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Politique Publié le mercredi 27 juillet 2011 | Le Temps

Les vérités de Kahé Eric (président de l`Aird)

© Le Temps Par DR
Politique nationale : Kahé Eric, président de l`Alliance ivoirienne pour la République et la démocratie (AIRD)
Depuis un certain temps, des militants Lmp de l'Alliance Ivoirienne pour la République
et la Démocratie (Aird) et certains de mes proches parents sont traqués, notamment à
Duékoué, ma région natale. Alors que les motifs nous étaient inconnus au départ, il nous
revient maintenant que cette traque répondrait à un besoin de récupérer des armes que
j'aurais distribuées, alors que le même motif a servi de prétexte aux pillages à grande
échelle, sur deux jours, de ma ferme agro-pastorale et hôtelière qui abrite ma résidence,
sans trace de la moindre cartouche, du moindre fusil de chasse, après des fouilles de fond
en comble.

Je voudrais à nouveau m'incliner, avec respect, devant la mémoire de tous ceux qui, moins
chanceux que nous, ont perdu la vie. Déjà, j'ai officiellement saisi le Représentant Spécial
du Sg de l'Onu en Côte d'Ivoire pour élever la protestation la plus vive, suite à un rapport
(non officiel?) et faire part de ma profonde indignation face à de prétendus témoignages
et des dénonciations calomnieuses dont l'objectif est de justifier des crimes abominables
de sang et des crimes économiques dont les populations de Duékoué, mes parents et
moi même avons été victimes. Sous la pression des organisations de défense des droits
de l'Homme, les auteurs et complices de ces crimes, par des témoignages ridicules et
fallacieux semblent viser divers objectifs: se démarquer d'alliés encombrants tout en

justifiant leurs actes comme la suite logique de faits postérieurs.

Nonobstant l'impérieuse nécessité de réconciliation au nom de laquelle j'ai jusque là
gardé le silence, réconciliation qui ne saurait par contre "être un slogan" ou des actions de
réjouissance populaire sans contenu exact, je voudrais rappeler que le faux témoignage est
passible de poursuites judiciaires.

Au nom des valeurs morales que nous avons en partage, je voudrais humblement inviter
celles ou ceux qui sont à la base de ces dénonciations calomnieuses, qui induisent en
erreur et mettent en péril la vie d'innocentes personnes, à cesser de telles pratiques. Il n'y a
aucune honte à se détourner du mal ou à reconnaître que l'on s'est trompé, surtout lorsqu’
est en cause la vie de ceux qui, à défaut d'être des électeurs, sont tout au moins des frères
ou des sœurs.

Pour ma part, suite aux méchants pillages dont j'ai été victime, j'ai dû me résoudre à
prospecter d'autres cieux en quête des moyens nécessaires à mes devoirs incompressibles.

Le moment venu, je retournerai auprès des miens, auprès des Ivoiriens, pour compatir à
leurs souffrances et partager avec eux notre idéal commun de fraternité, de solidarité, de
justice et de paix, dans l'Amour et les Grâces de Dieu, pour en quelque sorte reprendre
ma place et non celle de quiconque. Je me refuse à tomber dans le piège de la spirale de la
violence, de la rancœur et de la vengeance. Et je n'ai pas l'intention, non plus, de céder à
un quelconque chantage, sur fond d'ambitions locales.

Autant je suis prêt à répondre des actes que j'aurais eu à poser dans le cadre de mes
fonctions de ministre du Commerce, puis de la Réforme Administrative et de celles de
Conseiller Spécial du Président de la République, de président de l'Aird ou de porte parole
du Cnrd, autant je ne puis accepter que l'on puisse réduire à néant mes constants efforts
de rassemblement, de promotion des valeurs républicaines et de cohésion sociale ou
m'inviter à me renier. Celui qui triomphe par son refus de reniement ne peut que haïr le
reniement, conscient que le reniement par le ralliement de la 25e heure est toujours un
piège. Croire servir un chef par ce qu'il a lui-même été rejeté hier, c'est mal le servir. L'on
peut être soi même, rester fidèle à ses convictions et à ses amitiés et servir la République,
dans le strict respect de ses fondements. Compagnon de Djény Kobéna avec qui j'ai
partagé bien des combats, je milite à Lmp sans en être jamais inquiété.

Si dans le cadre des fonctions évoquées plus haut, j'ai pu offenser, nuire à quelqu'un ou à
la Côte d'Ivoire, je voudrais solennellement demander pardon. Mais de grâce, et prenant la
nation à témoin, que des allégations mensongères bâties sur des extrapolations n'associent
guère mon image à des activités liées de près ou de loin à des milices ou à des armes.
L'honneur d'un homme n'est pas à brader.

La première responsabilité d'une femme ou d'un homme politique, d'un groupement
politique ou même d'un peuple c'est d'assumer, d'assumer ses actes, d'assumer
son histoire. La nôtre est celle de nos 322 mille km². Celle de nos 60 ethnies, de

notre géopolitique, de notre tribalisme rampant mais jamais avoué, de nos choix de
développement économique et social, de notre usage de la religion et du tribalisme à des
fins politiques, de notre ouverture incontrôlée suivie de notre besoin de souveraineté,
de notre politique du pardon et du dialogue ou encore de nos accords politiques qui se
sont parfois mués en immunité et en impunité, de nos forêts séparées de nos savanes par
le "V" Baoulé, etc. Même si, par extraordinaire, nous n'aurions rien à assumer, assumons
au moins le destin. C'est en assumant que nous découvrirons sans doute que le futur
dirigeant des Ivoiriens doit se doter du charisme démocratique et du courage des uns
doublé du carnet d'adresses et de la détermination des autres. Peut-être aura-t-il besoin de
la sagesse de notre plus vieil appareil! Il n'a pas besoin, pour cela de se renier. Les va-t-en
guerre n'ont aucune place dans la Côte d'Ivoire de demain. Une dernière prière: merci de
bien lire cette déclaration avant de la juger, librement.

Eric Kahé, le 25 juillet 2011.
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