Depuis le 13 juillet, Ouattara a signé l’ordonnance portant création de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. La nouvelle est la bienvenue dans la cour du parrain parisien. Car c’est ce vernis faussement brillant qu’il voudrait sur la tragédie du peuple ivoirien. Histoire d’activer les réseaux mafieux à l’échelle mondiale pour soutenir le simulacre d’Abidjan. Alors que sur le terrain la réalité est tout autre. Catastrophique .Les hymnes à la réconciliation entonnés par les pontes du pouvoir sont en fait des plaisanteries de mauvais goût. Des mises en scènes grossièrement montées en trompe œil. Dans la Côte d’Ivoire version Ouattara, il n’est plus bon de dire non plus clairement être opposant avec l’étiquette de pro-Gbagbo. En fait payer cash en monnaie de singe tout le bien que Gbagbo lui a fait lorsque ce dernier était encore au pouvoir. Parce que c’est lui qui l’a fait venir de son exil avec en prime une candidature sur mesure à la présidentielle alors que la constitution ne lui donnait pas droit. Tous les pro-Gbagbo sont aujourd’hui persécutés partout où ils sont. Même ceux qui sont dans les prisons du Nord sont soumis à un régime inhumain. Le monde entier a vu sur le net les humiliations subies par Affi et ses camarades. En réalité, les prisons de Ouattara ont tout d’un goulag de l’ex-empire soviétique. Ouattara veut par tous les moyens anéantir tous ce qui « sent » Gbagbo. Même les journalistes n’échappent à cette traque collective. Le confrère Hermann Aboa de la Rti vient de grossir la liste des journalistes parqués dans le Nord. Que lui reproche-t-on ? Tentative de coup d’Etat, insurrection et usurpation de titre. On rit aux éclats connaissant ce jeune journaliste que toute la Côte d’Ivoire a vu sur les écrans de la Rti. Leur seul tort c’est d être des partisans de Gbagbo. Tout comme Michel Gbagbo a qui le ministre de la justice Ahousssou Jeannot reproche d’être le fils de Gbagbo. Une aberration qui n’honore pas la Côte d’Ivoire. Le Premier ministre Aké N’gbo a été arrêté avant qu’on lui trouve un chef d’inculpation. Une prouesse juridique digne du parti unique. « Une justice à double vitesse », selon Human Rights Watch. Un Etat de non-droit que la France veut perpétuer sur le continent. Et dans le cas de la Côte d’Ivoire, ce n’est pas une « gentille dictature » tel que veulent le faire croire certains milieux français. Le pouvoir Ouattara est une dictature brutale digne de Idi Amin Dada. Et pour mieux tromper l’opinion, il veut faire passer l’idée d’une réconciliation sans Gbagbo. Une dictée qui vient tout droit de l’Elysée qui veut faire payer à l’ex-chef de l’Etat ses velléités souverainistes. Peut-on imaginer une Côte d’Ivoire sans Gbagbo ? Une Côte d’Ivoire sans tous ceux qui de près ou de loin se réclament de l’ex-chef d’Etat ? Pour répondre, il faut se demander qui se réconcilie et avec qui ? Et pourquoi ? Il est clair que le processus tel que mené conduit la Côte d’Ivoire tout droit dans le gouffre. On ne peut pas appeler des gens à la réconciliation et continuer de les traquer, les affamer, les emprisonner, les brutaliser avec la pire des violences. Dans le drame ivoirien, le bourreau soutenu par l’arrogant Occident est devenu la victime. Et le pauvre Banny, pris au piège de ses ambitions, ne fait que jouer le roi d’Opérette. Il n’était pas l’homme qu’il fallait à ce poste. C’est aussi pourquoi il a été placé là, pour être la cinquième roue du pouvoir Ouattara. Car il est su de tout le monde qu’il n’aura jamais le courage de dire non quand il faudra dire non. C’est bien une tradition dans la vieille maison du Pdci. Le mercredi dernier à la Chambre de Commerce, devant des hommes d’affaires, l’homme a profité de la tribune pour régler timidement certains comptes. « Je ne suis pas là pour m’amuser. Ce n’est pas avec moi qu’on va jouer à ce jeu-là », a menacé le prince des Akouè. Qui voudrait bien jouer avec lui ? Le Premier ministre restera évasif sur la question laissant libre cours aux rumeurs. Banny qui voit sûrement ses prétentions à la hausse rêve grand. Ambition légitime d’ailleurs. « Je n’ai pas un gadget en main. Je ne suce pas un bonbon pour ne pas voir passer le grand plat », a-t-il ajouté. Bien dit. Banny ne voudrait pas se contenter d’un simple poste de président d’une Commission sans pouvoir réel et mettre en veilleuse ses ambitions présidentielles. La présidence de la Cdvr pourrait donc lui servir de tremplin. On ne sait jamais. Parlant du rôle de la Commission qu’il dirige, il fait un constat d’impuissance face à Ouattara. « L’ordonnance nous demande de faire des recommandations. Alors que nous avons demandé que les décisions soient exécutoires », déplore-t-il, la mort dans l’âme. L’ordonnance qui crée cette Commission est bien claire là-dessus. Banny et son groupe ne peuvent que faire des recommandations. Et pas plus. Ainsi le veut Ouattara. Il n’a pas envie de se faire hara-kiri avec des Ivoiriens imprévisibles et qui ne portent pas son pouvoir dans le cœur. Au final, Banny se contentera d’un simple gadget. Il a beau avoir le statut de président d’institution, il ne pourra rien devant les exactions de l’armée de Ouattara. Il en est aussi de même pour les prétendues organisations de Droits de l’Homme qui pullulent dans les rues d’Abidjan. Elles ont subitement tous perdu la parole devant la tragédie des Ivoiriens. Pourtant, il y a quelques mois, elles étaient méchamment très en verve sous le régime du Président Gbagbo. Aujourd’hui, elles sont préoccupées à autre chose. La Lidho, le Midh, etc. ont désormais le regard tourné vers les milliards qui seront engloutis dans les caisses du « jouet » de Banny. Il n’y a que la Fidhop de Boga Sacko qui a produit un communiqué très timide dans le mois d’avril dernier. Et après, plus rien. Peut être que pour ces organisations, les partisans de Gbagbo n’ont pas droit à des Droits. Au point de laisser seulement le soin aux Ong internationales de dénoncer les exactions et crimes de masse commis par les Frci dans la commune de Yopougon et à l’Ouest. La Côte d’Ivoire se trouve dans un non-Etat avec tous ces dérapages des hommes de Ouattara. Jamais aucune de ces organisations n’a levé le petit doigt pour dire non. Ont-elles peur du pouvoir Ouattara ? C’est bien une évidence qui saute à l’œil. Et un pouvoir qui tétanise la société civile est une dictature sans pitié.
Guéhi Brence
Guéhi Brence