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Société Publié le mercredi 25 mai 2011 | Le Patriote

Dr Duncan Ahoubé Rachel, Directeur de la Pharmacie de la Santé Publique : “Tous les dons ne correspondent pas à nos besoins”

© Le Patriote Par DR
Santé : Pénurie de médicaments en vue en Côte d’Ivoire en raison de l’embargo
Photo: des médicaments en officine
Face au manque de médicaments, le directeur de la Pharmacie de la Santé Publique explique que les dons reçus ne répondent pas toujours aux attentes des malades. Par la même occasion, elle se prononce sur d`éventuels cas de fraudes.
Le Patriote : Dr Duncan, quel est le point en ce qui concerne les médicaments reçus pas la PSP pour faire face à la gratuité des soins dans les hôpitaux publics ?
Dr Duncan Ahoubé Rachel: Nous avons eu des dons qui ont été adressés directement à la PSP. Il y a eu des organismes comme l`OMS, l`UNICEF qui ont été les premiers à réagir. Il y a eu Médecins Sans Frontières qui nous donné des médicaments, un peu d`ARV. Il y a également la Coopération française qui a fait des dons à la PSP, mais aussi directement aux trois grands CHU. Il y a également des laboratoires qui sont venus à notre aide. Mais, il faut dire que certaines ONG ont préféré aller directement sur le terrain avec leurs médicaments.

LP : Vous avez reçu beaucoup de dons. Est-ce que tous ces dons répondent effectivement à vos attentes ?
Dr D.A.R. : En effet, en matière de médicament, nous parlons en termes de quantité, mais également en termes de qualité. Lorsque nous avons dépouillé les dons, certes il y a plein de choses qui nous intéressaient. Mais nombreux sont ceux qui ne correspondent pas à nos besoins. Il y a des médicaments dont les gens ont besoin au quotidien, or bien des dons que nous avons reçus, sont des médicaments d`urgence. Ils sont utilisés pour une période précise. Mais ce que les malades utilisent régulièrement, les médicaments qui font tourner la PSP à 80%, on ne les retrouve pas trop dans les dons. Cela nous a amené à établir une liste des médicaments dont nous avons besoin, que nous avons communiqué à tous les futurs donateurs, pour que cela soit conforme avec la réalité du terrain. Heureusement qu`à la PSP, nous avions un stock résiduel de médicament qui nous a permis un tant soit peu de combler le déficit. Parce que le gouvernement a déclaré la gratuité, même sur le stock résiduel de la PSP.

LP : De quels médicaments avez-vous besoin ?
Dr D.A.R. : La liste est longue. Mais en gros, on peut citer les antibiotiques, les antispasmodiques, les médicaments injectables pour le paludisme, les médicaments pour la diarrhée des enfants, etc.…

LP : Comment faites-vous le dispatching des médicaments reçus ?
Dr D.A.R. : Nous avons commencé par la zone d`Abidjan. Toutes les semaines, nous livrons dans les formations sanitaires d`Abidjan. Nous allons continuer ainsi. Mais parallèlement, nous allons livrer l`intérieur du pays. Les choses se feront concomitamment. Mais il faut dire que déjà, les formations sanitaires à leur niveau avaient des stocks résiduels avant que la gratuité ne soit annoncée. Ce stock est mis à la disposition des malades gratuitement pour anticiper sur les médicaments que devrait livrer la PSP. Ils ont donc des petites choses qu`ils peuvent donner gratuitement et la PSP suivra. La gratuité court jusqu`au 31 mai. Nous sommes donc toujours dans le temps. Mais jusqu`à la fin de la semaine, nous aurons fini avec la distribution.

LP : Vous livrez les médicaments aux hôpitaux. Avez-vous mis un dispositif en place pour en avoir la traçabilité. Notamment pour savoir s`ils sont effectivement donnés gratuitement aux malades ?
Dr D.A.R. : Effectivement, la gratuité a été instaurée, mais nous avons mis en place des méthodes de traçabilité. Au niveau de la PSP, il n`y a pas de problème. Nous avons notre méthode de travail. Au niveau des formations sanitaires, nous avons exigé que les gens travaillent avec des outils comme des ordonnances-factures. C`est sur ces ordonnances-factures comportant des cachets gratuits à plusieurs volets que le médecin fait les prescriptions. Donc chacun à son niveau saura ce qu`il y a à faire. Mais en ce qui nous concerne, nos pharmaciens superviseurs font le tour des centres pour faire le suivi des médicaments livrés. Au niveau du ministère, le ministre a donné des instructions afin que l`inspection générale, la direction de la pharmacie des médicaments et la PSP fassent des contrôles pour voir si la gratuité est effectivement appliquée.

LP : Avez-vous déjà eu des déperditions à ce niveau. Des médicaments ne sont-ils pas sortis du circuit de la PSP pour se retrouver sur le marché?
Dr D.A.R. : Non, nous n`avons pas encore eu vent d`un tel acte. Mais il faut dire que les sanctions sont prévues pour ce genre de situation. Surtout quand il s`agit des personnes travaillant dans les formations sanitaires qui se rendent coupables de ce genre d`actes. Mais s`il s`agit des malades qui viennent prendre les médicaments pour aller les vendre dehors, vous comprenez que cela devient compliqué. Sinon, les agents de santé connaissent les sanctions qu`ils encourent s`ils sont pris en train de s`adonner à de tels travers.

LP : Est-ce que vous avez une adresse particulière à l`endroit de vos partenaires internationaux ?
Dr D.A.R. : Oui. Je voudrais dire que la Côte d`Ivoire a vécu une grave crise. La PSP souhaite que tous ceux qui voudrait faire un don en médicament au pays, se rapproche d`elle pour savoir exactement ses besoins. Cela sera d`un grand apport. Car il faut dire que depuis que la gratuité des soins et des médicaments a été annoncée, le taux de fréquentation des formations sanitaires à quadruplé, voire quintuplé. Nous seront soulagés de voir des médicaments venir renforcer nos stocks. Comme cela, au niveau périphérique, les malades seront beaucoup plus satisfaits.
DM
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