Alassane Ouattara n'en a pas fini avec Laurent Gbagbo. Après la capture du chef de
l'ancien régime par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) aidées des forces
étrangères, Onuci et Licorne le 11 avril dernier, et sa mise à résidence surveillée deux
jours plus tard à Korhogo, loin du siège du pouvoir ivoirien, le nouveau président
semble lui réserver encore bien d'autres surprises. L'objectif de fond, selon des
sources proches du président Ouattara, c'est d'écarter définitivement son rival du
champ politique ivoirien, en tout cas pour ce premier quinquenat. Ce qui devrait lui
assurer une quiètude pendant ce mandat de cinq ans. « Gbagbo, c'est fini », « la page
Gbagbo est définitivement tournée », entend-on dans les milieux du nouveau régime
pour coller à cette volonté. En effet, selon des confidences de personnalités proches
du pouvoir, le président Ouattara ne veut pas avoir à gérer le cas de Laurent Gbagbo.
Qui se présente comme un prisonnier trop encombrant dans une Côte d'Ivoire qui se
relève difficilement d'une crise dont l'ancien président demeure un acteur majeur. Sur
conseil de ses plus solides soutiens extérieurs, notamment les présidents français
Nicolas Sarkozy, et américain Barack Obama, le chef de l'Etat ivoirien est bien
décidé à traduire son prédécesseur devant les tribunaux de La Haye. Et quand on sait
la complexité, la lourdeur et la lenteur des procedures de cette justice internationale,
il y a à parier qu'une fois parvenu dans les box de la Cour pénale internationale,
Laurent Gbagbo pourrait passer plusieurs années avant d'avoir voix au chapitre en
Côte d'Ivoire. En retour, Alassane Ouattara aurait quelques bonnes bouffées
d'oxygène. Cette stratégie de réduction de Gbagbo au silence, à l'instar des Charles
Taylor, Jean Pierre Bemba, dont les procès durent déjà plusieurs années, se peaufine
minitieusement, selon nos sources, dans les couloirs du palais présidentiel. Elle serait
même suivie avec rigueur par le locataire des lieux. « Il y a des catégories (de crimes
ndlr) qui relèvent des tribunaux ivoiriens. La corruption, la déstabilisation, la
confiscation
les tribunaux ivoiriens. Mais à côté, nous avons des crimes de guerre, des crimes
contre
juge », a précisé le président ivoirien le dimanche 22 mai dernier, au cours d'une
interview accordée à la chaine de télévision France 24. Le président Ouattara a
d'ailleurs adressé un courrier datant du 03 mai 2011 au Procureur de la Cour pénale
internationale (Cpi), Luis Moreno Ocampo, l'invitant à venir enquêter sur « les
crimes les plus graves commis depuis le 28 novembre 2010 (date du second tour de
la présidentielle ndlr) sur l'ensemble du territoire ivoirien ». Il a précisé dans ce
courrier que «lescrimes soient identifiées, poursuivies et traduites devant la CPI». Le Procureur Ocampo a fait droit à la requête du chef de l'Etat ivoirien. Il a demandé au président de la Cour de justice internationale, l'autorisation d'enquêter en Côte d'Ivoire. Il
attend désormais la réponse des juges qui ont été désignés pour plancher sur cette
requête. La procédure est donc en cours, mais pourrait buter contre quelques
obstacles. Notamment la non ratification par la Côte d'Ivoire, du traité de Rome
portant création de la CPI. Ce qui pourrait compliquer la tâche à Ouattara qui veut se
débarrasser de son prisonnier en le mettant à la disposition de la justice
internationale.
«Ilselon nous sa responsabilité dans les crimes les plus graves de notre compétence,
c'est une possibilité.», a indiqué le Procureur de la CPI, dans un article publié
récemment dans Le Figaro. Au niveau interne, les choses sont plutôt bien avancées.
Le Procureur ivoirien, Simplice Koffi, a déjà entendu le 6 mai dernier et devrait
entendre encore hier jeudi 26 mai, Laurent Gbagbo, ainsi que plusieurs de ses
proches dans le cadre de l'enquête préliminaire portant sur les crimes commis en Côte
d'Ivoire pendant la crise post-électorale. Isolé diplomatiquement, et défait
militairement, Laurent Gbagbo est donc, selon la volonté de son successeur, un
potentiel client des tribunaux ivoiriens et peut-être internationaux. Des organismes
internationaux de défense de droit de l'homme, notamment Amnesty Internationale, a
épinglé dans son dernier rapport, les deux camps (Gbagbo et Ouattara) d'avoir
commis des crimes de guerre en Côte d'Ivoire. Ce qui donne des orientations aux
enquêteurs internationaux, censés faire la lumière sur les événements qui se sont
produits durant le conflit ivoirien. La volonté de justice d'Alassane Ouattara pourrait
ainsi avoir des effets boomerang pour son régime.
Hamadou ZIAO
Photo: Alassane Ouattara
Légende: Le président ivoirien veut se débarrasser de son rival en le mettant à la
disposition de la CPI
l'ancien régime par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) aidées des forces
étrangères, Onuci et Licorne le 11 avril dernier, et sa mise à résidence surveillée deux
jours plus tard à Korhogo, loin du siège du pouvoir ivoirien, le nouveau président
semble lui réserver encore bien d'autres surprises. L'objectif de fond, selon des
sources proches du président Ouattara, c'est d'écarter définitivement son rival du
champ politique ivoirien, en tout cas pour ce premier quinquenat. Ce qui devrait lui
assurer une quiètude pendant ce mandat de cinq ans. « Gbagbo, c'est fini », « la page
Gbagbo est définitivement tournée », entend-on dans les milieux du nouveau régime
pour coller à cette volonté. En effet, selon des confidences de personnalités proches
du pouvoir, le président Ouattara ne veut pas avoir à gérer le cas de Laurent Gbagbo.
Qui se présente comme un prisonnier trop encombrant dans une Côte d'Ivoire qui se
relève difficilement d'une crise dont l'ancien président demeure un acteur majeur. Sur
conseil de ses plus solides soutiens extérieurs, notamment les présidents français
Nicolas Sarkozy, et américain Barack Obama, le chef de l'Etat ivoirien est bien
décidé à traduire son prédécesseur devant les tribunaux de La Haye. Et quand on sait
la complexité, la lourdeur et la lenteur des procedures de cette justice internationale,
il y a à parier qu'une fois parvenu dans les box de la Cour pénale internationale,
Laurent Gbagbo pourrait passer plusieurs années avant d'avoir voix au chapitre en
Côte d'Ivoire. En retour, Alassane Ouattara aurait quelques bonnes bouffées
d'oxygène. Cette stratégie de réduction de Gbagbo au silence, à l'instar des Charles
Taylor, Jean Pierre Bemba, dont les procès durent déjà plusieurs années, se peaufine
minitieusement, selon nos sources, dans les couloirs du palais présidentiel. Elle serait
même suivie avec rigueur par le locataire des lieux. « Il y a des catégories (de crimes
ndlr) qui relèvent des tribunaux ivoiriens. La corruption, la déstabilisation, la
confiscation
les tribunaux ivoiriens. Mais à côté, nous avons des crimes de guerre, des crimes
contre
juge », a précisé le président ivoirien le dimanche 22 mai dernier, au cours d'une
interview accordée à la chaine de télévision France 24. Le président Ouattara a
d'ailleurs adressé un courrier datant du 03 mai 2011 au Procureur de la Cour pénale
internationale (Cpi), Luis Moreno Ocampo, l'invitant à venir enquêter sur « les
crimes les plus graves commis depuis le 28 novembre 2010 (date du second tour de
la présidentielle ndlr) sur l'ensemble du territoire ivoirien ». Il a précisé dans ce
courrier que «lescrimes soient identifiées, poursuivies et traduites devant la CPI». Le Procureur Ocampo a fait droit à la requête du chef de l'Etat ivoirien. Il a demandé au président de la Cour de justice internationale, l'autorisation d'enquêter en Côte d'Ivoire. Il
attend désormais la réponse des juges qui ont été désignés pour plancher sur cette
requête. La procédure est donc en cours, mais pourrait buter contre quelques
obstacles. Notamment la non ratification par la Côte d'Ivoire, du traité de Rome
portant création de la CPI. Ce qui pourrait compliquer la tâche à Ouattara qui veut se
débarrasser de son prisonnier en le mettant à la disposition de la justice
internationale.
«Ilselon nous sa responsabilité dans les crimes les plus graves de notre compétence,
c'est une possibilité.», a indiqué le Procureur de la CPI, dans un article publié
récemment dans Le Figaro. Au niveau interne, les choses sont plutôt bien avancées.
Le Procureur ivoirien, Simplice Koffi, a déjà entendu le 6 mai dernier et devrait
entendre encore hier jeudi 26 mai, Laurent Gbagbo, ainsi que plusieurs de ses
proches dans le cadre de l'enquête préliminaire portant sur les crimes commis en Côte
d'Ivoire pendant la crise post-électorale. Isolé diplomatiquement, et défait
militairement, Laurent Gbagbo est donc, selon la volonté de son successeur, un
potentiel client des tribunaux ivoiriens et peut-être internationaux. Des organismes
internationaux de défense de droit de l'homme, notamment Amnesty Internationale, a
épinglé dans son dernier rapport, les deux camps (Gbagbo et Ouattara) d'avoir
commis des crimes de guerre en Côte d'Ivoire. Ce qui donne des orientations aux
enquêteurs internationaux, censés faire la lumière sur les événements qui se sont
produits durant le conflit ivoirien. La volonté de justice d'Alassane Ouattara pourrait
ainsi avoir des effets boomerang pour son régime.
Hamadou ZIAO
Photo: Alassane Ouattara
Légende: Le président ivoirien veut se débarrasser de son rival en le mettant à la
disposition de la CPI