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Politique Publié le mercredi 27 juillet 2011 | L’Inter

Crise post-électorale / Touré Mamadou, ex-porte-parole jeunes de Ouattara: “Ma mission est terminée...” ; “Ce que je prépare pour les jeunes”

© L’Inter Par Nathan Koné
Investiture du Président de la République: Yamoussoukro a vécu des moments inoubliables
Samedi 21 mai 2011. Yamoussoukro. Le monde entier, représenté par plus d`une vingtaine de chefs d`état, s`est donné rendez-vous en Côte d`Ivoire pour célébrer la victoire de la démocratie et le sacre du Président Alassane Ouattara. Photo: le président de la CPC, Touré Mamadou
Ex-porte-parole jeunes du candidat Alassane Ouattara pendant la campagne électorale, Touré Mamadou est aujourd`hui conseiller technique du chef de l`Etat chargé de la jeunesse.

Les 28, 29 et 30 juillet prochains, il organise, en tant que président de la Coalition pour le changement, les deuxièmes assises de la jeunesse ivoirienne. Dans cet entretien, il explique les enjeux d`une telle rencontre et les bénéfices que les jeunes pourront en tirer. Entretien



Vous organisez les deuxièmes assises de la jeunesse ivoirienne les 28, 29 et 30 juillet prochains. N’est-ce pas une cérémonie de trop, quand on sait que ce genre d’activité a été plusieurs fois été organisé sans résultat probant?



Ce n’est pas une activité de trop. La première a été organisée du 15 au 17 novembre 2009 et l’une de ses recommandations a été relative à l’organisation, chaque deux ans, des assises de la jeunesse ivoirienne. C’est dans la suite logique des choses que nous organisons à partir de jeudi, les deuxièmes assises de la jeunesse ivoirienne.



Avez-vous eu le sentiment que les recommandations des premières assises ont été respectées ?



Nous avons eu un sentiment mitigé. Notre objectif était d’amener les candidats à l’élection présidentielle à prendre en compte la préoccupation des jeunes dans leur programme de gouvernement. Ce qui a été fait. En revanche, nous avons été déçus par le fait que notre appel à des élections apaisées n’ait pas été entendu. Nous voulions que la jeunesse montre un autre visage lors de ces élections, qu’elle ne se laisse pas instrumentaliser par les hommes politiques.

Malheureusement, les jeunes ont été aussi à la base du drame ivoirien. Ils ont posé des actes inqualifiables dans les rues d’Abidjan et ailleurs. Ils ont pris les armes, tué ou brûlé leurs semblables. Tout cela a renforcé davantage notre conviction qu’il fallait organiser ces assises pour faire notre autocritique.



Nous abordons en même temps le contenu de ces assises. Peut-on avoir quelques objectifs essentiels que vous visez ?



D’abord, il est important de savoir qu’il y aura deux grands moments pendant ces assises. Il y aura une partie réflexion qui se tiendra à Bingerville et qui tournera autour du thème : « La jeunesse ivoirienne face aux enjeux de la réconciliation et de la reconstruction». Ce grand thème va

se décliner en trois sous-thèmes. Le premier est relatif à « La jeunesse et la cohésion sociale ». Dans ce sousthème, nous débattrons des questions liées au processus de réconciliation nationale et la place que la jeunesse occupera au sein de la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation.

Nous aborderons également les sujets liés à la réinsertion des ex-combattants. Une bonne réinsertion des jeunes va garantir la paix en Côte d’Ivoire. Le deuxième sous-thème est relatif à « La jeunesse et la crise des valeurs ». Il s’agira pour nous de proposer des solutions aux fléaux qui minent notre jeunesse. Il s’agit de la cybercriminalité, la recherche du gain facile, la prostitution, le manque de repère. Nous ferons donc l’autocritique de la jeunesse et partant de toute la société ivoirienne.

A l’issue de ces réflexions, nous aurons un engagement ferme de la part de la jeunesse. Engagement pour opérer une rupture d’avec des pratiques qui ne nous ont pas honorés ces dix dernières années. Le dernier sousthème qui pour nous est très important, abordera les questions relatives à l’éducation, à la formation et l’emploi des jeunes. Il s’agira donc de rechercher les causes des difficultés du système éducatif tant au niveau académique, social qu’à la question de la problématique de la violence en milieu scolaire et universitaire. Tous les syndicats scolaire et universitaire ont décidé de prendre une part active aux travaux.



A regarder de près, nous constatons qu’il n’y a rien de nouveau



Si, parce qu’au cours de ces assises, nous innoverons. Et la touche nouvelle, ce sont les journées carrières que nous organiserons, qui constituent la deuxième grande activité et qui seront organisées au palais de la Culture de Treichville. Parce que les jeunes veulent aujourd’hui du concret.

Au-delà des discussions et des recommandations, il s’agira de créer pendant deux jours une rencontre entre à peu près 12.000 jeunes et le monde des entreprises, des grandes écoles, des cabinets spécialisés en recrutement et à l’élaboration des projets. Cela pour permettre aux jeunes de non seulement se familiariser avec ce monde, mais surtout d’acquérir des expériences sur des choses qui paraissent banales, mais qui déterminent le recrutement. Il s’agit de la rédaction d’un curriculum vitae, d’un projet. Des spécialistes viendront apprendre aux jeunes le comportement à avoir lors d’un entretien d’embauche. Des entreprises viendront nous dire les stratégies qu’elles ont mises en place pour l’emploi des jeunes puisque le premier secteur pourvoyeur d’emploi, c’est le secteur privé.



On vous sait proche du chef de l’Etat dont vous avez été le porte-parole jeunes pendant la campagne électorale. Est-ce que cette position ne va pas déteindre négativement sur l’organisation de ces assises en donnant l’impression qu’elles sont organisées en faveur des jeunes proches du président Alassane Ouattara ?



Le contexte social nous oblige à nous mettre au-dessus des considérations politiques. Les

activités que nous avons menées ces derniers mois amènent beaucoup de jeunes à nous solliciter. Je peux garantir aux Ivoiriens que ces assises vont s’ouvrir à tous les jeunes. D’ailleurs, ce samedi (ndlr : le samedi 23 juillet dernier) je reçois la galaxie patriotique, c’est-à-dire des jeunes proches de l’ancien président, Laurent Gbagbo avec lesquels nous allons échanger. Le message que nous essayons de faire passer est celui-ci : il y a un temps pour tout. La période électorale était le temps de la politique. Mais le temps de la politique est terminé. On ne peut faire de la politique éternellement.

La jeunesse ivoirienne est trop politisée à l’image de la société ivoirienne elle-même. C’est pour cela qu’aucun thème politique n’apparaît dans nos travaux. Il faut qu’on ramène la jeunesse à ce qui est essentiel pour elle, c’est-à-dire son épanouissement.

Ces assises n’ont rien de politique et sont ouvertes à toutes la jeunesse ivoirienne.

Le comité d’organisation qui a été mis en place n’est pas celui de la CPC, c’est vrai que je suis le président de la CPC, mais mes trois deux vice-présidents au sein du comité d’organisation viennent d’horizons divers. L’ensemble des 19 syndicats scolaires et universitaires participent à ces assises, en plus des associations des handicapés, des jeunes entrepreneurs, la jeunesse du monde rural etc…

A quels résultats devrons-nous nous attendre ?

La touche nouvelle dans ces assises, c’est qu’elles aboutiront à des projets envers certaines catégories de jeunes.

Certains partenaires nous accompagnent, tels que le PNUD, l’AGEPE , ce qui démontre le sérieux que nous avons mis dans le travail que nous faisons. De nombreuses entreprises qui ont décidé de bâtir leur stratégie autour de l’emploi jeunes, nous accompagnent aussi.



Comment allez-vous suivre justement toutes les recommandations et résultats que vous aurez?



Nous allons mettre en place un comité de suivi et d’évaluation pour veiller à l’application de tout ce qui sera arrêté. Le comité de suivi et d’évaluation aura également une responsabilité élargie. Nous voulons veiller aussi à l’application des différents programmes qui seront mis en place dans le domaine de l’éducation et de l’emploi jeunes. Ce comité produira des rapports périodiques sur les engagements qui ont été pris en termes d’éducation et de formation des jeunes. Il y aura aussi des questions relatives aux étudiants. J’ai discuté avec les syndicats en milieu universitaire et ils sont prêts à aller vers une plate-forme commune tout en gardant leur autonomie pour une période bien définie. Cette plate-forme leur permettra de régler leurs problèmes sans forcément recourir à la violence. C’est la rivalité entre syndicats qui entraine souvent la violence en milieu scolaire et universitaire.



Dans le document préliminaire que vous avez produit, il est question de la création d’une école de formation . De quoi s’agit-il exactement ?



C’est une école de formation à la culture de la citoyenneté et de la paix. Notre position est que la jeunesse doit être de moins en moins politisée. Mais pour ceux qui veulent faire de la politique, quelle que soit la chapelle politique, ils doivent bénéficier d’une formation solide.

C’est une condition pour éviter qu’ils soient à la merci ou l’instrument de quelques hommes politiques que ce soit.

Les seules écoles de formation que nous avons eues ici étaient liées au parti communiste qui donnait un enseignement idéologique lié au parti communiste. Ce que nous voulons faire, c’est ce qui se fait un peu partout en Europe.

C’est d’ouvrir des sortes d’universités d’été de façon périodique où des jeunes qui seront recrutés selon des critères définis, bénéficieront d’une formation avec des enseignants spécialisés. Et c’est le Dr Traoré Dola Zié, enseignant à la faculté de droit à Abidjan, qui va piloter cette école. Il s’agira de donner des formations aux jeunes sur l’ensemble des idéologies qui existent, la géopolitique et les complexités des problèmes de notre monde. On y fera du média training ou comment s’exprimer en public. On leur donnera, par exemple, des formations sur la culture de la paix et de la citoyenneté, c’est-à-dire les droits et devoir d’un bon citoyen dans une nation. Pour nous, c’est une innovation majeure parce qu’en Côte d’Ivoire, ce sera la première fois qu’on aura une école de formation populaire un peu comme l’institut de formation politique en France.

C’est un instrument que nous voulons laisser à l’ensemble de la jeunesse ivoirienne pour que dans quatre ou cinq ans, à la faveur des futures élections, les débats politiques soient des débats de qualité, sans violence avec des jeunes qui ont un background quelque soit les appartenances.

M Touré, vous ne cessez de prôner le renouvellement des têtes des structures de jeunesse. Ce qui signifie que vous-même, vous devez donner l’exemple. Quel sera l’avenir de la CPC, cet instrument associatif qui a soutenu le Dr Alassane Ouattara ?

Je fais partie de ceux qui se sont battus pour que les dispositions de la charte africaine de la jeunesse s’appliquent, c’était au congrès de l’Union Panafricaine de Jeunesse (UPJ) dont je suis membre du comité exécutif. Et ses dispositions veulent que soit jeune, toute personne qui a entre 16 et 35 ans. J’ai prévenu mes amis que je ne serai plus à tête d’une organisation de jeunesse à partir de 35 ans. J’ai 35 ans cette année, après les assises, ma mission est terminée à la tête de la CPC. Mais ma mission pour les jeunes n`est pas terminée. Je suis appelé à d’autres missions en faveur des jeunes auprès du chef de l’Etat. Une relève de qualité a été déjà préparée au niveau de la cpc, elle portera haut le flambeau et bénéficiera de mon soutien total.

Entretien réalisé par Y.DOUMBIA
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