Même les deux avocats octogénaires qu’il est allé recruter en France n’ont pas pu affirmer, à la fin de leur juteux séjour, qu’il a remporté la présidentielle 2010. Après avoir claironné sur tous les toits qu’ils feraient de la Côte d’Ivoire, le tombeau de la France, ils sont repartis sans avoir organisé les funérailles du pays de nos ancêtres les Gaulois que nous aimons beaucoup. Dure donc est la réalité. Laurent Gbagbo n’a pas gagné l’élection présidentielle. On aura beau compter et recompter les bulletins de vote, jamais, l’on ne parviendra à le proclamer vainqueur. Les avocats octogénaires n’ont sûrement aucun élément qui leur permette de défendre leur client. Reste alors à faire plaisir au vaincu d’Abidjan et à ses partisans. Rappelons juste que ce qu’ils proposent, ces défenseurs des causes désespérées, a été déjà fait. C’est après avoir recompté les bulletins de vote, suite aux élucubrations du prétendu président du Conseil constitutionnel, que le représentant du secrétaire général de l’ONU, donc de la communauté internationale, a proclamé la victoire du candidat des houphouétistes. Entre temps, la CEDEAO, par l’entremise du président du Faso, facilitateur du dialogue direct ivoirien, a été au début et à la fin du processus de sortie de crise. On le voit bien : la communauté internationale sous l’égide duquel les octogénaires proposent le recomptage des votes, ont déjà rempli cette tâche. Il n’y a pas moyen plus subtil de faire comprendre à un client que son dossier est indéfendable. Mais le Machiavel des Lagunes confesse qu’il n’a pas laissé organiser l’élection présidentielle pour les perdre. Comme si le bon peuple de Côte d’Ivoire et la Communauté internationale avaient investi tant d’argent et dépensé tant d’énergie pour voir le vaincu s’autoproclamer président de la République, ruinant ainsi tous les efforts faits et les sacrifices consentis pour voir la Côte d’Ivoire s’inscrire durablement dans la voie de la démocratie. C’est vrai, la dernière fois, l’homme nous est apparu fatigué. Son teint blafard et son regard livide. Pour quelqu’un qui dit avoir gagné des élections, il nous est apparu bizarre. Dans le camp de la refondation, la victoire paraît triste, très triste. Le sourire est devenu une denrée rare. L’assurance a foutu le camp. Le bon peuple de Côte d’Ivoire qui connaît bien tout son monde et maîtrise le mode opératoire du plus grand des opposants historiques, est convaincu par le spectacle offert par ce dernier à l’occasion de la présentation des vœux à la nation, qu’il sait, au fond de lui-même, qu’il a lamentablement perdu l’élection présidentielle. Une issue qu’il (le grand opposant) était loin d’imaginer. Dans la vie, il ne faut jamais jurer de rien
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon