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Politique Publié le mardi 25 janvier 2011 | AFP

Un pays, deux présidents: Mba Obame tente le scénario ivoirien au Gabon

© AFP Par DR
République du Gabon - Le Président Ali Bongo
LIBREVILLE - L`opposant et député gabonais André Mba Obame, qui conteste l`élection d`Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon depuis 2009, s`est autoproclamé mardi président et a formé son "gouvernement", s`inspirant d`une dyarchie dont tente de sortir la Côte d`Ivoire.
Le ministre de l`Intérieur Jean-François Ndongou l`a accusé avec ses
compagnons politiques d`avoir "violé gravement" la Constitution et commis "un
crime de haute trahison" alors que le Parti démocratique gabonais (PDG, au
pouvoir) a dénoncé un "acte de sédition" en appelant à sévir contre lui.
Mba Obame, ex-ministre gabonais de l`Intérieur, a prononcé sa déclaration
et le serment constitutionnel d`investiture devant une foule de partisans et
journalistes à Libreville au siège de l`Union nationale (UN).
Il a toujours revendiqué la victoire à la présidentielle gabonaise (tour
unique) du 30 août 2009, tout comme la filiation spirituelle du président Omar
Bongo, père d`Ali Bongo, décédé deux mois avant le scrutin. Selon les
résultats définitifs validés par la Cour constitutionnelle, Ali Bongo a été
élu avec 41,79% des voix devant l`opposant historique Pierre Mamboundou (2e
avec 25,66%) et André Mba Obame (3e avec 25,33%)
"Le vote des Gabonais est plus fort que la décision d`une Cour
constitutionnelle aux ordres (...) Le Gabon doit être dirigé par celui que les
Gabonaises et les Gabonais ont réellement choisi", a estimé Mba Obame dans son
"adresse au peuple gabonais" diffusée par sa chaîne de télévision TV+.
Il a cité et répété avec insistance un article de "la déclaration des
droits de l`Homme et du citoyen de 1793" évoquant "l`insurrection" comme droit
et devoir "quand le gouvernement viole le droit du peuple".
"Mes chers compatriotes, nous y sommes! (...) Prenons nos responsabilités.
Personne ne le fera à notre place. Nous ne sommes pas plus lâches que les
Ivoiriens", a-t-il lancé, sibyllin, annonçant avoir nommé comme "Premier
ministre" Raphaël Bandega Lendoye, universitaire et cadre de l`UN. Le
"gouvernement" ensuite dévoilé par M. Bandenga Lendoye compte 18 ministres.
La Côte d`Ivoire tente de sortir d`une grave crise politique résultant de
sa présidentielle 28 novembre. Un bras-de-fer y oppose deux présidents
proclamés, chacun ayant formé son gouvernement et dont aucun ne semble prêt à
abandonner: Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur du scrutin par le Conseil
constitutionnel, et Alassane Ouattara, déclaré élu par la commission
électorale et reconnu par la quasi-totalité de la communauté internationale.
André Mba Obame a appelé à une adhésion populaire sans demander
explicitement une révolte mais, encore énigmatique, a précisé être lui-même
"prêt à tout".
S`il s`est inspiré du scénario ivoirien, à l`entendre, Mba Obame rêve
plutôt de l`exemple en Tunisie où une révolte populaire historique a renversé
le président Zine el Abidine Ben Ali.
"Nous ne sommes pas plus lâches que les Tunisiens. Alors, l`Histoire est en
marche, on y va!", a-t-il soutenu, assurant n`avoir "ni arme, ni armée" mais
avoir avec lui "le peuple gabonais et sa détermination."
Selon des observateurs, son initiative a peu de chances d`aboutir après 15
mois de pouvoir d`Ali Bongo dans ce pays pétrolier, havre de stabilité dans
une région éprouvée par des rébellions ou guerres civiles.
Au regard de la "lourde responsabilité" qu`ils ont prise, Mba Obame et ses
compagnons sont passibles de procès, levée d`immunité parlementaire,
dissolution de leur parti et radiation de la fonction publique, a prévenu le
ministre de l`Intérieur. Et le gouvernement pourra prendre à leur encontre
"toute autre mesure légale et réglementaire nécessaires".
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