Le document qui suit, est une lettre ouverte de l’Avocat Me Fakhy Konaté, publiée dans notre parution d’hier. Cependant, pour des raisons indépendantes de notre volonté, le texte est paru, aussi bien dans le journal papier que sur notre site Internet ou sur les portails d’information qui l’ont repris, avec des extraits que l’auteur ne partage pas et qu’il n’a pas écrits. Selon toute vraisemblance, le texte a subi une retouche d’une personne non autorisée avant de parvenir à notre boîte électronique. Tout en lui présentant nos excuses ainsi qu’à vous, chers lecteurs et chères lectrices, nous reproduisons le texte que Me Fakhy nous a expressément demandé de publier, afin que sa pensée ne soit pas travestie et qu’elle soit traduite fidèlement.
A la fin du texte, nous publions la mise au point de l’auteur et les extraits qui ont été ajoutés au document initial. (NDLR )
Excellence Monsieur l’Ex-Président,
Votre Honneur,
J’ai longtemps, très longtemps hésité avant de Vous écrire cette lettre. Finalement, je me suis résolu à le faire, de nombreux évènements extérieurs ayant concouru à ma décision.
Les appels d’intellectuels d’ici et d’ailleurs, les interventions d’innombrables juristes d’ici et d’ailleurs, tous démontrant leurs talents et leurs compétences universelles, reconnus sous nos cieux pour certains, auréolés de gloire internationale pour d’autres, les interventions de chefs traditionnels, de rois, et j’en passe... Tous unis pour soutenir Votre cause !
Mais je dois reconnaître que, de toutes ces interventions, celle qui fut le catalyseur de ma décision, ce fut la déclaration de la Conférence épiscopale, que firent les évêques de Côte d’Ivoire au nom de l’Eglise ; mais, pour moi qui suis musulman, je dirais tout simplement, au nom de la FOI, la foi en ce DIEU unique qui unit les religions monothéistes.
Je pouvais comprendre, à la rigueur, sans jamais l’excuser, le parti pris par tous ces « intellectuels » et autres personnalités dont les motivations étaient certainement très diverses mais sans nul doute guidées par de sombres desseins et intérêts personnels.
Mais je n’ai pas pu rester indifférent à la déclaration du clergé catholique de Côte d’Ivoire parce, en l’occurrence, sa seule motivation devait être la Vérité ; n’est-ce pas que nous remplissons les Eglises, les Temples, les Mosquées et les Synagogues pour être soulagés d’entendre la Parole du Maître, la Parole de Vérité, afin d’être guidés sur le Droit chemin ?
Et, avec la déclaration des évêques, la Vérité était attendue pour guider tous les hommes et toutes les femmes de foi vers le Droit chemin dans ces ténèbres artificiellement entretenues depuis le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Mais la Vérité n’est pas venue.
Au contraire, j’ai vu les évêques de Côte d’Ivoire passer par pertes et profits le vote de millions d’ivoiriens, dont celui de ma mère, âgée de soixante dix sept ans, que je revois s’en allant péniblement au bureau de vote du quartier, portée par son déambulateur. Oui, le vote de ma mère, elle qui, malgré son veuvage (son compagnon de 60 ans de mariage, mon père, venait de décéder un mois à peine avant le premier tour de l’élection présidentielle), a tenu à exprimer son choix électoral avec l’espoir et la conviction que sa voix compterait.
Et, comme ils l’ont fait pour le sien, les évêques de Côte d’Ivoire ont ignoré le vote de millions d’autres citoyens, vieux, jeunes, malades, bien portants, des citoyens qui ont tout abandonné, bravant la distance, le soleil, la pluie, la faim, les souffrances de toutes sortes, pour choisir LEUR PRESIDENT.
Et les évêques de Côte d’Ivoire, en lieu et place de la Vérité des urnes, de la Vérité toute simple, ET DEVANT DIEU, nous disent que ma mère et les millions d’autres Ivoiriens qui se sont déplacés pour voter, doivent « respecter » le choix que le Conseil Constitutionnel a fait pour eux, le Conseil Constitutionnel désigné par vous-même, Laurent Gbagbo, et Mamadou Koulibaly, Président de l’assemblée nationale et vice-président du Front Populaire Ivoirien (FPI), votre parti politique.
Pour paraphraser Simone, Madame votre épouse, en d’autres circonstances, les évêques de Côte d’Ivoire disent à ma mère et à tous nos autres concitoyens qui sont sortis pour voter en faveur de LEUR PRESIDENT : « Qu’est-ce que vous êtes allés chercher au bureau de vote ? Vous n’auriez jamais dû y aller. ! »
Scandaleuse fut la déclaration de Simone, tout comme celle des évêques de Côte d’ivoire, sinon davantage encore. Et, de la même façon que la parole de Simone la suit à travers le temps, celle des évêques les suivra également.
Ils n’ont pas dit la Vérité, nos évêques, et ils Vous trompent AU NOM DE DIEU, vénéré Ex-Président ! Et ils trompent beaucoup de croyants, dont la seule référence est le Guide religieux. Beaucoup de croyants qui ne savent ni lire ni écrire, et qui se font interpréter la parole de « mon père », du curé, de l’évêque ! Et c’est grave, très grave, parce que les hommes d’Eglise sont considérés comme les hommes de Dieu. Ne le sont-ils pas ?
Alors, j’ai décidé de Vous écrire cette lettre, oh ! Grandeur autoproclamée, pour Vous dire qu’ils ne Vous aident pas, tous ces évêques, avocats, politiciens et autres intellectuels !
Mais surtout, pour Vous dire que les juristes qui Vous entourent et qui Vous conseillent pour que Vous Vous mainteniez au pouvoir, les juristes et les personnalités que Vous-même et Mamadou Koulibaly avez nommés au Conseil Constitutionnel, ne Vous ont pas aidé. Bien au contraire, ils Vous ont mis dans une situation intenable dans laquelle Vous êtes bien obligé de vous débattre seul contre tous.
Et pourtant, sachant sans l’ombre d’un doute que Vous ne vouliez pas quitter le Pouvoir, pour rien au monde sauf au sacrifice de votre vie, oh ! Eternelle Grandeur, ils auraient pu faire autrement, et bien plus facilement, sans Vous attirer le courroux d’une grande partie de votre Peuple, sans Vous mettre en concurrence avec un « Président élu » qui serait reconnu par toute la communauté internationale et, enfin, sans Vous livrer à la colère et aux sanctions de cette communauté internationale unanime, et maintenant à la menace d’une intervention militaire « légitime » ! Seul Dieu semble épargner Votre sainteté, pour l’instant, de son inéluctable châtiment, et paraîtrait tenter de faire sauver Votre siège par les servants de l’Autel.
Oui, Monsieur l’Ex-Président, ils auraient pu et ils auraient dû faire autrement en utilisant le même article 64 du code électoral dont tout le monde parle aujourd’hui, y compris ceux qui n’ont jamais fait un seul jour à l’école de droit.
Car, voyez-Vous, Monsieur l’Ex-Président, cet article 64 dit que « dans le cas où le Conseil Constitutionnel constate des irrégularités de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection ».
Avec cet article, il ya une seule entrée et une seule sortie, comme un tunnel : s’il y a des irrégularités de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, c’est-à-dire à changer le vainqueur du scrutin (et c’est l’entrée du tunnel), le Conseil Constitutionnel prononce l’annulation de toute l’élection (et c’est la sortie obligatoire du tunnel) ; il n’y a pas d’autre choix ni d’autre voie.
Si le Conseil Constitutionnel emprunte l’entrée du tunnel en disant qu’il y a des irrégularités qui font que c’est Vous-même qui devez être Président à la place de Monsieur Alassane Ouattara, il est obligé de prendre la sortie unique du tunnel qui dit qu’il doit annuler toute l’élection pour que les Ivoiriens repartent voter ; parce que ce n’est pas lui, le Conseil Constitutionnel, qui peut voter à la place des Ivoiriens et choisir leur Président !
Et c’est pourquoi ce même article 64 ajoute plus loin que, le cas échéant, un nouveau scrutin est organisé au plus tard quarante cinq jours après la date de la décision du Conseil Constitutionnel.
Voyez-vous, Ex-Président, Excellence, c’est là que les politiciens et juristes qui Vous conseillent, ceux du pays comme ceux de la métropole, les juristes et les personnalités du Conseil Constitutionnel, pouvaient Vous aider et Vous éviter de subir ces qualificatifs peu glorieux d’usurpateur, de dictateur, que sais-je encore ?
Il leur suffisait d’annuler purement et simplement toute l’élection, comme l’article 64 l’exige, puis de demander à la Commission Electorale Indépendante (CEI) de proposer au Gouvernement la date du nouveau scrutin qui devait être examinée en conseil des ministres.
A partir de là, il n y aurait plus eu de « Président élu » ni de « Président déclaré » ! Et pas davantage de soutien ni de reconnaissance de qui que se soit en faveur de ou contre qui que se soit.
Il ne serait resté que Vous seul, Eternel Commandeur, Lumineux Guide du peuple ivoirien ! Omnipotent. Omniprésent. Omniscient.
Avec Votre Constitution à laquelle personne ne doit toucher, sauf bien sûr Vous seul !
Et Vous l’auriez maniée à Votre seule guise, avec Votre Bic à Vous seul !
Et Vous leur auriez rappelé, à tous, cet article 39 de Votre Constitution qui dit que « les pouvoirs du Président de la République en exercice expirent à la date de prise de fonction du Président élu, laquelle a lieu dès après la prestation de serment ».
Oui, Ex-Président, Vous vous en souvenez, Vous nous l’avez déjà servi, cet article-là !
Et, comme l’article 64 fait annuler TOUS les Présidents et demande de reprendre l’élection, il n’y a pas de Président élu à qui Vous auriez pu donner Vos Pouvoirs ; et le premier tour aurait été joué !
A cet article 39, Vous auriez fais suivre l’article 48 de Votre même Constitution. Oui, celui-là même que Vous avez utilisé pour que Monsieur Ouattara soit candidat !
Mauvais souvenir ou mauvais exemple peut-être, surtout en ce moment où c’est lui le Président élu ! Mais c’est le même article que Vous avez utilisé en février 2010 pour dissoudre le gouvernement et la CEI afin de chasser Mambé, Robert Beugré Mambé, l’ex-Président de la CEI que Vous accusiez de vouloir « frauder » pour faire gagner... Ouattara ! Décidemment, il ne nous quitte jamais, le Président élu !
Et avec cet article 48 de Votre Constitution, Vous seriez seul face à la CEI et face au Gouvernement. Oui, seul face à Bakayoko qui a osé proclamer que c’est Ouattara le Président élu !
Et Vous Vous seriez souvenu que Damana Pickas et Tokpa Vehi ont arraché et déchiré devant les télévisions du monde entier, la feuille de proclamation des résultats de l’élection présidentielle que tenait en main Bamba Yacouba, le porte parole de la CEI ; parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec lui et surtout, parce qu’il y avait un blocage au sein de la CEI ; un blocage plus grave que celui du temps de Mambé, son ex-président.
Qui aurait contesté de Vous voir appliquer la même sanction qui avait permis de débloquer la CEI précédemment ? Vous l’auriez dissoute encore une fois, leur CEI !
Cette CEI dominée par l’opposition politique du RHDP !
Et cette fois-ci, on l’aurait recomposée selon Votre volonté et à la lumière des scrutins du 31 octobre et du 28 novembre dont Vous-même et tous les membres de Votre clan auraient tiré une bonne expérience et de belles leçons !
Parlons à présent du Gouvernement ! Oui Ex-Président, le Gouvernement de Soro Guillaume !
Vous Vous seriez trouvé seul en face de Soro Guillaume et avec Votre Bic et Votre Constitution, dont l’article 41 dit que « Le Président de la République est détenteur exclusif du pouvoir exécutif ». Il nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, qui est responsable devant lui. IL MET FIN A SES FONCTIONS... »
Oui, Monsieur l’Ex-Président, Vous auriez mis fin à ses fonctions ! N’a-t-il pas perdu sa neutralité alors qu’il s’est toujours proclamé arbitre, et même qu’il Vous a laissé croire qu’il pencherait pour Vous, le moment venu ? Ne Vous a-t-il pas abusé pour finalement soutenir les résultats de Bakayoko, « au nom de sa foi chrétienne et au nom de la Vérité », cette Vérité qu’il doit à lui-même mais aussi et surtout au Peuple de Côte d’Ivoire ?
Et nous y revoilà avec la FOI chrétienne des évêques ! Décidément, si on peut dire que séminaristes et évêques se retrouvent dans les mêmes lieux communs, on doit reconnaitre que dans cette affaire, à chacun sa Vérité !
Le Cardinal Agré, encore lui ! le complice du meurtre du Général Guei Robert, assassiné par DOGBO BLE ! Guei a fait 3 mois chez sa sainteté Le prophète PAPA NOUVEAU (paix à son âme) et est revenu vivant. Il a fait 3 heures chez Le cardinal Agré à la cathédral et en est ressorti criblé de balles ! Voici ce que vous avez fait de t notre cher Prélat ! Il est condamné à vous accompagné dans votre crime jusqu’à ses derniers jours sur terre. C’est ce que nous avons compris dans son adresse à la nation. Cette fois –ci se sont ses fidèles qui le lâchent !
Remémorez-vous ce que le Prophète PAPA NOUVEAU vous a dit, accompagné de BOGA DOUDOU…. Nous ne sommes pas loin. Cet Homme de disait que la vérité, rien que la vérité durant ses 64 ans de mission sur Terre : « Vous aurez la garde de ce pays pendant 10 ans, après les élections que vous perdrez, quittez le pouvoir pour faire la gloire de la démocratie en RCI et dans le monde…. On peut –être au pouvoir, organiser les élections et les perdre…»
Cette parole du Prophète PAPA NOUVEAU, vous l’avez bien comprise et vous avez même eu le courage de la répéter lors de votre investiture en 2000 comme une leçon bien comprise et assimilée…. Qu’en avez –vous fait 10 ans après ?
Il a dit qu’il allait auprès de Dieu son père nous ramener la paix. Il y va pour la mission des grands…
Mais Monsieur l’Ex-Président, Guide suprême du pays, Sauveur inspiré de la Nation toute entière, Vous ne seriez plus à rechercher ni le soutien des évêques ni celui des intellectuels et, mieux, Vous auriez économisé l’argent que Messieurs Dumas et Vergès sont venus Vous prendre, de Nos caisses !!!
Révoqué, le Premier Ministre ! Et, avec lui, tout son gouvernement, dont une bonne partie se retrouve aujourd’hui au Golf hôtel ! Même que Soro y a repris Patrick Achi et Hamed Bakayoko ainsi que Amadou Gon Coulibaly, tous ceux-là que Vous aviez eu tant de mal à chasser après la dissolution du gouvernement en février 2010 ! Quelle ingratitude !
Mais heureusement que la Constitution est là ; et aussi, les rebelles armés au Centre, au Nord et à l’Ouest du pays ! Oui Ex-Président éclairé, les rebelles par qui « les irrégularités graves » sont arrivées au cours du scrutin du second tour et qui ont entrainé l’annulation de toute l’élection présidentielle !
Monsieur l’Ex-Président, personne, dans aucune partie du monde ne peut Vous demander de reprendre les élections tant que ces rebelles-là ne sont pas totalement désarmés, tant qu’ils n’ont pas mis fin à l’atteinte qu’ils portent à l’intégrité du territoire, et tant qu’ils n’ont pas réintégrés la République !
Et d’ailleurs, Votre Constitution, oui, elle a son article 38 qui dit « qu’en cas d’évènements ou de circonstances graves, notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire, ou de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats (...), le Conseil Constitutionnel décide dans les vingt quatre heures, de l’arrêt ou de la poursuite des opérations électorales…»
Et là, Inoxydable Ex-Président, on peut vraiment dire : heureusement que le Conseil Constitutionnel est là et a à sa tête, Yao N’Dré Paul (Pablo pour les intimes comme Vous) !
Alors, un arrêt, oui, une Décision de Yao N’Dré, et une seule, fondée sur l’article 38 de Votre Constitution et sur les rebelles armées en zone Centre, nord et ouest (CNO), avec à l’appui les « irrégularités graves » du second tour, et il en serait terminé des élections en Côte d’Ivoire pour encore quelques années ! Et il en serait terminé de Vos Augustes Insomnies, Monsieur l’Ex-Président !
Plus d’élection présidentielle ! Et de surcroit, par la faute exclusive des rebelles et de leur mentor ! La cerise sur le gâteau ! La couronne sur la galette !
Mais voilà, malheureusement, ils sont tous passés à côté, Vos évêques « supporters », Vos juristes, avocats, magistrats, politiciens, intellectuels et membres du Conseil Constitutionnel !
Même Yao N’Dré Paul, le Professeur agrégé de droit, n’y a vu que du feu !
Et ils Vous ont conseillé de faire comme Guéi, feu le Général Robert Guéi, qui voulait ôter le treillis pour revêtir le costume de « Président légitime » en utilisant les urnes comme un simple vernis pour usurper le pouvoir et le confisquer avec l’aide de l’armée !
Mais Vous les avez écoutés, Ex-Président ! Et Vous voilà à votre tour pourchassé par la clameur publique, que dis-je ? par la colère de Votre Peuple et la réprobation de la communauté internationale.
Le Prophète PAPA NOUVEAU (paix sur la terre d’éburnie) n’est plus là pour vous héberger et vous protéger. Ne comptez pas sur le Cardinal Agré quand le moment sera venu de fuir du Palais. Il livrera votre corps aux forces spéciales…
Ne les écoutez plus car un Peuple bâillonné n’en a pas moins une opinion !
Et Vous savez comment tout cela s’est terminé pour feu le Général Guéi !
Vous savez qu’en ce qui le concerne, Affi N’guessan, le Président de Votre parti, le Président du FPI, pourrait vous rafraichir la mémoire s’il veut encore Vous aider...
Mais à présent, avez-vous vraiment besoin d’écouter tous ceux-là pour Vous faire Votre propre opinion et pour éclairer Votre présidentielle lanterne quant à la décision que Vous devez prendre ?
Ils n’ont pas su Vous conseiller pour que Vous gardiez le pouvoir, bien que sachant depuis l’aube des temps que Vous ne vouliez pas le rendre au Peuple afin qu’il opère son libre choix !
Vous devez comprendre par Vous-même qu’aujourd’hui encore, dans l’épreuve et l’adversité, leurs conseils n’ont été ni ne sont ni justes ni éclairés.
Votre destin Vous appartient. Vous pouvez encore sauver Votre vie en premier et sauver ensuite celle du Peuple que Vous avez eu l’honneur de diriger pendant dix ans.
Pendant dix ans, Vous avez été l’Elu parmi une vingtaine de millions d’habitants ; et avant Vous, seuls trois Ivoiriens ont eu cette chance. Quel privilège !
Mon maître et mon père au barreau de Côte d’Ivoire, et dans une grande partie de ma vie, ce maître que Vous connaissez bien d’ailleurs et que le monde pleure en ce moment même, ce compagnon de Félix Houphouët-Boigny et d’Aimé Césaire, ce poète, écrivain, peintre et grand avocat, me répétait souvent ceci : « Le chemin de la Vérité n’est pas toujours facile à emprunter ni à parcourir, mais son aboutissement procure les meilleures joies. »
Ce maître, c’est Maître Emile Eugène Dervain, décédé le 31 décembre 2010, il y a seulement une dizaine de jours ! Qu’il repose en paix et que la terre lui soit légère.
Et moi, je suis le maître de Géraldine Odehouri, Votre conseillère juridique principale ! C’est auprès de moi et en mon cabinet que, fraichement émoulue de l’université, elle a fait son stage d’avocate et appris « une première partie » du métier d’avocat.
Et moi, je suis aussi le maître de Rodrigue Dadje, l’avocat de Simone, Votre épouse, dans l’affaire Kieffer. C’est auprès de moi et en mon cabinet qu’il apprit lui aussi les rudiments du métier d’avocat en tant que stagiaire.
Et moi encore, je suis le maître de Dagbo Esther Désirée Dobli, l’actuelle secrétaire générale adjointe de Votre gouvernement. C’est auprès de moi et en mon cabinet qu’elle fit une partie de son stage d’avocate avant d’entrer dans la filière café-cacao et d’occuper ses fonctions actuelles.
Et moi enfin, je fus Votre avocat, membre du collectif qui prit Votre défense à la suite des évènements du 18 février 1992. Lorsqu’elle le méritait.
Monsieur l’Ex-Président, Excellence, prenez le chemin de la Vérité et laissez-vous conduire jusqu’à son aboutissement ! Vous sortirez ainsi par la grande porte ! Celle qui lavera toutes les offenses dont Vous vous sentez victime, à tort ou à raison, mais celle qui Vous lavera aussi et surtout de toutes les offenses qui peuvent Vous être reprochées, à tort ou à raison.
Vous n’avez pas gagné les élections. Vous le savez. Et le Conseil Constitutionnel n’a pas utilisé la seule voie qui Vous aurait permis de garder encore le Pouvoir ! Et Vous le savez à présent !
En essayant de Vous forger et de Vous imposer une autre voie que celle de l’article 64 du code électoral, le Conseil Constitutionnel Vous a conduit dans l’impasse. Et avec Vous, toute la Côte d’Ivoire et, un peu plus loin, toute la sous-région ! Et peut-être encore plus loin... !
A Abidjan, on dit : « Prési, quitte dans ça et libère le pays ! »
Mon Ex-Président, mon ancien ami, retrouvez le droit chemin, celui que vous nous indiquiez avant de vous perdre.
Merci de m’avoir lu et à bientôt !
Me Konaté Fakhy N’fa Kaba
Avocat
Commissaire National des Droits de l’Homme (CNDH-CI)
Abidjan
Côte d’Ivoire
A la fin du texte, nous publions la mise au point de l’auteur et les extraits qui ont été ajoutés au document initial. (NDLR )
Excellence Monsieur l’Ex-Président,
Votre Honneur,
J’ai longtemps, très longtemps hésité avant de Vous écrire cette lettre. Finalement, je me suis résolu à le faire, de nombreux évènements extérieurs ayant concouru à ma décision.
Les appels d’intellectuels d’ici et d’ailleurs, les interventions d’innombrables juristes d’ici et d’ailleurs, tous démontrant leurs talents et leurs compétences universelles, reconnus sous nos cieux pour certains, auréolés de gloire internationale pour d’autres, les interventions de chefs traditionnels, de rois, et j’en passe... Tous unis pour soutenir Votre cause !
Mais je dois reconnaître que, de toutes ces interventions, celle qui fut le catalyseur de ma décision, ce fut la déclaration de la Conférence épiscopale, que firent les évêques de Côte d’Ivoire au nom de l’Eglise ; mais, pour moi qui suis musulman, je dirais tout simplement, au nom de la FOI, la foi en ce DIEU unique qui unit les religions monothéistes.
Je pouvais comprendre, à la rigueur, sans jamais l’excuser, le parti pris par tous ces « intellectuels » et autres personnalités dont les motivations étaient certainement très diverses mais sans nul doute guidées par de sombres desseins et intérêts personnels.
Mais je n’ai pas pu rester indifférent à la déclaration du clergé catholique de Côte d’Ivoire parce, en l’occurrence, sa seule motivation devait être la Vérité ; n’est-ce pas que nous remplissons les Eglises, les Temples, les Mosquées et les Synagogues pour être soulagés d’entendre la Parole du Maître, la Parole de Vérité, afin d’être guidés sur le Droit chemin ?
Et, avec la déclaration des évêques, la Vérité était attendue pour guider tous les hommes et toutes les femmes de foi vers le Droit chemin dans ces ténèbres artificiellement entretenues depuis le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Mais la Vérité n’est pas venue.
Au contraire, j’ai vu les évêques de Côte d’Ivoire passer par pertes et profits le vote de millions d’ivoiriens, dont celui de ma mère, âgée de soixante dix sept ans, que je revois s’en allant péniblement au bureau de vote du quartier, portée par son déambulateur. Oui, le vote de ma mère, elle qui, malgré son veuvage (son compagnon de 60 ans de mariage, mon père, venait de décéder un mois à peine avant le premier tour de l’élection présidentielle), a tenu à exprimer son choix électoral avec l’espoir et la conviction que sa voix compterait.
Et, comme ils l’ont fait pour le sien, les évêques de Côte d’Ivoire ont ignoré le vote de millions d’autres citoyens, vieux, jeunes, malades, bien portants, des citoyens qui ont tout abandonné, bravant la distance, le soleil, la pluie, la faim, les souffrances de toutes sortes, pour choisir LEUR PRESIDENT.
Et les évêques de Côte d’Ivoire, en lieu et place de la Vérité des urnes, de la Vérité toute simple, ET DEVANT DIEU, nous disent que ma mère et les millions d’autres Ivoiriens qui se sont déplacés pour voter, doivent « respecter » le choix que le Conseil Constitutionnel a fait pour eux, le Conseil Constitutionnel désigné par vous-même, Laurent Gbagbo, et Mamadou Koulibaly, Président de l’assemblée nationale et vice-président du Front Populaire Ivoirien (FPI), votre parti politique.
Pour paraphraser Simone, Madame votre épouse, en d’autres circonstances, les évêques de Côte d’Ivoire disent à ma mère et à tous nos autres concitoyens qui sont sortis pour voter en faveur de LEUR PRESIDENT : « Qu’est-ce que vous êtes allés chercher au bureau de vote ? Vous n’auriez jamais dû y aller. ! »
Scandaleuse fut la déclaration de Simone, tout comme celle des évêques de Côte d’ivoire, sinon davantage encore. Et, de la même façon que la parole de Simone la suit à travers le temps, celle des évêques les suivra également.
Ils n’ont pas dit la Vérité, nos évêques, et ils Vous trompent AU NOM DE DIEU, vénéré Ex-Président ! Et ils trompent beaucoup de croyants, dont la seule référence est le Guide religieux. Beaucoup de croyants qui ne savent ni lire ni écrire, et qui se font interpréter la parole de « mon père », du curé, de l’évêque ! Et c’est grave, très grave, parce que les hommes d’Eglise sont considérés comme les hommes de Dieu. Ne le sont-ils pas ?
Alors, j’ai décidé de Vous écrire cette lettre, oh ! Grandeur autoproclamée, pour Vous dire qu’ils ne Vous aident pas, tous ces évêques, avocats, politiciens et autres intellectuels !
Mais surtout, pour Vous dire que les juristes qui Vous entourent et qui Vous conseillent pour que Vous Vous mainteniez au pouvoir, les juristes et les personnalités que Vous-même et Mamadou Koulibaly avez nommés au Conseil Constitutionnel, ne Vous ont pas aidé. Bien au contraire, ils Vous ont mis dans une situation intenable dans laquelle Vous êtes bien obligé de vous débattre seul contre tous.
Et pourtant, sachant sans l’ombre d’un doute que Vous ne vouliez pas quitter le Pouvoir, pour rien au monde sauf au sacrifice de votre vie, oh ! Eternelle Grandeur, ils auraient pu faire autrement, et bien plus facilement, sans Vous attirer le courroux d’une grande partie de votre Peuple, sans Vous mettre en concurrence avec un « Président élu » qui serait reconnu par toute la communauté internationale et, enfin, sans Vous livrer à la colère et aux sanctions de cette communauté internationale unanime, et maintenant à la menace d’une intervention militaire « légitime » ! Seul Dieu semble épargner Votre sainteté, pour l’instant, de son inéluctable châtiment, et paraîtrait tenter de faire sauver Votre siège par les servants de l’Autel.
Oui, Monsieur l’Ex-Président, ils auraient pu et ils auraient dû faire autrement en utilisant le même article 64 du code électoral dont tout le monde parle aujourd’hui, y compris ceux qui n’ont jamais fait un seul jour à l’école de droit.
Car, voyez-Vous, Monsieur l’Ex-Président, cet article 64 dit que « dans le cas où le Conseil Constitutionnel constate des irrégularités de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection ».
Avec cet article, il ya une seule entrée et une seule sortie, comme un tunnel : s’il y a des irrégularités de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, c’est-à-dire à changer le vainqueur du scrutin (et c’est l’entrée du tunnel), le Conseil Constitutionnel prononce l’annulation de toute l’élection (et c’est la sortie obligatoire du tunnel) ; il n’y a pas d’autre choix ni d’autre voie.
Si le Conseil Constitutionnel emprunte l’entrée du tunnel en disant qu’il y a des irrégularités qui font que c’est Vous-même qui devez être Président à la place de Monsieur Alassane Ouattara, il est obligé de prendre la sortie unique du tunnel qui dit qu’il doit annuler toute l’élection pour que les Ivoiriens repartent voter ; parce que ce n’est pas lui, le Conseil Constitutionnel, qui peut voter à la place des Ivoiriens et choisir leur Président !
Et c’est pourquoi ce même article 64 ajoute plus loin que, le cas échéant, un nouveau scrutin est organisé au plus tard quarante cinq jours après la date de la décision du Conseil Constitutionnel.
Voyez-vous, Ex-Président, Excellence, c’est là que les politiciens et juristes qui Vous conseillent, ceux du pays comme ceux de la métropole, les juristes et les personnalités du Conseil Constitutionnel, pouvaient Vous aider et Vous éviter de subir ces qualificatifs peu glorieux d’usurpateur, de dictateur, que sais-je encore ?
Il leur suffisait d’annuler purement et simplement toute l’élection, comme l’article 64 l’exige, puis de demander à la Commission Electorale Indépendante (CEI) de proposer au Gouvernement la date du nouveau scrutin qui devait être examinée en conseil des ministres.
A partir de là, il n y aurait plus eu de « Président élu » ni de « Président déclaré » ! Et pas davantage de soutien ni de reconnaissance de qui que se soit en faveur de ou contre qui que se soit.
Il ne serait resté que Vous seul, Eternel Commandeur, Lumineux Guide du peuple ivoirien ! Omnipotent. Omniprésent. Omniscient.
Avec Votre Constitution à laquelle personne ne doit toucher, sauf bien sûr Vous seul !
Et Vous l’auriez maniée à Votre seule guise, avec Votre Bic à Vous seul !
Et Vous leur auriez rappelé, à tous, cet article 39 de Votre Constitution qui dit que « les pouvoirs du Président de la République en exercice expirent à la date de prise de fonction du Président élu, laquelle a lieu dès après la prestation de serment ».
Oui, Ex-Président, Vous vous en souvenez, Vous nous l’avez déjà servi, cet article-là !
Et, comme l’article 64 fait annuler TOUS les Présidents et demande de reprendre l’élection, il n’y a pas de Président élu à qui Vous auriez pu donner Vos Pouvoirs ; et le premier tour aurait été joué !
A cet article 39, Vous auriez fais suivre l’article 48 de Votre même Constitution. Oui, celui-là même que Vous avez utilisé pour que Monsieur Ouattara soit candidat !
Mauvais souvenir ou mauvais exemple peut-être, surtout en ce moment où c’est lui le Président élu ! Mais c’est le même article que Vous avez utilisé en février 2010 pour dissoudre le gouvernement et la CEI afin de chasser Mambé, Robert Beugré Mambé, l’ex-Président de la CEI que Vous accusiez de vouloir « frauder » pour faire gagner... Ouattara ! Décidemment, il ne nous quitte jamais, le Président élu !
Et avec cet article 48 de Votre Constitution, Vous seriez seul face à la CEI et face au Gouvernement. Oui, seul face à Bakayoko qui a osé proclamer que c’est Ouattara le Président élu !
Et Vous Vous seriez souvenu que Damana Pickas et Tokpa Vehi ont arraché et déchiré devant les télévisions du monde entier, la feuille de proclamation des résultats de l’élection présidentielle que tenait en main Bamba Yacouba, le porte parole de la CEI ; parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec lui et surtout, parce qu’il y avait un blocage au sein de la CEI ; un blocage plus grave que celui du temps de Mambé, son ex-président.
Qui aurait contesté de Vous voir appliquer la même sanction qui avait permis de débloquer la CEI précédemment ? Vous l’auriez dissoute encore une fois, leur CEI !
Cette CEI dominée par l’opposition politique du RHDP !
Et cette fois-ci, on l’aurait recomposée selon Votre volonté et à la lumière des scrutins du 31 octobre et du 28 novembre dont Vous-même et tous les membres de Votre clan auraient tiré une bonne expérience et de belles leçons !
Parlons à présent du Gouvernement ! Oui Ex-Président, le Gouvernement de Soro Guillaume !
Vous Vous seriez trouvé seul en face de Soro Guillaume et avec Votre Bic et Votre Constitution, dont l’article 41 dit que « Le Président de la République est détenteur exclusif du pouvoir exécutif ». Il nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, qui est responsable devant lui. IL MET FIN A SES FONCTIONS... »
Oui, Monsieur l’Ex-Président, Vous auriez mis fin à ses fonctions ! N’a-t-il pas perdu sa neutralité alors qu’il s’est toujours proclamé arbitre, et même qu’il Vous a laissé croire qu’il pencherait pour Vous, le moment venu ? Ne Vous a-t-il pas abusé pour finalement soutenir les résultats de Bakayoko, « au nom de sa foi chrétienne et au nom de la Vérité », cette Vérité qu’il doit à lui-même mais aussi et surtout au Peuple de Côte d’Ivoire ?
Et nous y revoilà avec la FOI chrétienne des évêques ! Décidément, si on peut dire que séminaristes et évêques se retrouvent dans les mêmes lieux communs, on doit reconnaitre que dans cette affaire, à chacun sa Vérité !
Le Cardinal Agré, encore lui ! le complice du meurtre du Général Guei Robert, assassiné par DOGBO BLE ! Guei a fait 3 mois chez sa sainteté Le prophète PAPA NOUVEAU (paix à son âme) et est revenu vivant. Il a fait 3 heures chez Le cardinal Agré à la cathédral et en est ressorti criblé de balles ! Voici ce que vous avez fait de t notre cher Prélat ! Il est condamné à vous accompagné dans votre crime jusqu’à ses derniers jours sur terre. C’est ce que nous avons compris dans son adresse à la nation. Cette fois –ci se sont ses fidèles qui le lâchent !
Remémorez-vous ce que le Prophète PAPA NOUVEAU vous a dit, accompagné de BOGA DOUDOU…. Nous ne sommes pas loin. Cet Homme de disait que la vérité, rien que la vérité durant ses 64 ans de mission sur Terre : « Vous aurez la garde de ce pays pendant 10 ans, après les élections que vous perdrez, quittez le pouvoir pour faire la gloire de la démocratie en RCI et dans le monde…. On peut –être au pouvoir, organiser les élections et les perdre…»
Cette parole du Prophète PAPA NOUVEAU, vous l’avez bien comprise et vous avez même eu le courage de la répéter lors de votre investiture en 2000 comme une leçon bien comprise et assimilée…. Qu’en avez –vous fait 10 ans après ?
Il a dit qu’il allait auprès de Dieu son père nous ramener la paix. Il y va pour la mission des grands…
Mais Monsieur l’Ex-Président, Guide suprême du pays, Sauveur inspiré de la Nation toute entière, Vous ne seriez plus à rechercher ni le soutien des évêques ni celui des intellectuels et, mieux, Vous auriez économisé l’argent que Messieurs Dumas et Vergès sont venus Vous prendre, de Nos caisses !!!
Révoqué, le Premier Ministre ! Et, avec lui, tout son gouvernement, dont une bonne partie se retrouve aujourd’hui au Golf hôtel ! Même que Soro y a repris Patrick Achi et Hamed Bakayoko ainsi que Amadou Gon Coulibaly, tous ceux-là que Vous aviez eu tant de mal à chasser après la dissolution du gouvernement en février 2010 ! Quelle ingratitude !
Mais heureusement que la Constitution est là ; et aussi, les rebelles armés au Centre, au Nord et à l’Ouest du pays ! Oui Ex-Président éclairé, les rebelles par qui « les irrégularités graves » sont arrivées au cours du scrutin du second tour et qui ont entrainé l’annulation de toute l’élection présidentielle !
Monsieur l’Ex-Président, personne, dans aucune partie du monde ne peut Vous demander de reprendre les élections tant que ces rebelles-là ne sont pas totalement désarmés, tant qu’ils n’ont pas mis fin à l’atteinte qu’ils portent à l’intégrité du territoire, et tant qu’ils n’ont pas réintégrés la République !
Et d’ailleurs, Votre Constitution, oui, elle a son article 38 qui dit « qu’en cas d’évènements ou de circonstances graves, notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire, ou de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats (...), le Conseil Constitutionnel décide dans les vingt quatre heures, de l’arrêt ou de la poursuite des opérations électorales…»
Et là, Inoxydable Ex-Président, on peut vraiment dire : heureusement que le Conseil Constitutionnel est là et a à sa tête, Yao N’Dré Paul (Pablo pour les intimes comme Vous) !
Alors, un arrêt, oui, une Décision de Yao N’Dré, et une seule, fondée sur l’article 38 de Votre Constitution et sur les rebelles armées en zone Centre, nord et ouest (CNO), avec à l’appui les « irrégularités graves » du second tour, et il en serait terminé des élections en Côte d’Ivoire pour encore quelques années ! Et il en serait terminé de Vos Augustes Insomnies, Monsieur l’Ex-Président !
Plus d’élection présidentielle ! Et de surcroit, par la faute exclusive des rebelles et de leur mentor ! La cerise sur le gâteau ! La couronne sur la galette !
Mais voilà, malheureusement, ils sont tous passés à côté, Vos évêques « supporters », Vos juristes, avocats, magistrats, politiciens, intellectuels et membres du Conseil Constitutionnel !
Même Yao N’Dré Paul, le Professeur agrégé de droit, n’y a vu que du feu !
Et ils Vous ont conseillé de faire comme Guéi, feu le Général Robert Guéi, qui voulait ôter le treillis pour revêtir le costume de « Président légitime » en utilisant les urnes comme un simple vernis pour usurper le pouvoir et le confisquer avec l’aide de l’armée !
Mais Vous les avez écoutés, Ex-Président ! Et Vous voilà à votre tour pourchassé par la clameur publique, que dis-je ? par la colère de Votre Peuple et la réprobation de la communauté internationale.
Le Prophète PAPA NOUVEAU (paix sur la terre d’éburnie) n’est plus là pour vous héberger et vous protéger. Ne comptez pas sur le Cardinal Agré quand le moment sera venu de fuir du Palais. Il livrera votre corps aux forces spéciales…
Ne les écoutez plus car un Peuple bâillonné n’en a pas moins une opinion !
Et Vous savez comment tout cela s’est terminé pour feu le Général Guéi !
Vous savez qu’en ce qui le concerne, Affi N’guessan, le Président de Votre parti, le Président du FPI, pourrait vous rafraichir la mémoire s’il veut encore Vous aider...
Mais à présent, avez-vous vraiment besoin d’écouter tous ceux-là pour Vous faire Votre propre opinion et pour éclairer Votre présidentielle lanterne quant à la décision que Vous devez prendre ?
Ils n’ont pas su Vous conseiller pour que Vous gardiez le pouvoir, bien que sachant depuis l’aube des temps que Vous ne vouliez pas le rendre au Peuple afin qu’il opère son libre choix !
Vous devez comprendre par Vous-même qu’aujourd’hui encore, dans l’épreuve et l’adversité, leurs conseils n’ont été ni ne sont ni justes ni éclairés.
Votre destin Vous appartient. Vous pouvez encore sauver Votre vie en premier et sauver ensuite celle du Peuple que Vous avez eu l’honneur de diriger pendant dix ans.
Pendant dix ans, Vous avez été l’Elu parmi une vingtaine de millions d’habitants ; et avant Vous, seuls trois Ivoiriens ont eu cette chance. Quel privilège !
Mon maître et mon père au barreau de Côte d’Ivoire, et dans une grande partie de ma vie, ce maître que Vous connaissez bien d’ailleurs et que le monde pleure en ce moment même, ce compagnon de Félix Houphouët-Boigny et d’Aimé Césaire, ce poète, écrivain, peintre et grand avocat, me répétait souvent ceci : « Le chemin de la Vérité n’est pas toujours facile à emprunter ni à parcourir, mais son aboutissement procure les meilleures joies. »
Ce maître, c’est Maître Emile Eugène Dervain, décédé le 31 décembre 2010, il y a seulement une dizaine de jours ! Qu’il repose en paix et que la terre lui soit légère.
Et moi, je suis le maître de Géraldine Odehouri, Votre conseillère juridique principale ! C’est auprès de moi et en mon cabinet que, fraichement émoulue de l’université, elle a fait son stage d’avocate et appris « une première partie » du métier d’avocat.
Et moi, je suis aussi le maître de Rodrigue Dadje, l’avocat de Simone, Votre épouse, dans l’affaire Kieffer. C’est auprès de moi et en mon cabinet qu’il apprit lui aussi les rudiments du métier d’avocat en tant que stagiaire.
Et moi encore, je suis le maître de Dagbo Esther Désirée Dobli, l’actuelle secrétaire générale adjointe de Votre gouvernement. C’est auprès de moi et en mon cabinet qu’elle fit une partie de son stage d’avocate avant d’entrer dans la filière café-cacao et d’occuper ses fonctions actuelles.
Et moi enfin, je fus Votre avocat, membre du collectif qui prit Votre défense à la suite des évènements du 18 février 1992. Lorsqu’elle le méritait.
Monsieur l’Ex-Président, Excellence, prenez le chemin de la Vérité et laissez-vous conduire jusqu’à son aboutissement ! Vous sortirez ainsi par la grande porte ! Celle qui lavera toutes les offenses dont Vous vous sentez victime, à tort ou à raison, mais celle qui Vous lavera aussi et surtout de toutes les offenses qui peuvent Vous être reprochées, à tort ou à raison.
Vous n’avez pas gagné les élections. Vous le savez. Et le Conseil Constitutionnel n’a pas utilisé la seule voie qui Vous aurait permis de garder encore le Pouvoir ! Et Vous le savez à présent !
En essayant de Vous forger et de Vous imposer une autre voie que celle de l’article 64 du code électoral, le Conseil Constitutionnel Vous a conduit dans l’impasse. Et avec Vous, toute la Côte d’Ivoire et, un peu plus loin, toute la sous-région ! Et peut-être encore plus loin... !
A Abidjan, on dit : « Prési, quitte dans ça et libère le pays ! »
Mon Ex-Président, mon ancien ami, retrouvez le droit chemin, celui que vous nous indiquiez avant de vous perdre.
Merci de m’avoir lu et à bientôt !
Me Konaté Fakhy N’fa Kaba
Avocat
Commissaire National des Droits de l’Homme (CNDH-CI)
Abidjan
Côte d’Ivoire