“Je ne suis pas prêt d'oublier ce jour. C'est grâce à ces soutiens que nous sommes en vie ». Interné à la chambre N° 361 de la Pisam (Polyclinique Sainte-Anne Marie) de Cocody, Nassa Moctar l'un des rescapés de la chute spectaculaire du bus de la ligne 19 dans la lagune vendredi dernier, n'en revient pas encore. Les traits tirés, visiblement épuisés aussi bien physiquement que moralement par le drame qu'il vient de vivre, l'homme retrouve, malgré cette terrible épreuve, le sourire. La raison ? Il vient de recevoir la visite en personne de Mme Dominique Ouattara, Première Dame de Côte d'Ivoire. Samedi matin, soit vingt-quatre heures après l'accident, la « first lady » s'est rendue au chevet de 11 victimes de cet accident, dont 9 survivants du bus, hospitalisées dans cette clinique huppée d'Abidjan, aux frais de l'Etat de Côte d'Ivoire. Il est exactement 12h20, lorsque son véhicule s'immobilise sur le perron de la Pisam. Mme Ouattara y est accueillie par les ministres Gaoussou Touré (Transports), Pr Thérèse N'dri Yoman (Santé et Lutte contre le Sida) et Raymonde Goudou-Coffie (Famille, Femme et Enfant) et naturellement le Pr Djibo Williams, PDG de la Pisam. Ensuite, l'illustre hôte embarque dans l'ascenseur. Direction, le 3ème étage du bâtiment. Là, les bras chargés de paniers de fruits, elle visite tour à tour les chambres N° 360, qui abrite Nassa Moctar, ex-employé dans une société de gardiennage aujourd'hui à la retraite, et N° 361 qui héberge Zeba Ibrahima, couturier. A chacun d'eux, Mme Ouattara exprime sa compassion. En serrant leurs mains, elle leur témoigne sa solidarité, puis leur souhaite prompt rétablissement. Un geste qui réconforte ces infortunés et surtout leur redonne espoir, en témoignent les regards soudain illuminés. « Merci beaucoup, merci beaucoup », répètent-ils, chacun de son côté. Comme s'ils étaient passés les mots. Sous la conduite des responsables de Pisam, la délégation de Mme Ouattara regagne l'étage inférieur, précisément le deuxième. Et c'est la chambre N°236, qui l'accueille. C'est celle de Mme Ya Assétou, autre miraculée de cet accident. La Première Dame apporte son soutien à cette commerçante, qui se rendait à Adjamé pour acheter des nounours qu'elle revend pour gagner sa vie. En plus du présent, elle reçoit, à l'instar des autres blessés, une enveloppe, dont le contenu est tenu secret… Le tour des blessés fini, Mme Ouattara explique devant une nuée de micros, le sens de cette démarche. « Je voudrais présenter d'abord mes condoléances aux familles endeuillés qui viennent de perdre brutalement un être cher », s'incline t-elle d'emblée devant la mémoire des disparus. Pour l'instant, quarante-six corps ont été, aux dernières nouvelles, repêchés. Ensuite, poursuit Mme Ouattara, « je viens de voir les malades. Je suis venu leur apporter mon réconfort, bien sûr qu'ils sont blessés, mais bientôt ça ira ». Pour elle, les Ivoiriens doivent s'en remettre au Tout-Puissant. « Nous devons vraiment prier pour que la Côte d'Ivoire retrouve sa sérénité après avoir vécu tant de souffrance », conclut-elle, avant de repartir. Les blessés, eux, se souviendront encore longtemps de cette marque d'affection. Rien que pour leur moral, c'est déjà un bon coup.
Y. Sangaré
Y. Sangaré