Jeudi 12 mai 2011, le Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a rendu un symbolique hommage aux martyrs de la crise post-électorale. A cette occasion, il a rassuré les Ivoiriens quant à sa volonté de donner une suite judiciaire à tous les massacres qui ont été perpétrés en Côte d’Ivoire, soulignant «qu’aucun crime ne restera impuni». De quoi mettre du baume au cœur de ces victimes et par conséquent tuer le scepticisme qui avait commencé à gagner beaucoup d’Ivoiriens. Le vendredi dernier, en visite au Sénégal, il s’est voulu beaucoup plus explicite. «Ceux qui ont commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité seront traduits devant la CPI», avait-il dit, sans toutefois rejeter la probabilité d’une amnistie en faveur de certains dignitaires. En matière de justice, la Côte d’Ivoire, cet Eléphant, a toujours donné le sentiment de marcher d’une seule patte. Une justice à
double vitesse où la force du droit est malmenée par la force de l’argent. Avec cette nouvelle ère, qui s’ouvre, le président Alassane Ouattara veut mettre au même diapason du droit, donc de la justice, tous les citoyens de ce pays. C’est toujours dans cet esprit du respect de la vie humaine, qu’il entend instituer «une journée nationale des martyrs», le 12 mai de chaque année. Trois jours de deuil national ont donc été décrétés. Du 12 au 14 mai 2011, les Ivoiriens ont prié aussi bien pour les morts que pour eux-mêmes. Ils ont prié afin que Dieu veille sur la Côte d’Ivoire. Les drapeaux ont été mis en berne sur toute l’étendue du territoire. Symbole du respect des Ivoiriens pour leurs morts. Mais un fait, pour le moins paradoxal, est venu jeter le trouble dans les esprits des Ivoiriens : le voyage du Président de la République quelques heures après cet hommage. Le premier du genre depuis sa prise effective du
pouvoir, le 11 avril dernier. Nombre d’Ivoiriens sont encore à se demander comment le Chef de l’Etat, garant de la nation, qui porte le deuil de ces concitoyens peut-il s’offrir le luxe d’un tel voyage ? Accueil triomphal, un somptueux diner... Comme si le Président de la République donnait le sentiment d’accorder peu de considération à la mémoire de «ces martyrs». Au Sénégal, le drapeau ivoirien n’est certainement pas resté en berne. Au rythme de l’Abidjanaise, il a dû être porté au sommet du mât. Pour des observateurs, ce fait se présente comme une contradiction tout comme le voyage même du président au Sénégal. Au strict plan de la morale, des valeurs africaines, notamment en ce qui concerne les rapports des vivants avec les morts, on peut affirmer que le chef de l’Etat a fait un pas de «Clerc». Le Président de la République avait le choix. Soit il effectuait sa visite officielle au Sénégal avant
d’organiser la cérémonie d’hommage aux martyrs et décréter les trois jours de deuil au cours desquels les drapeaux ivoiriens resteraient en berne partout, soit il en finissait avec nos morts avant d’effectuer sa visite. Car pour les Ivoiriens, l’idée originale de rendre hommage à ceux qui n’ont pas survécu à la crise ne devait aucunement souffrir de critique. En tout état de cause, la politique a ses raisons que le commun des mortels ignore totalement. C’est en cela, de notre point de vue, que les Ivoiriens ne devraient pas s’empresser de jeter la pierre au Président de la République. Car quoiqu’on dise, une visite au Sénégal, de surcroît à une icône de l’envergure de Me Abdoulaye Wade, exprime à elle seule toute la volonté de s’abreuver à la source de la démocratie. Tout comme la visite d’amitié et de travail que le Chef de l’Etat devait effectuer aujourd’hui même au Burkina Faso. Le Sénégal et le
Burkina Faso, on le sait, sont demeurés au chevet de la Côte d’Ivoire pendant le dénouement de la crise ivoirienne. Il était donc indiqué, qu’avant même d’être investi de tous les pouvoirs, le Président de la République exprime à ces peuples la reconnaissance de tous les Ivoiriens et les invite, par ailleurs, à effectuer le déplacement de Yamoussoukro pour la cérémonie d’investiture du samedi 21 mai prochain. En même temps qu’il parait tout indiqué que le gouvernement ivoirien prenne effectivement le bâton pour mettre fin définitivement à certains abus d’hommes en armes qui circulent en toute impunité dans la cité. Depuis l’entrée des Forces républicaines à Abidjan, il n’est pas rare de voir des personnes en treillis militaire, se réclamant de ces forces, commettre des pillages de domicile, des vols et autres exactions sur les populations. Le fléau prend de l’ampleur à tel point qu’à Abidjan, on ne dort
plus que d’un seul œil. Cette situation donne la nette impression que le peuple ivoirien vit dans un Etat de non droit. La normalisation et la sécurisation du pays annoncées par le Chef de l’Etat gagneraient à être traduites en actes. La crédibilité du pays en dépend au moment où celui-ci amorce un virage délicat de son histoire.
COULIBALY Vamara
double vitesse où la force du droit est malmenée par la force de l’argent. Avec cette nouvelle ère, qui s’ouvre, le président Alassane Ouattara veut mettre au même diapason du droit, donc de la justice, tous les citoyens de ce pays. C’est toujours dans cet esprit du respect de la vie humaine, qu’il entend instituer «une journée nationale des martyrs», le 12 mai de chaque année. Trois jours de deuil national ont donc été décrétés. Du 12 au 14 mai 2011, les Ivoiriens ont prié aussi bien pour les morts que pour eux-mêmes. Ils ont prié afin que Dieu veille sur la Côte d’Ivoire. Les drapeaux ont été mis en berne sur toute l’étendue du territoire. Symbole du respect des Ivoiriens pour leurs morts. Mais un fait, pour le moins paradoxal, est venu jeter le trouble dans les esprits des Ivoiriens : le voyage du Président de la République quelques heures après cet hommage. Le premier du genre depuis sa prise effective du
pouvoir, le 11 avril dernier. Nombre d’Ivoiriens sont encore à se demander comment le Chef de l’Etat, garant de la nation, qui porte le deuil de ces concitoyens peut-il s’offrir le luxe d’un tel voyage ? Accueil triomphal, un somptueux diner... Comme si le Président de la République donnait le sentiment d’accorder peu de considération à la mémoire de «ces martyrs». Au Sénégal, le drapeau ivoirien n’est certainement pas resté en berne. Au rythme de l’Abidjanaise, il a dû être porté au sommet du mât. Pour des observateurs, ce fait se présente comme une contradiction tout comme le voyage même du président au Sénégal. Au strict plan de la morale, des valeurs africaines, notamment en ce qui concerne les rapports des vivants avec les morts, on peut affirmer que le chef de l’Etat a fait un pas de «Clerc». Le Président de la République avait le choix. Soit il effectuait sa visite officielle au Sénégal avant
d’organiser la cérémonie d’hommage aux martyrs et décréter les trois jours de deuil au cours desquels les drapeaux ivoiriens resteraient en berne partout, soit il en finissait avec nos morts avant d’effectuer sa visite. Car pour les Ivoiriens, l’idée originale de rendre hommage à ceux qui n’ont pas survécu à la crise ne devait aucunement souffrir de critique. En tout état de cause, la politique a ses raisons que le commun des mortels ignore totalement. C’est en cela, de notre point de vue, que les Ivoiriens ne devraient pas s’empresser de jeter la pierre au Président de la République. Car quoiqu’on dise, une visite au Sénégal, de surcroît à une icône de l’envergure de Me Abdoulaye Wade, exprime à elle seule toute la volonté de s’abreuver à la source de la démocratie. Tout comme la visite d’amitié et de travail que le Chef de l’Etat devait effectuer aujourd’hui même au Burkina Faso. Le Sénégal et le
Burkina Faso, on le sait, sont demeurés au chevet de la Côte d’Ivoire pendant le dénouement de la crise ivoirienne. Il était donc indiqué, qu’avant même d’être investi de tous les pouvoirs, le Président de la République exprime à ces peuples la reconnaissance de tous les Ivoiriens et les invite, par ailleurs, à effectuer le déplacement de Yamoussoukro pour la cérémonie d’investiture du samedi 21 mai prochain. En même temps qu’il parait tout indiqué que le gouvernement ivoirien prenne effectivement le bâton pour mettre fin définitivement à certains abus d’hommes en armes qui circulent en toute impunité dans la cité. Depuis l’entrée des Forces républicaines à Abidjan, il n’est pas rare de voir des personnes en treillis militaire, se réclamant de ces forces, commettre des pillages de domicile, des vols et autres exactions sur les populations. Le fléau prend de l’ampleur à tel point qu’à Abidjan, on ne dort
plus que d’un seul œil. Cette situation donne la nette impression que le peuple ivoirien vit dans un Etat de non droit. La normalisation et la sécurisation du pays annoncées par le Chef de l’Etat gagneraient à être traduites en actes. La crédibilité du pays en dépend au moment où celui-ci amorce un virage délicat de son histoire.
COULIBALY Vamara