L’idée avait été émise lors des assises de Bassam, organisées par le ministre Bacongo, depuis l’ancien régime. C’est que, intégrer une chambre dans une résidence universitaire est devenu difficile. Le ratio « lit-étudiant » dans un Centre régional des œuvres universitaires (Crou) est estimé à un lit pour cinq. Et même un lit pour quinze, bien des fois. Ce qui pèse lourd sur le volet entretien. L’hypothèse de la privatisation devrait régler tous ces contours. Le projet était même très avancé. 29 promoteurs privés avaient fait acte de candidature après le lancement de l’appel d’offres. Il s’agissait de construire des citées « u » à Abidjan et à l’intérieur du pays. Les promoteurs devraient être capables de bâtir 300 chambres, en deux ans à Abidjan et 100 chambres à l’intérieur. Mais la privatisation n’a pas eu l’assentiment des apprenants dès le départ. Et pourtant, des étudiants sous-louaient, volontiers, des chambres à 10 000 voire 20 000 F Cfa auprès de leurs camarades. Aujourd’hui, la question ressurgit dans certains milieux. Mais les disciples restent arc-boutés sur leur position. Ils estiment que les conditions de la privatisation ne sont pas réunies. Séka Jules, secrétaire général de l’Association générale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ageeci), étaye que ses camarades manquent de moyens financiers. Le budget alloué comme bourses est infime et statique depuis des années, argumente-t-il. Pendant ce temps, le nombre d’étudiants va croissant. Séka Jules juge que les étudiants contribuent assez avec le loyer qu’ils paient. Le syndicaliste montre plutôt du doigt des étudiants qui occupaient illégalement des chambres : « ils ne reversaient même pas au Crou, le minimum qu’il devrait leur reverser. Si ce mauvais comportement est définitivement banni, ce sera un apport considérable. Ainsi, l’entretien de l’Etat peut suivre aisément, sans forcément passer par la privatisation ». Pour le syndicaliste, après la réhabilitation des résidences existantes, il faut songer à construire de nouvelles cités. Car, il estime que l’Etat a les ressources pour s’occuper de ses étudiants. Le tout nouveau secrétaire général de l’Union nationale des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Uneeci), Konaté Hamed, rejoint le premier intervenant. Il accuse un laxisme de l’Etat dans la gestion de l’université depuis 1990. Ce qui aurait conduit des étudiants eux-mêmes à s’impliquer dans la gestion des cités. Malheureusement, ces derniers ont agi sans mesures, fait remarquer le leader syndical. Désormais, l’administration doit véritablement s’impliquer dans la gestion de ces résidences. Pour contourner la privatisation, il propose l’augmentation du budget alloué au Crou. Pour lui, si le milieu est assaini, les ressources additionnelles comme les frais de loyers vont soulager le Crou dans son rôle de maintien des infrastructures.
Nesmon De Laure
Nesmon De Laure