Ma grande obsession, depuis toujours, était de m’approcher de la main courante. D’entendre parler la personne centrale, l’entraîneur ou le coach.Toujours proche des acteurs et des techniciens, j’étais au cœur des secrets du Félicia. Parmi ces coachs qui m’enchantaient, il y avait les « patriarches », humains et très écoutés. Konan Yobouet, Séry Wawa, Basile Wollé étaient les chefs de file. Ils parlaient à voix basse, paternellement. « Tu vois Faustin (Zohouri), sur la dernière balle, tu ne devais pas frapper en force, retrouve ton calme », conseillait Konan Yobouet. « Pascal (Miezan) ne t’engage pas trop, reste au niveau d’Appolinnaire (Kabi), tu sais que Paulin (Nahounou) et Yao(Kouamé) ne reviennent pas», ça c’était Séry Wawa. « Gerson (Beugré Inago), ça va, tu dribbles bien, c’est bon, mais je préfère que tu serves plus rapidement Dassé (Affly) et Roger (Niamkey), pensons d’abord à marquer», dixit Basile Wollé. Un peu plus distant des joueurs, avec plus de personnalité et d’autorité, Jean Baptiste Anzian, au début des années 70, arrivait fraîchement d’Allemagne avec son jargon tactique à la Helmut Schoen. « Les gars, j’ai dit flux et reflux, Valentin (Bouazo) tu joues au 8 aujourd’hui, je ne veux pas te voir traîner devant ». Ou alors « N’Guessan (Bernard), n’appelle pas trop en profondeur dans ton couloir, viens plutôt vers Tim Solo (Timité Vassouleymane), l’adversaire joue la ligne ». La plus belle formation des Mimosas (celle de 73-74) était à son image. Le Ghanéen Ben Kuffi, un peu plus roublard et arrondi, inspirait le respect dû à la légende des Black Stars. Son français était approximatif mais il connaissait tellement le football et ses brillants joueurs, Emmanuel Moh, Séry Casimir, Zébeuto Edmond, Billy Jean Paul qu’il lui suffisait de prononcer quelques mots : « Manu, toi bien jouer, rentre avec ballon dedans ». Sa façon à lui de dire à Moh Emmanuel, de chercher à pénétrer balle au pied dans la surface de réparation adverse. Emporté dans mon rêve à six mètres du groupe rouge vif sur gazon vert, j’étais interpellé par Adrien, le légendaire intendant Oyé : « Eh petit blanc, quitte là ! ».(A suivre).
nasserelfadel
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