x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le samedi 24 septembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Expérience

Ahmadou Hampaté Bâ avait dit à l’UNESCO : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est comme une bibliothèque qui brûle chez vous. » On a vite fait de croire que le vieillard c’est celui qui était âgé. Le vieux aux cheveux blancs. Erreur. Pour le grand penseur africain, le vieillard c’est celui qui a la connaissance, le savoir. L’adolescent peut être un vieillard. Quand une chèvre est là, on ne bêle pas à sa place disait Ahmadou Hampaté Bâ comme pour nous inviter à s’informer auprès de lui afin de comprendre le sens de ses mots et de ses phrases. Si l’enfant peut avoir de l’intelligence, le savoir et la connaissance, sur le plan professionnel, il a besoin de l’expérience, de nombreuses années de pratique, vivre de nombreuses situations afin de s’imprégner de toutes les réalités de la vie de son entreprise pour être performant. Ainsi les nombreuses erreurs et fautes sont nécessaires dans l’acquisition de l’expérience. Monsieur Désabré, le coach de l’Asec d’Abidjan dit ceci : « C’est vrai, il y en a qui sont passés par l’Académie, qui ont des qualités mais on s’aperçoit que sur des matches à tension comme on a pu en faire en Tunisie dans des conditions difficiles, on a senti l’inexpérience. » Basile Boli a affirmé que la Côte d’Ivoire a connu, en football, deux miracles : L’Académie Mimosifcom et Didier Drogba. Abdoulaye Djiré, dit Junior, et ses coéquipiers étaient de véritables génies qu’on venait voir de partout. Mais cette équipe n’a pratiquement rien gagné malgré toutes les attentes placées en elle. Elle a été victime du manque d’expérience malgré leur talent fou. Aujourd’hui, la plupart de ces jeunes qui demeurent dans l’équipe nationale ont presque tous atteint l’âge de l’expérience. Ils ont tout connu sur un terrain. En principe, la prochaine coupe d’Afrique ne devrait qu’être une simple formalité pour elle. Elle sera sur le terrain, l’équipe la plus expérimentée. Copa Barry, en arrivant au Gabon, aurait déjà vu tous les tirs par milliers. Il serait inconcevable que les Eléphants encaissent un but. Drogba, en fin de carrière, est la bibliothèque vivante de cette équipe. Le ministre Légré, à juste titre, a raison de dire à nos pachydermes, qu’il leur ordonne de nous ramener la coupe d’Afrique des nations. Ne pas l’obtenir, c’est désespérer de l’expérience. En politique, l’expérience est aussi indispensable que la connaissance. C’est vrai que la valeur n’attend point le nombre des années, c’est vrai aussi que David a battu Goliath. Mais en politique, on ne quitte pas du toit pour placer les bâches pour s’installer à la première rangée. Il faut coller les affiches, faire le porte à porte, se faire insulter avant de venir s’asseoir à la dernière rangée et venir progressivement pour attendre la première rangée. Finir d’installer la bâche et se trouver à la première place est faisable mais on finit par exploser en plein vol. Combien de jeunes politiciens brillants de notre pays qui ont sombré dans les flots de la mer par leur impatience de se voir à la première place, devenant arrogant face aux aînés ? Des milliers. En politique ? L’expérience s’acquiert par de nombreuses trahisons de la part de ses amis. Elle s’acquiert en subissant les médisances, les calomnies, la méchanceté, la prison, les agressions. La mauvaise foi des adversaires. Elle s’acquiert par l’amour viscéral pour le peuple et non par l’organisation des coupes ou la distribution de dons. En politique, le jeune pétri de connaissance, doit rester à l’ombre d’un aîné jusqu’à ce que ce dernier lui donne son onction pour monter sur le podium. Que sont tous devenus ces jeunes auxquels on annonçait des lendemains meilleurs ? Que sont devenus tous ces prétentieux qui se voyaient ministrables pour ne pas dire président de la République ? Beaucoup sont morts physiquement et moralement. Pitié ! En politique, aller doucement c’est arriver sain et sauf à bon port. Aujourd’hui, tout le monde parle de la compétence de notre président « américain. » On s’extasie, déjà, sur son programme présidentiel d’urgence avant même que le vrai programme ne commence. Pourquoi toutes ces acclamations avant l’heure ? Pourquoi tout le monde est convaincu que la réussite sera brillante et totale ? Assez simple et même très simple. Le « petit des Coulibaly » est certes brillant mais son expérience est sans pareille au niveau des hommes politiques et dirigeants africains. Son parcours au FMI et à la BCEAO explique tout. Être le directeur adjoint du FMI, chargé des opérations, suivre une centaine de pays dans l’application de leur plan d’ajustement structurel ne peut que faire de vous un bâtisseur de nation. Je pense que la Côte d’Ivoire est un petit chantier pour le « bravetchè. » Il serait bon qu’on nous repasse ou qu’on nous vende l’enregistrement du face à face avant le deuxième tour de l’élection présidentielle. Certains ont dû le suivre dans la passion. C’était un vrai cours de construction d’un pays. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
PS : J’ai vu à la télévision sénégalaise le chantier de l’aéroport Blaise Diagne de Dakar ainsi que la maquette. Les gros œuvres sont presque terminés. J’étais rempli de jalousie. Dakar est devant. C’est un aéroport comme en Amérique, comme celui de Toronto, que je connais. Abdoulaye Wade a « fini » avec l’expérience.


Par Isaïe Biton Koulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ