La situation socio politique actuelle a détérioré les rapports entre collègues du même service. Un tel climat délétère n’est pas fait pour aider les entreprises déjà en difficultés.
On se regarde en chien de faïence
Depuis le 28 novembre, jour du scrutin du second tour, les relations entre collègues de service vont mal. L’ex-président, Laurent Gbagbo, a refusé les résultats issus des urnes en opérant un coup d’Etat institutionnel. Empêchant de facto le président nouvellement élu d’exercer son pouvoir. Au sommet de l’Etat, une crise est créée entre les différents responsables politiques des deux bords. Dans les quartiers des différentes communes, cette crise se vit au quotidien. Désormais, on discute entre membres sympathisants d’un même bord politique. Les administrations, malgré leur aspect apolitique, n’échappent guère à cette nouvelle donne. Ce qui crée une atmosphère tendue entre des employés qui partagent la même sphère professionnelle mais ne partagent pas les mêmes idées. En clair, l’ambiance post électorale n’est pas du tout gaie au sein de l’administration. Chaque personne prêchant pour sa chapelle, on en arrive à l’étape de méfiance et de mésentente. Une situation que vit B. Amalaman dans son service. « La situation politique actuelle a créé une méfiance. Au service, je le sens beaucoup plus. J’ai un collègue avec qui je m’entendais bien. Nous avons fait notre stage professionnel ensemble. Et depuis lors, nous avons gardé de bons rapports. Avant la proclamation des résultats par la Cei, on continuait de se taquiner malgré nos différences de bords politiques. Mais depuis le 4 décembre, après la proclamation des résultats définitifs par le conseil constitutionnel, on ne s’est plus entendu. Car nous avions eu un débat un peu après l’intervention de Paul Yao N’dré. Nous avons eu des points de vue divergents sur le sujet. De là est partie la rupture. Au service, on se contente de se saluer mais on ne discute plus », confesse-t-il. A en croire nombre de personnes rencontrées et qui sont issues de diverses couches socioprofessionnelles, les relations professionnelles se sont considérablement détériorées à la faveur de cette dernière crise. Selon René G... comptable dans une société d’import export «, l’atmosphère est très lourde en ce moment. Au travail, la causerie n’est pas comme avant. Chacun garde ses distances et je ne cause qu’avec celui qui est du même bord politique que moi. Sinon, je préfère me taire », indique-t-il. Une situation difficile pour les travailleurs de tout bord dont les supérieurs hiérarchiques, pour sauvegarder la cohésion au sein de l’entreprise, ont interdit de parler de politique sur les lieux de travail. Tel est le cas d’une maison de communication, aux Deux Plateaux, où travaille Thierry A… depuis 4 ans. « Le patron nous a réuni il y’a quelques jours et nous a demandé de ne pas discuter de la politique au bureau car les divergences de vue peuvent entamer notre rendement et par ricochet nuire à l’entreprise. Nous respectons ce qu’il a dit et nous ne parlons pas politique », affirme ce chargé de communication. Mais si le patron de Thierry a eu le nez creux en imposant le ‘’tout sauf la politique’’ à ses employés, cela n’est pas le cas partout. Dans nombre d’entreprises, cette situation de mésentente et de méfiance vis-à-vis de l’autre est loin d’aider ces entreprises.
L’absence de cohésion fait perdre beaucoup à l’entreprise
Le rejet de l’autre dans un environnement professionnel ôte la motivation à l’employé. Toute chose qui fait perdre beaucoup à l’entreprise qui est en droit d’attendre de ce dernier un meilleur rendement. C’est un tel rendement que Virginie K…, secrétaire de direction dans une entreprise à Port Bouët, n’arrive plus à avoir. Elle qui, au cours d’une discussion politique, a laissé transparaître son bord politique. Et depuis, cette secrétaire est mise de fait en quarantaine par les autres du camp opposé. « Ils ne viennent plus prendre le café ici comme c’était le cas avant notre causerie. Pire, ils ne me donnent plus de tâches à exécuter à part les tâches ordinaires. Ils font tout pour se passer de moi. Vraiment, l’atmosphère est invivable ici », déplore-t-elle non sans menacer de démissionner si cela perdure. « Mon lieu de travail est ma seconde famille. Je ne peux pas supporter qu’on me mette à l’écart parce que je n’ai pas les mêmes idées qu’eux. Il m’est difficile de passer toute la journée en ne parlant qu’aux visiteurs seulement. Si ça continue, je vais démissionner », affirme cette dame qui reconnait que dans un tel environnement son rendement ne pouvait que baisser. La motivation non plus n’est pas de mise. Comme on le voit, la crise politique actuelle a de graves conséquences sur les rapports professionnels et donc le rendement des employés. Qu’est-ce qui peut bien engendrer un climat aussi délétère entre des collègues d’un même service? Loukou, cadre dans un établissement financier, donne ses raisons. « Pour moi, c’est une question de bon sens. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un qui se réclame fils des élections, les perde et décide de ne pas rendre le tablier. Et crée une crise inutile. A mon sens, défendre une telle personne relève de l’absurdité. C’est pourquoi, je ne veux pas avoir affaire à ces personnes. Je les évite donc même si cela n’est pas recommandé. Cela me permet d’avoir la paix du cœur », explique-t-il. Ce cadre n’a fait que donner ses raisons. Chacun de son coté a ses raisons. Mais, elles toutes ramènent à une seule réalité : la crise politique actuelle a entamé la cohésion des populations de ce pays en général et des travailleurs en particulier. Il ya donc lieu de souhaiter sa fin immédiate pour libérer les différentes couches socioprofessionnelles.
Jean Jacques Guédé
Légende : C’est la méfiance désormais dans les rapports professionnels.
On se regarde en chien de faïence
Depuis le 28 novembre, jour du scrutin du second tour, les relations entre collègues de service vont mal. L’ex-président, Laurent Gbagbo, a refusé les résultats issus des urnes en opérant un coup d’Etat institutionnel. Empêchant de facto le président nouvellement élu d’exercer son pouvoir. Au sommet de l’Etat, une crise est créée entre les différents responsables politiques des deux bords. Dans les quartiers des différentes communes, cette crise se vit au quotidien. Désormais, on discute entre membres sympathisants d’un même bord politique. Les administrations, malgré leur aspect apolitique, n’échappent guère à cette nouvelle donne. Ce qui crée une atmosphère tendue entre des employés qui partagent la même sphère professionnelle mais ne partagent pas les mêmes idées. En clair, l’ambiance post électorale n’est pas du tout gaie au sein de l’administration. Chaque personne prêchant pour sa chapelle, on en arrive à l’étape de méfiance et de mésentente. Une situation que vit B. Amalaman dans son service. « La situation politique actuelle a créé une méfiance. Au service, je le sens beaucoup plus. J’ai un collègue avec qui je m’entendais bien. Nous avons fait notre stage professionnel ensemble. Et depuis lors, nous avons gardé de bons rapports. Avant la proclamation des résultats par la Cei, on continuait de se taquiner malgré nos différences de bords politiques. Mais depuis le 4 décembre, après la proclamation des résultats définitifs par le conseil constitutionnel, on ne s’est plus entendu. Car nous avions eu un débat un peu après l’intervention de Paul Yao N’dré. Nous avons eu des points de vue divergents sur le sujet. De là est partie la rupture. Au service, on se contente de se saluer mais on ne discute plus », confesse-t-il. A en croire nombre de personnes rencontrées et qui sont issues de diverses couches socioprofessionnelles, les relations professionnelles se sont considérablement détériorées à la faveur de cette dernière crise. Selon René G... comptable dans une société d’import export «, l’atmosphère est très lourde en ce moment. Au travail, la causerie n’est pas comme avant. Chacun garde ses distances et je ne cause qu’avec celui qui est du même bord politique que moi. Sinon, je préfère me taire », indique-t-il. Une situation difficile pour les travailleurs de tout bord dont les supérieurs hiérarchiques, pour sauvegarder la cohésion au sein de l’entreprise, ont interdit de parler de politique sur les lieux de travail. Tel est le cas d’une maison de communication, aux Deux Plateaux, où travaille Thierry A… depuis 4 ans. « Le patron nous a réuni il y’a quelques jours et nous a demandé de ne pas discuter de la politique au bureau car les divergences de vue peuvent entamer notre rendement et par ricochet nuire à l’entreprise. Nous respectons ce qu’il a dit et nous ne parlons pas politique », affirme ce chargé de communication. Mais si le patron de Thierry a eu le nez creux en imposant le ‘’tout sauf la politique’’ à ses employés, cela n’est pas le cas partout. Dans nombre d’entreprises, cette situation de mésentente et de méfiance vis-à-vis de l’autre est loin d’aider ces entreprises.
L’absence de cohésion fait perdre beaucoup à l’entreprise
Le rejet de l’autre dans un environnement professionnel ôte la motivation à l’employé. Toute chose qui fait perdre beaucoup à l’entreprise qui est en droit d’attendre de ce dernier un meilleur rendement. C’est un tel rendement que Virginie K…, secrétaire de direction dans une entreprise à Port Bouët, n’arrive plus à avoir. Elle qui, au cours d’une discussion politique, a laissé transparaître son bord politique. Et depuis, cette secrétaire est mise de fait en quarantaine par les autres du camp opposé. « Ils ne viennent plus prendre le café ici comme c’était le cas avant notre causerie. Pire, ils ne me donnent plus de tâches à exécuter à part les tâches ordinaires. Ils font tout pour se passer de moi. Vraiment, l’atmosphère est invivable ici », déplore-t-elle non sans menacer de démissionner si cela perdure. « Mon lieu de travail est ma seconde famille. Je ne peux pas supporter qu’on me mette à l’écart parce que je n’ai pas les mêmes idées qu’eux. Il m’est difficile de passer toute la journée en ne parlant qu’aux visiteurs seulement. Si ça continue, je vais démissionner », affirme cette dame qui reconnait que dans un tel environnement son rendement ne pouvait que baisser. La motivation non plus n’est pas de mise. Comme on le voit, la crise politique actuelle a de graves conséquences sur les rapports professionnels et donc le rendement des employés. Qu’est-ce qui peut bien engendrer un climat aussi délétère entre des collègues d’un même service? Loukou, cadre dans un établissement financier, donne ses raisons. « Pour moi, c’est une question de bon sens. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un qui se réclame fils des élections, les perde et décide de ne pas rendre le tablier. Et crée une crise inutile. A mon sens, défendre une telle personne relève de l’absurdité. C’est pourquoi, je ne veux pas avoir affaire à ces personnes. Je les évite donc même si cela n’est pas recommandé. Cela me permet d’avoir la paix du cœur », explique-t-il. Ce cadre n’a fait que donner ses raisons. Chacun de son coté a ses raisons. Mais, elles toutes ramènent à une seule réalité : la crise politique actuelle a entamé la cohésion des populations de ce pays en général et des travailleurs en particulier. Il ya donc lieu de souhaiter sa fin immédiate pour libérer les différentes couches socioprofessionnelles.
Jean Jacques Guédé
Légende : C’est la méfiance désormais dans les rapports professionnels.