Dans une déclaration dont nous avons reçu copie hier mercredi 12 octobre, le président de l'Ong Orphelins Secours, M. Donatien Robé a jeté un regard sur la politique de santé en Côte d'Ivoire. Il a rappelé qu'après son accession au pouvoir, le président Ouattara a décrété la gratuité des soins dans les hôpitaux et centres de santé publics de Côte d’Ivoire. ''Cette gratuité des soins, même si elle est critiquée en raison d’un manque de médicaments, est salutaire car elle favorise d’abord un accès gratuit aux professionnels de santé que sont les médecins, infirmiers, sages-femmes, etc. Avec le ''recouvrement des coûts'', l’accès à ces professionnels de santé était payant. De ce point de vue, cette gratuité des soins est une avancée sociale, surtout sous la gouvernance de M.Ouattara qui était pour nous le symbole du libéralisme et de l’anti-social'', a-t-il noté. Cependant, il a relevé les insuffisances de cette politique de gratuité des soins. ''Nous l'avons déjà dit, cette politique de gratuité des soins n’a pas d’avenir d’autant que son financement repose sur des aides extérieures dans un contexte de crise financière internationale, l’Etat de Côte d’ivoire ne déboursant que 3 milliards selon Mme N’dri Yoman, ministre de la Santé'', a-t-il affirmé. Pour le président de l'Ong Orphelins Secours, l’assurance maladie obligatoire (AMO) est la solution définitive pour pérenniser l’accès des Ivoiriens aux soins. D’ailleurs, le président Ouattara le leur a promis. Cependant, en dépit de ses annonces de bonne volonté pour la couverture santé, Donatien Robé fait remarquer que des inquiétudes demeurent. ''La première inquiétude est d’ordre politique : le président Ouattara semble ne pas savoir avec exactitude l’option à choisir. Nous en voulons pour preuve, le fait de signer une sorte de contrat à durée déterminée(CDD) entre les Ivoiriens et la gratuité des soins. Ce contrat, le président Ouattara le reconduit à échéance sur la base de critères que les Ivoiriens ignorent. En ce moment, cette gratuité des soins est reconduite jusqu’à la fin de l’année 2011. La seconde inquiétude est d’ordre technique. Du 14 au 16 août 2011, une délégation ivoirienne, conduite par M. Bamba Karim, directeur de la sécurité sociale et de la mutualité a séjourné au Mali pour, dit-on, s’inspirer du système malien en matière d’assurance maladie obligatoire(AMO) et de fonds d’assistance médicale(FAM). Cette visite à un pays frère est, par principe à saluer. Surtout quand ce pays a fait le choix de l’AMO, allant dans le sens du combat que mène l’Ong Orphelins Secours. L’engagement politique du Mali pour l’AMO est à encourager même si l’aspect technique de ce projet reste discutable. Néanmoins, pour nous qui revendiquons une certaine expertise technique dans le domaine de l’assurance maladie sociale, cette visite est inquiétante'', a-t-il déclaré. Et le président de l'Ong Orphelins Secours de s'interroger: ''La Côte d’Ivoire va-t-elle copier l’exemple malien qui lui-même a été copié sur le Maroc?''. Pour lui, vouloir s’inspirer d’une telle formule serait suicidaire pour la Côte d’Ivoire. ''Et cela est inquiétant. Nous militons farouchement pour l’assurance maladie obligatoire(AMO) pour notre pays mais pas n'importe laquelle'', a conclu Donatien Robé.
Franck SOUHONE
Franck SOUHONE
