«L’exil, c’est difficile. Donc, je connais les souffrances que vous vivez ». Lorsque le Président Alassane Ouattara prononce ces mots, jeudi, à Accra devant ses compatriotes, ceux-ci applaudissent à n’en point finir. Car l’exil est vraiment difficile. Et ils ne se gênent pas pour le dire. « Ayant appris votre présence dans le cité, vos enfants, frères et sœurs refugiés, angoissés, inquiets sont accourus au devant de vous et attendent d’être rassurés, je dirai régénérés », a dit Ehui Koutouan Bernard, Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Ghana. Effectivement, les 1600 places de l’Accra International Conférence Center sont toutes occupées. Et il ne s’agit pas de militants triés sur le volet. Les quelques’ un qui ont pu s’adresser au Chef de l’Etat n’avaient pas de discours politique, partisan. Le discours était celui de la détresse. Celui du fils qui attend un geste du père pour rentrer. « On a rien », crie une jeune fille. « N’oubliez pas que je suis ADO », répond Ouattara. Il remettra 15 millions de FCFA. Un autre, étudiant, s’inquiète pour la fermeture des Universités. Ouattara répond qu’elles seront rouvertes sous peu, mais que pour l’instant elles sont en chantier. Ahoua Brou, au nom de toute la communauté, redit toute leur volonté de retourner au pays. Mais bien sûr attendent des efforts de l’Etat en donnant des moyens de transport notamment. Mais aussi des garanties sur la « non poursuite judiciaire des réfugiés acceptant de retourner volontairement, exceptés les cas de crimes de guerre et économique ». Le Président en convient et prie quasiment ses compatriotes de « regagner le village ». Evariste Yaké, ancien jeune patriote, lui, annonce séance tenante qu’il est convaincu et rentrera avec tous les membres de l’association qu’il préside. Le lendemain, Gbamaman Djidan, maire en exil de Yopougon, nous confie qu’il a été « rassuré » par le discours du Président. Toutefois, il n’entrera pas immédiatement. Ses fonds sont gelés, son domicile occupé. Bref, un problème matériel. Au reste, le pays lui manque. « Je fais ma lessive, et je fais ma cuisine », regrette-t-il. « Il n'y a pas d'amis, d'épouses, de pères et de frères que dans la Patrie. L'exilé partout est seul », a écrit dans ‘‘Paroles d'un croyant’’ le Français Félicité de Lamennais. Comme il a raison. C’est pourquoi, les nôtres veulent revenir. Et l’Etat entend les accompagner et les assister. C’est ce que le Président a promis.
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