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Politique Publié le jeudi 6 janvier 2011 | Le Temps

Les obstacles à la réalisation du projet de déstabilisation de la Côte d’Ivoire

Nous l’avions déjà affirmé en décembre 2004 dans les pages de nos confrères de Le Courrier d’Abidjan de l’époque et Le Temps. Notre intervention ici n’a rien de politique. C’est une lecture historique des faits. Nous avions donné les raisons en son temps, pourquoi cette transposition de l’opération Epervier au bord de la lagune Ebrié avec un nom qui tue le symbole de l’Etat de Côte d’Ivoire, ne peut réussir.
Mais il se trouve que rien ne semble marcher comme prévu par le plan. En effet, lorsque la France dirigeante de l’Elysée programme une rébellion qui a pour objectif d’enlever du pouvoir un président choisi par le peuple, comme c’est le cas pour le président Laurent Gbagbo actuellement, elle met tout en œuvre mais ne prévoit jamais de plan B. Elle est d’autant plus sûre d’elle dans sa programmation, que ses expériences du Tchad, du Congo, du Rwanda, de Centrafrique ne lui avaient jamais requis la nécessité de prévoir un second plan au cas où….Jamais, la France n’avait prévu qu’il y aurait une résistance en Côte d’Ivoire lorsqu’elle préparait l’opération Licorne, qui ressemble étrangement aux autres opérations aux mêmes intentions comme les opérations : Turquoise au Rwanda, Baracuda dont une poignée de soldats de l’armée française a renversé Bokassa, et surtout l’opération Epervier réussi au Tchad en 1980, soit 15 années après le début de la rébellion dans ce pays.
En effet, depuis le choix de la force dite impartiale ou d’interposition, jusqu’à celui du Premier ministre (chef rebelle), en passant par l’abandon de position des forces impartiales – abandon qui devait permettre aux rebelles d’avancer vers la zone sous contrôle gouvernemental – toutes les étapes de l’opération Licorne ont coïncidé avec celles de l’opération épervier, sauf une : la présence dans la capitale Abidjan, des combattants rebelles avec leurs armes. Au Tchad, deux (2) armées aux intentions opposées ont fait subir durant six (6) mois, des atrocités aux paisibles populations de N’Djamena. Ce fut la période durant laquelle les armes ont été distribuées aux lycéens, collégiens et universitaires.
En Côte d’ Ivoire, le plan n’avait prévu que les parrains (Licorne et Onuci) arment des fauteurs de troubles qui ont infiltré Abidjan depuis l’Accord de Ouagadougou ou qui étaient sur place. Dommage. Le parrain n’a pas eu ce temps, et surtout, que l’unification des forces armées s’est faite, pas comme les rebelles le voudraient ; et mieux, le désarmement qu’ils ont refusé est en train de se faire progressivement…

Ces ingrédients qui ont fait défaut à l’Elysée dans son opération en Côte d’Ivoire, empêchant sa réussite.

1. La carte ethnique. C’est la carte mère des opérations françaises dans les conflits qu’elle crée dans ses ex-colonies. Elle est la résultante de la balkanisation de l’Afrique faite à Berlin en 1884-1885 qui a fait des Etats aux frontières artificielles, avec des civilisations morcelées et suspendues sur ces frontières – la même au Nord et au Sud, de même qu’à l’Est et à l’Ouest, et qui se sentent systématiquement concernées lorsqu’il y a un conflit sur l’une ou l’autre frontière. Cette carte a bien fonctionné au Rwanda parce qu’il n’y a que deux ethnies dans ce pays. Le calcul est facile. Le plan consistait à opposer la majorité à la minorité en faisant croire à cette dernière qu’elle est marginalisée ou exclue.

2. La carte religieuse. Elle est difficilement manipulable mais elle marche bien lorsque la géographie religieuse s’y prête comme ce fut le cas au Tchad. Ce cas est typique. Pour ceux qui ne le savent pas, lorsque vous voyagez du Sud au Nord du Tchad, vous vous rendez compte qu’il y a exactement deux grands peuples opposés à tous égards : depuis les habitudes vestimentaires, en passant par la langue et la culture dans son ensemble, il est très facile de distinguer un Tchadien du Nord à priori musulman de celui du Sud, chrétien. Ce qui fausse toutes les données de l’identification, c’est qu’il est difficile de distinguer un Mahamat tchadien d’un Mahamat soudanais ou libyen, ou même d’un Sani ou d’un Ibrahim nigerian ou nigerien d’un Sani ou d’un Ibrahim tchadien. Il est aussi vrai qu’on ne peut distinguer facilement trois Coulibaly du Mali, de la Guinée ou de la Côte d’Ivoire. Cependant, nous allons voir pourquoi cette carte ne peut fonctionner dans ce pays qui a une longue tradition d’accueil.
Nous appuyant sur nos connaissances de ce peuple, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper que l’Ivoirien, de façon générale, éprouve une fierté à accueillir chez lui, celui qui vient d’ailleurs. Ainsi donc, le qualificatif ‘’xénophobe’’ est méchamment attribué aux Ivoiriens. Nous savons, par ailleurs, que le monde entier se trouve en Côte d’Ivoire.

Les alliances interethniques ou parentés à plaisanterie : une valeur culturelle sûre en Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire, en tant que peuple, a une longue et riche expérience en matière de tolérance et de règlement de conflit entre groupes ou entre individus. Observons au quotidien les Ivoiriens pour nous rendre compte que ce peuple possède une capacité extraordinaire à gérer les conflits latents ou ouverts. Nous en voulons pour preuve le recours systématique aux alliances interethniques, cette pratique ancestrale, également appelée ‘’parentés à plaisanterie’’, qui apaise de nombreuses situations de conflits entre les Ivoiriens. J’ai encore en mémoire mes souvenirs de nouvel arrivant en Côte d’Ivoire dans les années 1980 quand mon frère qui s’y trouvait avant moi me disait : ‘’ici, on ne se bat pas’’. On pouvait voir des gens s’insulter, se cracher dessus, ou même s’empoigner, mais aucun des belligérants ne prenait l’initiative de porter la main à l’autre. C’était beau tout cela. Sans risque de nous tromper, ceux qui créent des situations de conflits violents ne sont pas des Ivoiriens. …Le vrai Ivoirien, pour éviter qu’un conflit latent ne devienne ouvert, évoque le Toukpê. Des lors que l’un des antagonistes évoque cette alliance dont très souvent, les parties en conflits ne connaissent pas les circonstances historiques de leur existence, toute probabilité d’éclatement est écartée. Vous conviendrez avec moi que beaucoup d’ethnies ensemble, c’est une force. Et nous pouvons aisément comprendre la minutie avec laquelle la balkanisation de l’Afrique avait été faite…
• Enfin, les Ivoiriens semblent être les seuls peuples en Afrique, ayant cette magie de transformer les situations dramatiques en faits banaux, afin de les subir moins. C’est une grandeur d’esprit que peu de peuple au monde ont. Pourquoi les Nations unies dont la Côte d’Ivoire est membre à part entière, peut-elle se permettre de mettre en cause une décision issue de la loi fondamentale, que cette organisation dite internationale reconnaît comme étant au-dessus de ses textes, quels que internationaux soient-ils ? Si un texte des Nations unies passe avant une Constitution, ce sera la preuve que les actes de l’Onu dans le monde sont des actes de terrorisme, et il n’y a pas d’autres termes pour le désigner. Ce sont les Etats qui font l’Onu, et non pas le contraire. Résistant, reste serein, ton combat est noble. Nous voyons bien que cette crise ne dure que par la volonté manifeste de ses commanditaires qui continuent de tirer sur la ficelle. Mais cette fois-ci, ils ont touché à la loi fondamentale que l’Onu est pourtant tenue de respecter. Cette forme d’agression ne laissera personne indifférent en Afrique. Ne l’oublions jamais : la liberté ne se négocie pas, elle s’arrache.

Allangomadji Hony,
Tchadien vivant en Côte d’Ivoire
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