n’ai pas de critique, surtout que c’est un accord qui est dynamique. Un accord qui a pris en compte les préoccupations réelles de toutes les parties.
Mais cet accord n’a pas très souvent respecté ses chronogrammes …
Honnêtement, tous les accords en Côte d’Ivoire ont été bons. Il a toujours manqué de la volonté politique. Aujourd’hui, quand il y a de la volonté politique, les choses avancent. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que tout le monde a compris qu’on ne peut plus se permettre d’aller au-delà du 31 octobre. C’est un risque trop grand pour les attentes des Ivoiriens. Et c’est cette volonté politique qui porte aujourd’hui. Elle n’était pas là et elle n’était pas là à dessein.

Le prix du kilogramme du cacao a été fixé 1100 FCFA. Quel commentaire faite vous de cette montée que certains qualifient de prix électoraliste ?
Nous pensons que l’environnement politique a toujours influé sur le marché. Mais ce que je peux d’abord dire, c’est de me réjouir, que les paysans aient un tel prix pour leur produit. Même si cela demeure un prix indicatif. Ça c’est la première chose. Pour paraphraser le Président Houphouët qui a dit « on nous a trop volés ». On a trop escroqué les paysans dans ce pays. On a trop profité de leur dur labeur et on a très peu donné à cette catégorie importante qui a été à toutes les époques, l’un des grands moteurs de notre croissance. Je pense qu’il faut globalement donner aux paysans le maximum qu’on peut, au moins 50%. Aujourd’hui, je voudrais simplement dire que ce ne soit pas un effet d’annonce, que ce ne soit pas à but électoraliste. Je m’étonne avec un léger brin de sourire que ce prix, le plus élevé pratiqué par le régime Laurent Gbagbo, en dix ans de pouvoir, se fasse à quelques jours des élections. Comme les paysans aussi, ont beaucoup de matière, ils savent apprécier, décoder les choses. Je souhaite que ce prix soit maintenu, que cela perdure et que ce ne soit pas, comme on le dit, du « blagué-tuer ». Qu’on préserve cette tendance. Que ce ne soit pas un effet de mode. Qu’on ne vienne pas après inventer des taxes dans la filière. Il ne faudrait pas que ce soit encore une façon d’escroquer la conscience des paysans.

Pour vous, qu’est ce qu’il faut faire pour que les prix qui sont fixés par le gouvernement, s’appliquent effectivement sur le terrain ?
C’est la question de la gouvernance. L’Etat qui est organisé autour du gouvernement prend des dispositions pour faire en sorte que les décisions soient appliquées dans tous les domaines. Il ne s’agissait pas d’annoncer des choses et de n’appeler aucun moyen pour la mise en œuvre, pour le suivi et pour l’évaluation. C’est de la responsabilité du gouvernement d’engager des actions pour ne pas que sur le terrain ce soit autre chose que ce qui est dit dans les radios et télévisions.

Au moment où le Premier ministre et le CNCA proposent une fermeture des radios et télévisions des zones centre, nord et ouest, Bamba Sinima, directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles ne parle par de fermeture mais affirme que ces chaînes s’interdiront des journaux, communiqués et spots à caractère politique. Peut-on parler d’un cas d’insubordination ?
Je n’ai pas compris qu’il s’opposait à la fermeture. En fait, tout ça est un processus de normalisation de la vie publique. Dans bien de domaines, la situation n’était pas au beau fixe. La situation de la télévision, sa caporalisation, sa prise en main par un clan. Tout ceci est en train d’être normalisé. Le problème c’est que notre pays à un grand déficit d’ouverture en matière de média. Cela n’est pas normal avec la place que nous avons dans l’économie de la sous-région. Au Ghana, au Mali, au Sénégal, on a plusieurs radios et télévisions privées. C’est dommage qu’ici, on veut forcément contrôler l’information. Ce qui se passe à la télévision aujourd’hui est dégoûtant. Quand vous voyez la réaction des Ivoiriens, vous dites, ils n’ont pas l’intelligence de comprendre que l’excès nuit. Donc, là aussi, il y a des efforts à faire pour que l’Ivoirien en général soit satisfait. Moi, j’encourage en tout cas, à aller vers la normalisation. Mais cela doit aller dans les deux sens. Et à chaque fois qu’il y a des situations qui ne sont pas de nature à prendre en compte les aspirations de tout le monde, il faut qu’il y ait des réponses.

Est-ce que ces médias interdits de présenter des journaux, de diffuser des communiqués et spots politiques, respecteront ces mesures, si l’équité et l’égalité ne sont pas garanties par les médias d’Etat ?
Je ne connais pas les détails des termes de référence. Mais ce que je dis, c’est qu’il faut normaliser. En plus, il faut ouvrir parce que l’attente est trop pour que ça soit une affaire seulement de la RTI. Je pense que si des mesures ont été arrêtées et qu’il y a un chronogramme qui est arrêté dans le cadre des accords pour aller aux élections dans la paix, il faut que ces mesures soient appliquées.

Etes-vous inquiet que le CCI ne soit pas opérationnel à une vingtaine de jours du premier tour de la présidentielle ?
Si, mais je pense que des solutions seront trouvées très rapidement. Et qu’il y aura de l’évolution. Je n’ai pas envie d’aller plus loin que ça. Toutefois, il faut rappeler que conformément à l’APO, c’est le CCI qui doit travailler sur toute la zone. C’est une situation équilibrée qui prend en compte les aspirations de tout le monde. En fait, tout ça, c’est très simple. Il y a une crise et pour en sortir, il faut qu’on aille dans un pacte synchronisé. Pour ne pas qu’on ait le sentiment que certains ont profité de la situation. Il faut arrêter d’avoir des arrières pensés, d’avoir de la malice. Plus rien ne sera comme avant en Côte d’Ivoire. Il faut que nous avancions. On ne peut pas échapper aux élections démocratiques, on ne peut pas échapper aux élections apaisées, on ne peut pas échapper à ce que le meilleur qui gagne, etc. On doit revenir à une nation normale. C’est comme ça dans tous les pays qui marchent, ce n’est pas autrement. Ce n’est pas nous qui annonçons ceux-ci, mais derrière, on a un plan caché pour voir comment on peut contourner la mesure. Il faut sortir de cet esprit tordu du politicien ivoirien. Il faut que les choses soient simples. On s’est assis, on a dit qu’il faut un CCI, où on met toutes les forces, pour que justement chacun y soit pour vérifier ce que chacun fait. Et que tous ceux que nous faisons soient équilibrés pour le bien de la population en général.

Est-ce qu’il ne faut pas aujourd’hui envisager une solution au cas où le CCI n’était pas opérationnel avant le premier tour des élections. Car il s’agit de redéployer près de 8 000 hommes en quelques jours sur l’ensemble du territoire ?
Moi, je demeure confiant. Je pense que les choses avancent. Les dernières nouvelles disent qu’il y a eu des rencontres et le Premier ministre est très confiant. Je ne vois pas aujourd’hui, qui prendrait le risque de reporter ces élections. Parce que l’attente des Ivoiriens est très grande. Les Ivoiriens attendent ce moment-là afin que la Côte d’Ivoire devienne un pays normal. Nous les partisans, nous nous battons pour la victoire d’un champion, mais les Ivoiriens dans leur grande majorité, veulent en sortir. Le système des Nations Unies avec l’ONUCI est en train de se déployer. Il y a donc une volonté générale de nous aider. On n’a pas à compliquer les choses. Et la situation se complique lorsque le politicien vicieux s’immisce dans les questions techniques comme celle de la sécurisation des élections. Il faut que chacun soit prêt à affronter le verdict souverain des Ivoiriens dans des élections apaisées. Et il ne faut pas chercher des petites astuces pour retarder le processus électoral.

Récemment, des miliciens ont protesté afin de se faire entendre et être pris en compte dans le processus électoral…
C’est un problème qu’il faut traiter. Et la primature est en train de réfléchir sur cette situation. Le cas des miliciens pose le problème de la transparence. Voici des gens qui ont été utilisés par des personnes qui ne les ont pas pris en compte. A la table de négociation, après la guerre, chaque partie a posé ses problèmes. Mais, il y a certains qui ont voulu garder des cartouches dans la poche. Ils n’ont pas sorti toutes les cartes afin qu’elles soient prises en compte pleinement dans le processus. Aujourd’hui, ces personnes manifestent. Il ne faut pas laisser traîner ce genre de situation. Car il s’agit des jeunes qui sont en arme. Il faut donc faire en sorte que ces ex-combattants soient pris en compte afin d’éviter que chaque deux ans, ils reviennent à la charge.

Ces jeunes peuvent être une hypothèque à la tenue des élections ?
La puissance de la route de la paix est tellement forte que personne ne peut l’arrêter. Quand je regarde les Ivoiriens, les gens n’en peuvent plus et veulent sortir de cette situation. C’est illusoire de penser qu’il y aura un blocage.

Mais pas à n’importe quel prix …
Pas du tout ! Il y a une situation où des jeunes considèrent qu’ils ne sont pas pris en compte. Il faut donc les insérer dans le processus. Personnellement, je suis confiant pour la tenue de ces élections. Je demande donc aux Ivoiriens de croire. Car cette élection est déjà arrivée. Il ne faut pas donner le sentiment aux Ivoiriens que des choses peuvent arrêter ces élections.

Est-ce que ces jeunes n’ont pas raison de revendiquer de la sorte surtout qu’au niveau des Forces nouvelles, les choses avancent très bien ?
Vous voyez qu’aujourd’hui, le camp présidentiel a une grande difficulté avec sa jeunesse. Parce que c’est une jeunesse qui a été utilisée, instrumentalisée, manipulée. Et après, on ne veut plus s’occuper d’elle.

Mais il y a des structures comme le PNRRC pour régler ces problèmes…
Mais, il faut qu’il y ait des gens qui soient responsables de ces jeunes. Et quand on n’assume pas cette responsabilité, cela conduit à des problèmes. Il ne faut pas penser qu’on peut utiliser des gens comme ça et les abandonner du jour au lendemain sans conséquence. Ce n’est plus possible. Parce que les gens sont libres. La preuve, ils grognent, ils revendiquent, ils manifestent. Le vrai problème, il y a une armée et à côté de l’armée, on a utilisé des jeunes qu’on n’a pas pris en compte à la table de négociation.

Comme il y a un problème d’insécurité, est ce qu’il n’est pas bon que le CCI se déploie très tôt même avant la campagne ?
Là, moi je suis d’accord. Le plutôt serait le mieux.

Pourquoi, on n’attend pas les partis politiques sur non seulement le retard dans la distribution des cartes d’identité et d’électeur mais aussi sur le volet de l’aspect sensibilisation ?
On ne peut pas crier à tout moment. Ça fait dix ans que les gens attendent les cartes d’identité, elles sont arrivées. Il y a certainement des petits problèmes d’organisation. Mais il faut faire preuve de patience. Il va arriver un moment même où il n’y aura personne dans les bureaux. Les cartes d’identité vont attendre les Ivoiriens. Je pense que cela est dû à l’impatience des Ivoiriens. Et aujourd’hui, avoir sa carte d’identité est devenu un évènement important en Côte d’Ivoire. Mais dans tous les pays, c’est banal. On est heureux que les cartes d’identité soient arrivées, mais en même temps, nous sommes tristes parce que ce n’est pas ça la grande Côte d’Ivoire. Ce n’est pas ça la grandeur d’un pays. C’est aussi l’occasion de demander aux agents distributeurs d’être courtois avec les personnes qui se présentent devant eux.

Est-ce que le retard dans la distribution des cartes peut, selon vous, influencer le chronogramme des élections ?
Je vous assure que le chronogramme, lui, il est verrouillé. Le problème est que beaucoup d’Ivoiriens ont tellement été déçus qu’ils se disent que c’est quoi le dernier « kata » qui nous attend. Cette foi-ci, il faut y croire. Les élections auront lieu le 31 octobre 2010 et la Côte d’Ivoire va tourner la page.
Propos retranscrit par R. D

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