«Quel est ce président qui ne se fatigue pas ?», s’interroge dans la soirée du mercredi 29 juin un proche collaborateur du chef de l’Etat, à Malabo. Sur fond de fierté, il avoue être lessivé par ses activités de ce jour aux côtés de son patron qui a l’âge de son père. Pendant que lui-même est complètement vanné, malgré son jeune âge. Alassane Ouattara dévoilera son secret deux jours plus tard, au cours d’une brève causerie avec la délégation de la presse avec qui il partageait une collation. « Quand je suis au travail, je ne sens aucune fatigue et je ne vois pas le temps passer. La fatigue, je ne la ressens que bien plus tard, quand j’ai terminé tout ce que j’ai à faire », a confié le président de la République. Il a réputation d’être un bosseur infatigable. Ses collaborateurs le savent bien, mais quant à nous, c’est à la faveur de ce voyage en Guinée Equatoriale que nous l’avons véritablement constaté. A peine descendu de l’avion qui l’a amené à Malabo, dans l’après-midi de ce 29 juin, et avant même que tous les véhicules de son cortège aient atteint le centre de conférences de Sipopo à une dizaine de kilomètres de l’aéroport, le président ivoirien est déjà dans un tête-à-tête avec son hôte, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Sorti de cette première audience, il fonce tout droit dans la villa de Blaise Compaoré pour des civilités entre voisins ouest-africains. Alors que son équipe pense qu’il va vouloir marquer un temps de repos après le voyage Abidjan-Malabo et les deux premières rencontres, il préfère continuer de travailler. Il enchaîne une dizaine d’audiences jusqu’aux environs de minuit. Le lendemain, pendant que certains membres de la délégation ivoirienne s’étirent encore de fatigue dans leur lit, le septuagénaire est déjà avec la présidente du Libéria. Les deux homologues parlent de la sécurisation de leur frontière commune. Après Ellen Johnson-Sirleaf, il doit s’entretenir avec le président sierra-lionais, Ernest Baï Koroma. Mais ce n’est pas possible. Les chefs d’Etat sont convoqués pour un conclave sur la Libye. Ce huis clos est suivi de la clôture du sommet en plénière qui prend fin vers 20 heures. Les audiences reprennent encore jusque tard dans la soirée. Ouattara a juste 4 ou 5 heures de sommeil, et le matin, à 8 heures, le voici avec une délégation de la Banque mondiale. Au même moment, son cortège est déjà positionné pour le conduire au centre-ville où l’attendent les ressortissants ivoiriens pour une rencontre prévue à 10 heures. Elle finit à midi. Direction, l’aéroport pour le retour au pays. Dans l’avion, pas d’Alassane Ouattara dans le salon d’honneur. Il est dans son petit bureau avec son directeur de cabinet, Marcel Amon Tanoh, et le ministre des Mines et de l’Energie, Adama Toungara. Il faut rapidement évaluer les dividendes que la Côte d’Ivoire a tiré de toutes les rencontres en Guinée Equatoriale. Après une trentaine de minutes, les deux collaborateurs apparaissent dans le salon d’honneur. Toujours pas de Ouattara. Il est encore dans son bureau. On ne le verra qu’à cinq minutes de l’atterrissage, juste pour s’assurer que le voyage s’est bien déroulé pour le reste des passagers, et donner rendez-vous aux journalistes pour un autre voyage dans deux ou trois semaines. Au salon d’honneur de l’aéroport d’Abidjan, il termine son entretien avec ses compagnons de Malabo par ceci : « Je vous souhaite un bon week-end. Moi, je continue de travailler avec le Premier ministre.» Les deux personnalités prennent place dans leurs véhicules et quittent l’aéroport.
Cissé Sindou, envoyé spécial à Malabo
Cissé Sindou, envoyé spécial à Malabo
