Totalement isolée pendant la crise postélectorale, la Côte d'Ivoire connait depuis l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara, une véritable renaissance diplomatique. Reste qu'Abidjan retrouve sa place de principal pôle où se prennent les grandes décisions engageant la sous-région.
« Côte d'Ivoire is back! », la Côte d'Ivoire est de retour, cette célèbre phrase prononcée par l'ex- président Laurent Gbagbo en 2002 devant le corps diplomatique à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de présentations de vœux, est malheureusement restée lettre morte durant tout son mandat. Depuis le déclenchement en septembre 2002 de la crise politico- militaire jusqu'à son épilogue le 11 avril 2011 par la chute du « père de la Refondation », la Côte d'Ivoire n'a jamais été, depuis son indépendance en 1960, aussi diplomatiquement isolée. Le début de la rébellion armée coïncide avec ce bannissement diplomatique. Le refus de la France de mater les soudards venus de Bouaké pour « porter le glaive au cœur de la
République », expression utilisée par l'ex- président, a déclenché une véritable inimitié entre le Palais du Plateau et l'Elysée. Les choses vont s'envenimer en novembre 2004, année où la France accusée ouvertement par le régime de Laurent Gbagbo de collusion avec la rébellion, s'est vue obligée d'ordonner l'évacuation de ses ressortissants vivant en Côte d'Ivoire. Dès lors, les relations avec l'ex- puissance coloniale ont pris un sérieux coup de froid. Après le départ de Jacques Chirac, Laurent Gbagbo avait lancé cette boutade, faisant allusion à ses relations avec son successeur: « Avec Sarkozy, je dors mieux ». Erreur certaine d'appréciation, car les dernières nuits qu'il a passées sous la pluie des bombes françaises et onusiennes de fin mars au 11 avril 2011 dans le camp retranché qu'est devenue sa résidence de Cocody, ont plutôt été cauchemardesques. Les mauvaises relations que Laurent Gbagbo entretenait avec la France, vont aussi affecter les liens entre l'ex- président ivoirien et certains de ses pairs perçus à tort ou à raison comme des suppôts de Paris.
C'est le cas du défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba dont le soutien
supposé à Ouattara a fini par agacer Gbagbo qui n'a pas hésité à le traiter de « rigolo ». Abdoulaye Wade, qui s'était pourtant investi dès les premières heures dans la résolution de la crise ivoirienne, a fini par lâcher cette phrase qui jettera un sérieux froid dans ses relations avec Laurent gbagbo : « En France, un Africains est mieux traité qu'un Burkinabé ne l'est en Côte d'Ivoire ». C'était en réaction aux représailles contre les ressortissants burkinabé contraints de fuir massivement la Côte d'Ivoire. Cette situation a provoqué l'ire de Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso qui a prédit à son homologue ivoirien une comparution tôt ou tard devant le Tribunal pénal International (TPI). La crise qui a suivi la présidentielle a été caractérisée par une véritable mise en quarantaine de la Côte d'Ivoire dont le régime était soumis aux sanctions de toutes sortes. La CEDEAO ira même jusqu'à la
suspendre de participation à ses assises. En réaction contre l'acceptation des lettres de
créance des ambassadeurs nommés par Alassane Ouattara auprès de certaines
puissances, Gbagbo décide sans succès de mettre fin à la mission de leurs diplomates
en Côte d'Ivoire. Cette mesure isolera davantage son régime.
Investiture de Ouattara le 21 mai 2011: le vrai « come- back » diplomatique de
la Côte d'Ivoire Quarante jours après la chute de Gbagbo, Alassane Ouattara est investi président de la Côte d'Ivoire devant une bonne vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
C'est le plus grand rendez- vous de dirigeants politiques du monde en Côte d'Ivoire depuis
les obsèques à Yamoussoukro de Félix Houphouët- Boigny, le premier président
ivoirien, il y a 18 ans. Fait rarissime dans l'histoire des investitures de présidents en
Afrique francophone, le président français ne s'est pas fait représenter comme
d'habitude, ni par son conseiller aux affaires africaines, ni par son ministre de la
Coopération. Nicolas Sarkozy conduisait en personne la forte délégation française.
Cette grandiose cérémonie marquait le vrai « come- back », le véritable retour de la
Côte d'Ivoire sur la scène diplomatique. La France est très active dans ce réchauffement des relations de la Côte d'Ivoire avec ses partenaires traditionnels.
Après le président français, c'est le Premier ministre François Fillon qui séjournera en
Côte d'Ivoire du 14 au 16 juillet dernier. En recevant son hôte, le président Ouattara
lui a clairement traduit sa volonté « de réactiver très rapidement la Grande Commission mixte ivoiro- française qui a été une excellente plateforme d'échange pour les deux pays et permettre davantage la coopération entre eux. » Avec ses pairs du continent, notamment ceux de l'Afrique de l'ouest, Alassane Ouattara entretient de meilleures relations. Outre Deauville en France où il a été spécialement invité au sommet du G8, l'essentiel de ses sorties a été consacré au renforcement de la coopération sous- régionale. L'axe Ouaga- Abidjan tout comme Dakar-Abidjan ont été renforcés. Wade, Compaoré et le président nigérian Goodluck Jonathan ont tour à tour reçu la visite de « remerciement » de Ouattara pour leur soutien affiché dans le bras de fer qui l'a opposé à Laurent Gbagbo. Une petite inquiétude tout de même de Ouattara, c'est l'asile que son homologue ghanéen accorde à de nombreux dignitaires et officiers du régime Gbagbo. Mais John Atta Mills s'est voulu rassurant: jamais son pays ne servira d'arrière base à la déstabilisation du nouveau pouvoir. Même assurance donnée au président ivoirien par Helen Johnson Sirleaf, du Liberia pendant son récent séjour à Monrovia dans le cadre du sommet des pays riverains du fleuve Mano. La seule note discordante dans cet élan de soutiens au nouveau régime ivoirien, provient de Banjul. Yahia Jammeh, l'homme fort de Gambie, reste l'un des rares nostalgiques du régime Gbagbo. Quant à Dos Santos, autre proche de l'ancien président, il semble bien avoir accepté le fait accompli. Mais la dernière décision d'Abidjan de retirer la Sonangol, la société pétrolière angolaise, de l'actionnariat de la Société Ivoirienne de Raffinage, (SIR) pourrait, à défaut d'enflammer les relations entre les deux pays, les refroidir plutôt davantage.
Charles d'Almeida
« Côte d'Ivoire is back! », la Côte d'Ivoire est de retour, cette célèbre phrase prononcée par l'ex- président Laurent Gbagbo en 2002 devant le corps diplomatique à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de présentations de vœux, est malheureusement restée lettre morte durant tout son mandat. Depuis le déclenchement en septembre 2002 de la crise politico- militaire jusqu'à son épilogue le 11 avril 2011 par la chute du « père de la Refondation », la Côte d'Ivoire n'a jamais été, depuis son indépendance en 1960, aussi diplomatiquement isolée. Le début de la rébellion armée coïncide avec ce bannissement diplomatique. Le refus de la France de mater les soudards venus de Bouaké pour « porter le glaive au cœur de la
République », expression utilisée par l'ex- président, a déclenché une véritable inimitié entre le Palais du Plateau et l'Elysée. Les choses vont s'envenimer en novembre 2004, année où la France accusée ouvertement par le régime de Laurent Gbagbo de collusion avec la rébellion, s'est vue obligée d'ordonner l'évacuation de ses ressortissants vivant en Côte d'Ivoire. Dès lors, les relations avec l'ex- puissance coloniale ont pris un sérieux coup de froid. Après le départ de Jacques Chirac, Laurent Gbagbo avait lancé cette boutade, faisant allusion à ses relations avec son successeur: « Avec Sarkozy, je dors mieux ». Erreur certaine d'appréciation, car les dernières nuits qu'il a passées sous la pluie des bombes françaises et onusiennes de fin mars au 11 avril 2011 dans le camp retranché qu'est devenue sa résidence de Cocody, ont plutôt été cauchemardesques. Les mauvaises relations que Laurent Gbagbo entretenait avec la France, vont aussi affecter les liens entre l'ex- président ivoirien et certains de ses pairs perçus à tort ou à raison comme des suppôts de Paris.
C'est le cas du défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba dont le soutien
supposé à Ouattara a fini par agacer Gbagbo qui n'a pas hésité à le traiter de « rigolo ». Abdoulaye Wade, qui s'était pourtant investi dès les premières heures dans la résolution de la crise ivoirienne, a fini par lâcher cette phrase qui jettera un sérieux froid dans ses relations avec Laurent gbagbo : « En France, un Africains est mieux traité qu'un Burkinabé ne l'est en Côte d'Ivoire ». C'était en réaction aux représailles contre les ressortissants burkinabé contraints de fuir massivement la Côte d'Ivoire. Cette situation a provoqué l'ire de Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso qui a prédit à son homologue ivoirien une comparution tôt ou tard devant le Tribunal pénal International (TPI). La crise qui a suivi la présidentielle a été caractérisée par une véritable mise en quarantaine de la Côte d'Ivoire dont le régime était soumis aux sanctions de toutes sortes. La CEDEAO ira même jusqu'à la
suspendre de participation à ses assises. En réaction contre l'acceptation des lettres de
créance des ambassadeurs nommés par Alassane Ouattara auprès de certaines
puissances, Gbagbo décide sans succès de mettre fin à la mission de leurs diplomates
en Côte d'Ivoire. Cette mesure isolera davantage son régime.
Investiture de Ouattara le 21 mai 2011: le vrai « come- back » diplomatique de
la Côte d'Ivoire Quarante jours après la chute de Gbagbo, Alassane Ouattara est investi président de la Côte d'Ivoire devant une bonne vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
C'est le plus grand rendez- vous de dirigeants politiques du monde en Côte d'Ivoire depuis
les obsèques à Yamoussoukro de Félix Houphouët- Boigny, le premier président
ivoirien, il y a 18 ans. Fait rarissime dans l'histoire des investitures de présidents en
Afrique francophone, le président français ne s'est pas fait représenter comme
d'habitude, ni par son conseiller aux affaires africaines, ni par son ministre de la
Coopération. Nicolas Sarkozy conduisait en personne la forte délégation française.
Cette grandiose cérémonie marquait le vrai « come- back », le véritable retour de la
Côte d'Ivoire sur la scène diplomatique. La France est très active dans ce réchauffement des relations de la Côte d'Ivoire avec ses partenaires traditionnels.
Après le président français, c'est le Premier ministre François Fillon qui séjournera en
Côte d'Ivoire du 14 au 16 juillet dernier. En recevant son hôte, le président Ouattara
lui a clairement traduit sa volonté « de réactiver très rapidement la Grande Commission mixte ivoiro- française qui a été une excellente plateforme d'échange pour les deux pays et permettre davantage la coopération entre eux. » Avec ses pairs du continent, notamment ceux de l'Afrique de l'ouest, Alassane Ouattara entretient de meilleures relations. Outre Deauville en France où il a été spécialement invité au sommet du G8, l'essentiel de ses sorties a été consacré au renforcement de la coopération sous- régionale. L'axe Ouaga- Abidjan tout comme Dakar-Abidjan ont été renforcés. Wade, Compaoré et le président nigérian Goodluck Jonathan ont tour à tour reçu la visite de « remerciement » de Ouattara pour leur soutien affiché dans le bras de fer qui l'a opposé à Laurent Gbagbo. Une petite inquiétude tout de même de Ouattara, c'est l'asile que son homologue ghanéen accorde à de nombreux dignitaires et officiers du régime Gbagbo. Mais John Atta Mills s'est voulu rassurant: jamais son pays ne servira d'arrière base à la déstabilisation du nouveau pouvoir. Même assurance donnée au président ivoirien par Helen Johnson Sirleaf, du Liberia pendant son récent séjour à Monrovia dans le cadre du sommet des pays riverains du fleuve Mano. La seule note discordante dans cet élan de soutiens au nouveau régime ivoirien, provient de Banjul. Yahia Jammeh, l'homme fort de Gambie, reste l'un des rares nostalgiques du régime Gbagbo. Quant à Dos Santos, autre proche de l'ancien président, il semble bien avoir accepté le fait accompli. Mais la dernière décision d'Abidjan de retirer la Sonangol, la société pétrolière angolaise, de l'actionnariat de la Société Ivoirienne de Raffinage, (SIR) pourrait, à défaut d'enflammer les relations entre les deux pays, les refroidir plutôt davantage.
Charles d'Almeida