Après le troisième incendie du grand marché de Yamoussoukro difficilement circonscrit par la 5e compagnie du Groupement des sapeurs-pompiers militaires, nous nous sommes entretenus avec quelques soldats du feu. Sous le sceau de l’anonymat, nos interlocuteurs expliquent les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs fonctions et proposent des solutions.
« Vraisemblablement, l’incendie de la nuit du lundi au mardi 13 juin 2011, du grand marché de Yamoussoukro, est probablement dû à un court-circuit électrique lui-même consécutif au non-respect des consignes de sécurité», affirme un élément de la 5e compagnie du groupement des sapeurs-pompiers militaires basée à Yamoussoukro. Qui constate l’installation anarchique des marchands dans le marché devenu exigu. «Non seulement les magasins sont pour la plupart des baraques en bois, donc hautement inflammables, mais aussi les allées qui pouvaient servir de pare-feu sont occupées. Sans compter l’enchevêtrement de fils électriques branchés de manière désordonnée », explique le soldat du feu pour qui « si l’on ne prend des mesures draconiennes, les commerçants ne sont pas à l’abri d’un autre sinistre à plus ou moins brève échéance». Toutefois, ajoute-t-il, «nous pouvions circonscrire rapidement ce feu si nous étions bien équipés ». « L’efficacité du pompier dépend de son équipement et de son positionnement par rapport au sinistre », renchérit son camarade.
Créer des postes à proximité des lieux à risque
Il faut, affirme ce dernier, doter les pompiers d’équipements de protection individuelle, notamment, l’appareil respiratoire isolant (Ari) et des gants. A son avis, sans l’Ari, la progression du soldat sur le lieu du sinistre est impossible à cause de la fumée et des gaz chauds produits par les matériaux en feu : bombonnes de butane, bouteilles de pesticides, plastiques… Et les gants lui permettent de dégager, par exemple, les tôles et les planches incandescentes pour atteindre le foyer qu’elles couvent. S’agissant spécifiquement du marché de Yamoussoukro, les points d’eau fonctionnels sont éloignés et ceux qui sont sur le site sont cachés sous les baraquements. Sans compter que la nuit du sinistre, les badauds et les commerçants étaient très nombreux et ils gênaient les pompiers dans leur travail. Centre de secours principal, la 5e compagnie du Gspm, à partir de Yamoussoukro sa base, couvre une zone d’intervention très vaste : de Zianouan à Daloa en passant par la Marahoué et le N’Zi-Comoé. Avec des moyens dérisoires. «Nous n’avons actuellement qu’un seul fourgon-pompe-tonne (Fpt), un seul camion-citerne d’incendie (Cci), une seule échelle mécanique et une seule ambulance », regrette un des soldats du feu. «Forcément, s’il y a 2 incendies en même temps, l’un va attendre.
Sensibiliser les populations et former les agents
De même, se demande-t-il, dépité, si nous devons intervenir pour un accident vers Zianouan et qu’on nous appelle de Bouaflé, comment va-t-on faire ? » Il en faut, pour un minimum d’efficacité, doubler et même tripler ce matériel de base. L’incendie de 1983 a poussé le président Houphouet à créer le 5e Gspm basé à Yamoussoukro. Celui de 2006 ayant montré les limites de la compagnie, le préfet Yao Noël, secrétaire d’Etat à la protection civile s’est investi pour l’équipement. Les premiers matériels sont effectivement arrivés, fournis par des partenaires généreux. D’autres ont suivi après la dissolution du gouvernement Banny mais le 5e Gspm n’a pas été servi. « Avec un peu de volonté et d’imagination, il ne doit pas être difficile d’équiper les pompiers, surtout en passant par la coopération décentralisée », propose le pompier. Ce qui nécessite l’implication des collectivités décentralisées (district et mairie). «Il faut créer et équiper plusieurs postes à travers la zone couverte par le 5e Gspm.
Et, en ville, suivant l’exemple d’Adjamé, poster des pompiers au marché et dans des points bien répertoriés pour leur risque d’incendie ou autres sinistres. Cela, pense-t-il, va raccourcir le délai d’intervention des pompiers. « Dans ce cas, la mairie et le district pourraient être d’un grand secours s’ils engageaient des volontaires, des pompiers civils que le Gspm pourrait former et qui seront encadrés par des retraités. Cela aura le mérite de pourvoir des emplois tout en préservant des vies et des biens », pensent nos interlocuteurs. Les populations, affirment-ils, dans la plupart des sinistres, viennent en spectateurs au risque de devenir elles-mêmes des victimes. Aussi proposent-ils que le 5e Gspm organise souvent des ‘’Journées portes ouvertes’’ pour d’une part faire connaître le corps (cela pourrait créer des vocations) et, d’autre part, éduquer la population. « Elles apprendront ainsi ce qui favorise les sinistres, comment les prévenir, que faire en cas de déclenchement d’un incendie et surtout, ne pas gêner les professionnels que nous sommes dans notre travail. » Quant aux soldats eux-mêmes, pensent-ils, ils ont eux aussi besoin de formation continue et de stages. Pour se familiariser avec les nouvelles techniques de travail et les nouveaux équipements. Surtout que la ville s’apprête à accueillir le président de la République. Revenant sur le marché, nos interlocuteurs pensent qu’il faut, pour des raisons de sécurité, trouver un autre site. En attendant, ils préconisent que la mairie autorise la construction des magasins en parpaings quitte à les démolir au moment voulu. Et que l’on veille à respecter les allées qui pourraient servir de pare-feu en cas de sinistre.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
« Vraisemblablement, l’incendie de la nuit du lundi au mardi 13 juin 2011, du grand marché de Yamoussoukro, est probablement dû à un court-circuit électrique lui-même consécutif au non-respect des consignes de sécurité», affirme un élément de la 5e compagnie du groupement des sapeurs-pompiers militaires basée à Yamoussoukro. Qui constate l’installation anarchique des marchands dans le marché devenu exigu. «Non seulement les magasins sont pour la plupart des baraques en bois, donc hautement inflammables, mais aussi les allées qui pouvaient servir de pare-feu sont occupées. Sans compter l’enchevêtrement de fils électriques branchés de manière désordonnée », explique le soldat du feu pour qui « si l’on ne prend des mesures draconiennes, les commerçants ne sont pas à l’abri d’un autre sinistre à plus ou moins brève échéance». Toutefois, ajoute-t-il, «nous pouvions circonscrire rapidement ce feu si nous étions bien équipés ». « L’efficacité du pompier dépend de son équipement et de son positionnement par rapport au sinistre », renchérit son camarade.
Créer des postes à proximité des lieux à risque
Il faut, affirme ce dernier, doter les pompiers d’équipements de protection individuelle, notamment, l’appareil respiratoire isolant (Ari) et des gants. A son avis, sans l’Ari, la progression du soldat sur le lieu du sinistre est impossible à cause de la fumée et des gaz chauds produits par les matériaux en feu : bombonnes de butane, bouteilles de pesticides, plastiques… Et les gants lui permettent de dégager, par exemple, les tôles et les planches incandescentes pour atteindre le foyer qu’elles couvent. S’agissant spécifiquement du marché de Yamoussoukro, les points d’eau fonctionnels sont éloignés et ceux qui sont sur le site sont cachés sous les baraquements. Sans compter que la nuit du sinistre, les badauds et les commerçants étaient très nombreux et ils gênaient les pompiers dans leur travail. Centre de secours principal, la 5e compagnie du Gspm, à partir de Yamoussoukro sa base, couvre une zone d’intervention très vaste : de Zianouan à Daloa en passant par la Marahoué et le N’Zi-Comoé. Avec des moyens dérisoires. «Nous n’avons actuellement qu’un seul fourgon-pompe-tonne (Fpt), un seul camion-citerne d’incendie (Cci), une seule échelle mécanique et une seule ambulance », regrette un des soldats du feu. «Forcément, s’il y a 2 incendies en même temps, l’un va attendre.
Sensibiliser les populations et former les agents
De même, se demande-t-il, dépité, si nous devons intervenir pour un accident vers Zianouan et qu’on nous appelle de Bouaflé, comment va-t-on faire ? » Il en faut, pour un minimum d’efficacité, doubler et même tripler ce matériel de base. L’incendie de 1983 a poussé le président Houphouet à créer le 5e Gspm basé à Yamoussoukro. Celui de 2006 ayant montré les limites de la compagnie, le préfet Yao Noël, secrétaire d’Etat à la protection civile s’est investi pour l’équipement. Les premiers matériels sont effectivement arrivés, fournis par des partenaires généreux. D’autres ont suivi après la dissolution du gouvernement Banny mais le 5e Gspm n’a pas été servi. « Avec un peu de volonté et d’imagination, il ne doit pas être difficile d’équiper les pompiers, surtout en passant par la coopération décentralisée », propose le pompier. Ce qui nécessite l’implication des collectivités décentralisées (district et mairie). «Il faut créer et équiper plusieurs postes à travers la zone couverte par le 5e Gspm.
Et, en ville, suivant l’exemple d’Adjamé, poster des pompiers au marché et dans des points bien répertoriés pour leur risque d’incendie ou autres sinistres. Cela, pense-t-il, va raccourcir le délai d’intervention des pompiers. « Dans ce cas, la mairie et le district pourraient être d’un grand secours s’ils engageaient des volontaires, des pompiers civils que le Gspm pourrait former et qui seront encadrés par des retraités. Cela aura le mérite de pourvoir des emplois tout en préservant des vies et des biens », pensent nos interlocuteurs. Les populations, affirment-ils, dans la plupart des sinistres, viennent en spectateurs au risque de devenir elles-mêmes des victimes. Aussi proposent-ils que le 5e Gspm organise souvent des ‘’Journées portes ouvertes’’ pour d’une part faire connaître le corps (cela pourrait créer des vocations) et, d’autre part, éduquer la population. « Elles apprendront ainsi ce qui favorise les sinistres, comment les prévenir, que faire en cas de déclenchement d’un incendie et surtout, ne pas gêner les professionnels que nous sommes dans notre travail. » Quant aux soldats eux-mêmes, pensent-ils, ils ont eux aussi besoin de formation continue et de stages. Pour se familiariser avec les nouvelles techniques de travail et les nouveaux équipements. Surtout que la ville s’apprête à accueillir le président de la République. Revenant sur le marché, nos interlocuteurs pensent qu’il faut, pour des raisons de sécurité, trouver un autre site. En attendant, ils préconisent que la mairie autorise la construction des magasins en parpaings quitte à les démolir au moment voulu. Et que l’on veille à respecter les allées qui pourraient servir de pare-feu en cas de sinistre.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
