Une vie au Félicia : Une rubrique de Nasser El Fadel - Silhouette

La silhouette des génies du Félicia est indélébile du théâtre vivant et perpétuel de nos mémoires. Dans chaque portion de gradins, il y avait celui qui répondait à l’incessante question posée par ses voisins, «c’est qui lui ?». A l’époque, nos équipes changeaient en permanence de style, d’équipement et même de couleurs. Les joueurs n’avaient pas un seul numéro pour toute la saison et encore moins de nom sur leurs dossards. Posséder une mini-radio avec écouteur relevait du vrai privilège d’être à la pointe de la technologie. Nous reconnaissions donc nos idoles par leur silhouette, elle-même déterminée par un tas « d’indices » naturels. Allons-y ! Il y avait « les élégants » à la tenue altière, qu’on reconnaissait par « la noblesse » de leur contrôle de balle et par leur tête toujours relevée : Kallet Bially, Ben Bawa Gaston, Gnon Richard, François Zahoui, Pascal Miezan, Liehoun Tata, Faustin Zohouri incarnent cette catégorie. Les plus faciles à reconnaître étaient « les poids lourds » : Séry Ange Pierre, Zabolou Adrien, Jeannot Rabet, Sakanogo Amadou ou Dadié Hyacinthe, pour la plupart des défenseurs. Toujours dans cette catégorie, chez les attaquants un Kouamé Noël, un Gbizié Léon, un Bamba Yacouba, un Maxime Traoré, un Dali Benoît ou un Grobri Michel facilitaient naturellement la tâche aux privilégiés du Félicia que nous étions. « Les petits », râblés et explosifs, faisaient bien sûr partis du décor : Irié Bi Gohi Tostao, Beugré Boly, Yohou Bley, Tétialy Sokora, Lago Francis, Ozigré César, Gomez Alexis, n’étaient pas difficile à reconnaitre dans le feu de l’action. Il y avait aussi les techniciens aux « jambes arquées », spécialistes du brossage de balle, les Beugré Inago, Evariste Dibo, Tiéhi Joël, Djédjé Maxime, Kassy Kouadio, Affly Dassé, Moumouni Fofana. Les Koné Ibrahim ou Bi Koué Athanase représentaient un style dégingandé ou « flottant ». Parfois nous reconnaissions les Yapo Yapo, Blé Téty, Moshé Inago, Kablan Sampon, Guidi Ignace, Touvoly Luc par leur jeu de bras restant suspendus en l’air, plusieurs secondes après le dégagement du ballon. Nous avions aussi droit au style « kamikaze » avec un certain Adjoukoua Gaston, au style « rugbymen » avec N’dédé Fulgence dit « Bwanga la vipère », au style « cercueil » avec Kuyo Téa Narcisse, au style « machette » avec Djibril Cissé ou Arsène Obou…Ah la silhouette de ces hommes !

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