Dès son avènement, le président de la République, Alassane Ouattara, conscient des conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir, a lancé dans ses premiers discours une idée ingénieuse: celle de la réconciliation nationale en Côte d`Ivoire. A peine un mois après, le chef de l`Etat a joint l`acte à la parole en signant un décret portant création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (DVR). Ce, après avoir invité à Abidjan des sages, précisément les ``Elders`` dont l`Archevêque sud-africain, Desmund Tutu, président de la célèbre Commission Vérité et Réconciliation`` ayant permis au pays de Nelson Mandela de retrouver son unité et sa stabilité. A priori, l`on applaudirait la sagesse d`esprit du nouveau locataire du palais d`Abidjan. Mais, en Côte d`Ivoire, bien de choses ont ceci de particulier qu`elles n`émeuvent pas les populations. Car, pour celles-ci, en vérité, il n`y a rien de nouveau sous les cieux. Il y a assez de ``déjà vu``. Surtout ces dernières décennies. En 2001, que n`ont-elles pas vécu sous Laurent Gbagbo avec le Forum pour la réconciliation nationale de l`ancien Premier ministre Seydou Elimane Diarra, pour attendre quoi que ce soit de la commission DVR confiée à un autre Premier ministre, Charles Konan Banny? Beaucoup se posent certainement cette question. Est-ce pour autant qu`il faille rester à ne rien faire, à se regarder en chiens de faïence et à continuer à se taper dessus comme un peuple encore dans la jungle? Voilà qui justifie l`action de réconciliation engagée. Une action qui s`inscrit comme la priorité pour remettre d`aplomb ce pays défiguré. Avant d`entreprendre toute action de développement et de se convaincre de le réussir, les nouvelles autorités doivent d`abord s`assurer d`avoir réussi la réconciliation des Ivoiriens. Gage de stabilité et de paix durable, elle-même indispensable à un assainissement de l`environnement des affaires pour la promotion des investissements et la mobilisation des bailleurs de fonds et soutiens divers. Parler de reconstruction post-crise déjà, c`est une bonne chose. Mais quelle reconstruction, pendant que l`on a des cœurs encore remplis de haine, des yeux rougis et des muscles toujours bandés, prêts à l`action? Voilà qui impose la réconciliation au peuple ivoirien. Mais, comment y parvenir? Faut-il la laisser entre les seules mains de Charles Konan Banny, comme s`il s`agissait d`un ingénieur à qui l`on confie un pont à bâtir? Non, la réconciliation en Côte d`Ivoire, comme en Afrique du Sud hier, n`est pas l`affaire d`une personne, d`une institution, de celui ou de celle qui l`incarne, voire des seules autorités et leaders politiques. La réconciliation, c`est l`ensemble des 19 millions d`habitants de la Côte d`Ivoire (LMP, RHDP ou non, nationaux ou non nationaux) qui doivent la réussir. Chacun doit s`y engager résolument à son niveau. A chacun son morceau de cœur à souder, sa part de muscle à débander, son regard à reconvertir pour y arriver. Pour sa part, la rédaction du quotidien ``L`inter`` du groupe Olympe a décidé de jouer sa partition. C`est pourquoi, dès maintenant, elle ouvre ses colonnes à tous ceux qui voient un intérêt à la réconciliation et au relèvement de ce pays, apportent leurs contributions. A chacun ses idées, à chacun ses propositions pour ensemble rebâtir le bateau Ivoire, qui a chaviré faute de l`avoir entretenu. A vos plumes, et surtout, que l`unité de la nation prime sur tout autre intérêt. Vive la paix!
Félix D.BONY
Félix D.BONY