Le ministre de la Promotion de la jeunesse et du service civique, Alain Lobognon, livre, ses projets pour la jeunesse ivoirienne, non sans aborder des questions de l’actualité politique.
Quelle est la situation de la jeunesse, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire ?
La jeunesse ivoirienne est à l’image de la Côte d’Ivoire, un pays qui sort résolument d’une longue crise. La jeunesse ivoirienne est donc en train de sortir de cette longue traversée.
Traversée qui a démarré en février 1990 et qui a vu les jeunes aux premières loges du combat politique. Nous avons trouvé une jeunesse véritablement abattue, première victime du chômage. Une jeunesse qui se cherche, comme on le dit. Depuis quelques mois, nous notons le désir ardent de ces jeunes de sortir de cette situation de morosité, de pauvreté dans laquelle la politique les a plongés.
Que leur proposez-vous concrètement ?
Le ministère de la Jeunesse et du Service civique a élaboré différents programmes afin d’encourager les jeunes à participer au développement économique et social de la nation.
C’est à ce titre, qu’après plusieurs études, nous avons mis sur pied le programme d’insertion des jeunes en milieu agro-pastoral. Il s’agira de permettre aux jeunes de conduire une série de projets de modernisation de la production agricole. Ce qui favorisera la création de petites et moyennes entreprises en milieu agricole. C’est un vaste projet qui a permis d’identifier différents secteurs de production, de transformation et de distribution liés à l’agro-pastorale.
Nous avons également élaboré un autre programme lié au renforcement des capacités des jeunes en vue de leur insertion sur le marché du travail. Sur 100 jeunes ivoiriens, plus de la moitié a un diplôme mais n’a pas les compétences nécessaires pour exercer le métier. Ce programme vise donc à former ces jeunes conformément aux attentes et aux besoins des entreprises afin qu’ils soient prêts à affronter le marché du travail.
Comment cela va se passer sur le terrain ?
Concrètement, nous avons estimé qu’il nous fallait d’abord disposer d’une base de données.
C’est pourquoi nous avons créé la plate-forme “Mode d’emploi’’ en vue d’identifier les jeunes qui veulent s’insérer dans le tissu économique. Ainsi, tous ceux qui se sont inscrits pourront bénéficier des différents programmes du ministère, puisque nous connaissons déjà leurs préoccupations. Vous conviendrez avec moi qu’on ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un contre sa volonté.
Parlant de l’agro-pastorale, un jeune qui n’a pas de moyens financiers, matériels et physiques, comment est-ce que le ministère va-t-il l’aider ?
L'une des missions de notre ministère étant de favoriser l'insertion économique des jeunes, en privilégiant l'agro-pastorale, il nous revient de mettre les moyens à la disposition du jeune qui a choisi d'y exercer. Nous avons l'obligation de créer les moyens pour une insertion réussie. Le ministère l'aidera à s'installer en lui donnant la qualification requise et les moyens pour son installation. Faisons remarquer que dans le cadre du programme du service civique national, il existe une volonté d'aider les jeunes volontaires à s'installer. En fin de formation au sein du Pscn, le jeune reçoit un kit destiné à favoriser son insertion. Dans le nouveau schéma, le dispositif mis en place vise à installer le jeune qui a choisi l'agro-pastorale. Il ne lui sera pas demandé d'aller se débrouiller avec un kit. A ce jour, le Fns (Fonds national de solidarité, ndlr) qui a lancé de nombreux appels en direction des jeunes, a déjà procédé à des sélections de projets à financer.
Quel est le plan d’actions du ministère et sur quelles stratégies s’appuie-t-il ?
Le séminaire gouvernemental de juillet 2011 était l’occasion pour les ministères d’identifier des axes de travail basés sur le programme de gouvernement du président de la République. A notre niveau, nous avons identifié trois axes qui partent de l’insertion des jeunes dans le tissu socio-économique, à la formation des jeunes au civisme et au renforcement des capacités, avec un autre axe qui porte sur la cohésion sociale. Dans ce cadre, nous avons identifié une série d’activités dont la mise en œuvre court jusqu’à fin décembre 2011. Ces activités sont soutenues par une série d’actions dont la mise en œuvre court également jusqu’à fin décembre 2011. Tous les programmes que nous avons élaborés font justement partie de notre plan d’actions. D’ailleurs, je vous annonce, par exemple, que sera organisée en novembre, la semaine du civisme, prévue dans le programme du travail gouvernemental. C’est une activité qui entre dans le cadre du service civique et qui nous permettra de faire la promotion des symboles de la République, des institutions de la République.
Concernant la formation, y a-t-il déjà une structure qui s’en occupe ou est-ce maintenant qu’elle sera mise sur pied ?
Le Fns a vocation à former, à orienter et à encadrer les jeunes en quête d'insertion économique. Il y a aussi le service civique qui est une ingénierie nationale en matière de formation qualifiante. Le Programme de service civique national (Pscn) a, à sa disposition, plusieurs modules, plusieurs métiers déjà identifiés. Pour bénéficier de ces formations, les jeunes doivent s'adresser au Pscn et au Fns. Mais comme nous l'avons déjà dit, les candidats désireux de bénéficier des services du Fns et du Pscn doivent s'inscrire dans le “Mode d'emploi’’. Le programme de formation et de renforcement des capacités des jeunes diplômés sera quant à lui exécuté par plusieurs cabinets outillés en la matière.
Faut-il forcément passer par le “Mode d’emploi’’ ?
Tout à fait nécessaire. Parlons même d'exigence! Il faut passer par cette plate-forme pour permettre au gouvernement de disposer de statistiques fiables. Il ne faut pas rester dans l’informel. Il faut que, périodiquement, le gouvernement sache et publie des chiffres sur le nombre exact de jeunes formés à des métiers, installés dans le privé, ou ayant bénéficié de fonds pour la création d'entreprise. Parce que nous estimons, que dans un pays comme le nôtre, il est inconcevable de communiquer sur des estimations alors que nous avons des outils modernes qui permettent de mesurer et de peser. Quand un ministère autre que le nôtre déclare la création de 5000 emplois, il est important que l'on sache d'où viennent ces jeunes, et surtout sur quels critères leur choix est effectué. C'est pourquoi nous disons, par exemple, que tous les jeunes qui seront choisis pour les emplois créés sur les financements de la Banque mondiale doivent être sélectionnés au sein de “Mode d'emploi”. Cela permettra au gouvernement de disposer de statistiques et de données précises.
Certes. Mais, est-ce que toutes les personnes inscrites seront prises en compte ou existe-t-il des critères de sélection ?
Tout le monde sera pris en compte. En consultant chaque base de données on s’est rendu compte que certains jeunes veulent travailler dans l’administration publique ou privée, d’autres veulent faire de l’entrepreneuriat, investir dans le transport ou encore faire du commerce. Il y a donc plusieurs profils. En fonction des besoins des jeunes, des dispositifs ont été mis en place pour leur permettre d’obtenir satisfaction. Bientôt, vous pourrez apprécier. Toutefois, il est bien de préciser que seront d'abord servis, les premiers inscrits dans cette base de données que notre ministère a mise en place. Dès que les différents fonds seront approvisionnés, certains jeunes devraient sans tarder bénéficier de la garantie qui permettra aux banques de financer leurs projets respectifs.
Qu’en est-il des deux milliards que le ministre de l’Economie et des Finances a annoncé avoir décaissés pour le Fns ?
C'est vrai que la presse a fait cas en juillet dernier de deux milliards décaissés, mais je crois savoir qu'il s'agissait de prévisions. Le ministre de l'Economie et des finances nous a donné, il y a quelques jours, l'assurance que le compte des opérations du Fns sera enfin approvisionné. Cela permettra de réaliser bon nombre de projets prévus pour l'insertion économique des jeunes. En attendant cet argent, le Fns et le ministère n'ont pas chômé. De nombreuses démarches auprès d'institutions nationales et internationales ont permis de négocier des facilités qui permettront d'accélérer le processus de financement des projets des jeunes. Mais permettez-moi de faire quelques précisions sur les fonds gérés par notre ministère. Le gouvernement avait mis en place des fonds comme le Fonds national de solidarité pour la promotion de l’emploi des jeunes (Fns) créé en 2003, le Fonds national de jeunesse (Fnj) créé en 1992 et le Fonds d'insertion des jeunes diplômés (Fijd/Rdspp), créé en 1996. Parlant des deux derniers fonds cités, appelés fonds sociaux, ils ont eu des fortunes diverses. Quant au Fns, depuis sa mise en place, il n'a été alimenté qu'à hauteur d'un seul milliard, alors qu'il était prévu cinq. Nous avons reçu les assurances que le Fns sera approvisionné. Il ne servira pas de fonds sociaux comme les précédents fonds, qui ont vu des bénéficiaires disparaître dans la nature, une fois les chèques en leur possession.
Depuis votre avènement à la tête du ministère, quel est le bilan de vos activités sur le terrain ?
Il faut l’avouer, il n’était pas facile, juste après notre nomination d’investir le terrain sans avoir fait un audit de ce qui existait et surtout sans les éléments nécessaires à la politique en faveur des jeunes. A cet effet, il y a eu de nombreuses rencontres avec les associations de jeunesse. Le ministère a organisé, courant septembre, une vaste tournée de sensibilisation sur l’ensemble des ex-19 régions que compte le pays pour expliquer aux jeunes ce que le ministère prévoit pour eux, ce qu’il leur offre comme opportunités d’insertion sociale et économique. Mais avant, nous avons élaboré et fait valider les deux documents de politiques nationales de jeunesse et de service civique par les mouvements de jeunesse, toutes tendances confondues. C'est de ces deux documents que découlent nos activités et tous les textes réglementaires qui permettront de réaliser les projets que le président de la République ambitionne de réaliser pour la jeunesse ivoirienne. A ce titre, nous avons élaboré tous les textes attendus, nécessaires aux mouvements associatifs des jeunes. Ces textes se trouvent aujourd’hui sur la table du gouvernement, en attente de décision. Le plus important, pour nous, est celui qui doit créer le Conseil national de la jeunesse (Cnj). Le Cnj sera la chambre consulaire des jeunes de Côte d’Ivoire. Si ces deux textes sont adoptés, on verra une jeunesse ivoirienne réorganisée.
Avez-vous envisagé un partenariat avec le ministère de l’emploi, par exemple ?
Il est clair que les questions de la jeunesse concernent tous les ministères. Elles sont transversales. Pour dire que nous sommes en partenariat avec l’ensemble des membres du gouvernement. Je conviens avec vous qu'il n'est pas aisé de poser des actions en faveur des jeunes sans risquer quelques rappels émanant de certains ministères. Et pourtant, nous devons agir. C'est pourquoi nous avons jugé nécessaire de proposer au gouvernement la création d'un comité interministériel chargé de définir un plan de charges cohérent dans lequel chaque département ministériel concerné par la question des jeunes aura sa part de responsabilité. Ce comité interministériel devra être présidé par le Premier ministre. Dans tous les cas, la jeunesse étant l'une des priorités du président de la République, nous savons que toutes les actions ministérielles visent à sortir les jeunes de la précarité du chômage.
Comment les FN comptent-elles s’y prendre, vu que ce n’est ni un parti politique, ni une organisation de la société civile ?
Des responsables des Forces nouvelles iront aux législatives. C'est une certitude non-négociable. Quant au conclave, il a mandaté le Premier ministre, Guillaume Soro, pour négocier avec les partis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), afin d’aboutir, plus tard, après les législatives à un parti politique unifié.
En attendant, il faut des étendards aux candidats Fn. Certes, la Loi ivoirienne n'interdit pas les candidatures indépendantes, mais, permettez-nous d'y aller sous certaines bannières déjà présentes. Si ce n’est pas le cas, vous découvrirez des candidatures indépendantes.
Ce que j’aimerais relever ici, c’est qu’aucun membre des Fn n'avait jamais arboré l’étendard du Front populaire ivoirien avant le 19 septembre 2002. Pendant cette crise, nous avions tous pour ambition de voir ce parti (Fpi) mis en minorité. Aujourd’hui que la crise est terminée, la logique recommande que ceux qui, au sein des Fn arboraient, par le passé, l’étendard Pdci retournent au Pdci ; ceux qui arboraient l’étendard du Rdr aillent au Rdr. Ceux qui estimaient être de simples sympathisants de partis politiques existants peuvent maintenant sortir de l’anonymat pour devenir des militants actifs.
On note déjà quelques problèmes, comme celui de Me Affoussy Bamba qui avait décidé de se présenter à Adjamé où elle s’est vue priée de se choisir une autre localité…
Moi, je ne fais pas de débat via la presse. Le leader des Fn, le Premier ministre, Guillaume Soro, a eu pour mandat de discuter avec le Rhdp. C’est à l’issue des discussions qu’on saura sous quel étendard et surtout dans quelle circonscription électorale les membres des Fn pourront postuler ! Nous avons arrêté une ligne de conduite et elle est toujours en vigueur. Attendez donc les résultats.
A quel stade des négociations en êtes-vous actuellement ?
Je peux vous dire qu’elles se sont achevées. Il y a des résultats mais, retenez juste qu’elles se sont bien déroulées. Au moment du dépôt des candidatures à la Commission électorale indépendante, on saura effectivement qui ira où et qui fera quoi, ou qui n'a pas été retenu.
On apprend que Guillaume Soro viserait la présidence de l’Assemblée nationale. Vrai ou faux ?
Si le secrétaire général des Fn devait prendre la tête du parlement ivoirien, ce serait une très bonne chose pour la démocratie en Côte d’Ivoire ! Il a toutes les compétences pour exercer là où le devoir l’appellera. Il sera notre champion à Ferké et, je suis sûr, qu’il sera parmi les premiers élus issus des Fn. Quand le moment viendra de choisir le président de l’Assemblée nationale, il reviendra sans doute au parti politique unifié, que nous appelons de tous nos vœux, de décider de la place des uns et des autres. Pour l’instant, retenez que Guillaume Soro ne sera pas le dernier de la classe. Il est clair que les Fn n’entendent pas demeurer les derniers de la classe en Côte d’Ivoire. Si elles ont décidé de prendre part aux législatives, c’est justement parce qu’elles estiment avoir les moyens de se doter ou de faire partie d’un groupe parlementaire. Je peux vous dire que nous sortirons grandis de ces élections parce que, on ne parlera plus de forces rebelles ou d’anciens rebelles. On parlera tout simplement d’honorables députés.
Vous avez annoncé récemment votre candidature pour le seul siège de Fresco, convoité également par le ministre des Sports, Philippe Légré. Quelle serait votre réaction si la direction du Rhdp vous demandait de vous écarter au profit de ce dernier ?
Je m’alignerai. Si au sein du Rhdp et des Fn, on estime qu’Alain Lobognon doit s’écarter pour permettre à un autre candidat de briguer le poste. Je m’alignerai! C’est cela la discipline au sein d’un mouvement politique. Mais, on n’en est pas encore-là. Et je doute fort qu'on y arrive. Je n'ai aucune crainte de perdre une élection. Soit on gagne, soit on perd une élection, quand on est en démocratie. Et je sais que je ne vais pas à l'assaut du fauteuil, laissé vacant depuis des années par le député Denis Akabla, pour perdre. D'ailleurs, permettez-moi de rendre un hommage à ce grand amoureux de Fresco. Il semblerait que je lui ressemble dans l'approche qu'il avait quand il abordait les questions concernant Fresco. Il respectait ses adversaires et était un adepte du progrès continu de Fresco. Et, comme lui, je respecte tous ceux qui sont des candidats déclarés. Mais en tant que candidat et fils de Fresco, il me paraît important d'appeler, dès à présent, au rassemblement des filles et fils de notre ville autour de ma candidature. En attendant l'ouverture officielle de la campagne pour conquérir l'unique siège de notre circonscription électorale, à partir du 20 novembre 2011, je serai sur le terrain, à Fresco, pour l'avant-campagne.
Entretien réalisé par Anne-Marie Eba
Quelle est la situation de la jeunesse, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire ?
La jeunesse ivoirienne est à l’image de la Côte d’Ivoire, un pays qui sort résolument d’une longue crise. La jeunesse ivoirienne est donc en train de sortir de cette longue traversée.
Traversée qui a démarré en février 1990 et qui a vu les jeunes aux premières loges du combat politique. Nous avons trouvé une jeunesse véritablement abattue, première victime du chômage. Une jeunesse qui se cherche, comme on le dit. Depuis quelques mois, nous notons le désir ardent de ces jeunes de sortir de cette situation de morosité, de pauvreté dans laquelle la politique les a plongés.
Que leur proposez-vous concrètement ?
Le ministère de la Jeunesse et du Service civique a élaboré différents programmes afin d’encourager les jeunes à participer au développement économique et social de la nation.
C’est à ce titre, qu’après plusieurs études, nous avons mis sur pied le programme d’insertion des jeunes en milieu agro-pastoral. Il s’agira de permettre aux jeunes de conduire une série de projets de modernisation de la production agricole. Ce qui favorisera la création de petites et moyennes entreprises en milieu agricole. C’est un vaste projet qui a permis d’identifier différents secteurs de production, de transformation et de distribution liés à l’agro-pastorale.
Nous avons également élaboré un autre programme lié au renforcement des capacités des jeunes en vue de leur insertion sur le marché du travail. Sur 100 jeunes ivoiriens, plus de la moitié a un diplôme mais n’a pas les compétences nécessaires pour exercer le métier. Ce programme vise donc à former ces jeunes conformément aux attentes et aux besoins des entreprises afin qu’ils soient prêts à affronter le marché du travail.
Comment cela va se passer sur le terrain ?
Concrètement, nous avons estimé qu’il nous fallait d’abord disposer d’une base de données.
C’est pourquoi nous avons créé la plate-forme “Mode d’emploi’’ en vue d’identifier les jeunes qui veulent s’insérer dans le tissu économique. Ainsi, tous ceux qui se sont inscrits pourront bénéficier des différents programmes du ministère, puisque nous connaissons déjà leurs préoccupations. Vous conviendrez avec moi qu’on ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un contre sa volonté.
Parlant de l’agro-pastorale, un jeune qui n’a pas de moyens financiers, matériels et physiques, comment est-ce que le ministère va-t-il l’aider ?
L'une des missions de notre ministère étant de favoriser l'insertion économique des jeunes, en privilégiant l'agro-pastorale, il nous revient de mettre les moyens à la disposition du jeune qui a choisi d'y exercer. Nous avons l'obligation de créer les moyens pour une insertion réussie. Le ministère l'aidera à s'installer en lui donnant la qualification requise et les moyens pour son installation. Faisons remarquer que dans le cadre du programme du service civique national, il existe une volonté d'aider les jeunes volontaires à s'installer. En fin de formation au sein du Pscn, le jeune reçoit un kit destiné à favoriser son insertion. Dans le nouveau schéma, le dispositif mis en place vise à installer le jeune qui a choisi l'agro-pastorale. Il ne lui sera pas demandé d'aller se débrouiller avec un kit. A ce jour, le Fns (Fonds national de solidarité, ndlr) qui a lancé de nombreux appels en direction des jeunes, a déjà procédé à des sélections de projets à financer.
Quel est le plan d’actions du ministère et sur quelles stratégies s’appuie-t-il ?
Le séminaire gouvernemental de juillet 2011 était l’occasion pour les ministères d’identifier des axes de travail basés sur le programme de gouvernement du président de la République. A notre niveau, nous avons identifié trois axes qui partent de l’insertion des jeunes dans le tissu socio-économique, à la formation des jeunes au civisme et au renforcement des capacités, avec un autre axe qui porte sur la cohésion sociale. Dans ce cadre, nous avons identifié une série d’activités dont la mise en œuvre court jusqu’à fin décembre 2011. Ces activités sont soutenues par une série d’actions dont la mise en œuvre court également jusqu’à fin décembre 2011. Tous les programmes que nous avons élaborés font justement partie de notre plan d’actions. D’ailleurs, je vous annonce, par exemple, que sera organisée en novembre, la semaine du civisme, prévue dans le programme du travail gouvernemental. C’est une activité qui entre dans le cadre du service civique et qui nous permettra de faire la promotion des symboles de la République, des institutions de la République.
Concernant la formation, y a-t-il déjà une structure qui s’en occupe ou est-ce maintenant qu’elle sera mise sur pied ?
Le Fns a vocation à former, à orienter et à encadrer les jeunes en quête d'insertion économique. Il y a aussi le service civique qui est une ingénierie nationale en matière de formation qualifiante. Le Programme de service civique national (Pscn) a, à sa disposition, plusieurs modules, plusieurs métiers déjà identifiés. Pour bénéficier de ces formations, les jeunes doivent s'adresser au Pscn et au Fns. Mais comme nous l'avons déjà dit, les candidats désireux de bénéficier des services du Fns et du Pscn doivent s'inscrire dans le “Mode d'emploi’’. Le programme de formation et de renforcement des capacités des jeunes diplômés sera quant à lui exécuté par plusieurs cabinets outillés en la matière.
Faut-il forcément passer par le “Mode d’emploi’’ ?
Tout à fait nécessaire. Parlons même d'exigence! Il faut passer par cette plate-forme pour permettre au gouvernement de disposer de statistiques fiables. Il ne faut pas rester dans l’informel. Il faut que, périodiquement, le gouvernement sache et publie des chiffres sur le nombre exact de jeunes formés à des métiers, installés dans le privé, ou ayant bénéficié de fonds pour la création d'entreprise. Parce que nous estimons, que dans un pays comme le nôtre, il est inconcevable de communiquer sur des estimations alors que nous avons des outils modernes qui permettent de mesurer et de peser. Quand un ministère autre que le nôtre déclare la création de 5000 emplois, il est important que l'on sache d'où viennent ces jeunes, et surtout sur quels critères leur choix est effectué. C'est pourquoi nous disons, par exemple, que tous les jeunes qui seront choisis pour les emplois créés sur les financements de la Banque mondiale doivent être sélectionnés au sein de “Mode d'emploi”. Cela permettra au gouvernement de disposer de statistiques et de données précises.
Certes. Mais, est-ce que toutes les personnes inscrites seront prises en compte ou existe-t-il des critères de sélection ?
Tout le monde sera pris en compte. En consultant chaque base de données on s’est rendu compte que certains jeunes veulent travailler dans l’administration publique ou privée, d’autres veulent faire de l’entrepreneuriat, investir dans le transport ou encore faire du commerce. Il y a donc plusieurs profils. En fonction des besoins des jeunes, des dispositifs ont été mis en place pour leur permettre d’obtenir satisfaction. Bientôt, vous pourrez apprécier. Toutefois, il est bien de préciser que seront d'abord servis, les premiers inscrits dans cette base de données que notre ministère a mise en place. Dès que les différents fonds seront approvisionnés, certains jeunes devraient sans tarder bénéficier de la garantie qui permettra aux banques de financer leurs projets respectifs.
Qu’en est-il des deux milliards que le ministre de l’Economie et des Finances a annoncé avoir décaissés pour le Fns ?
C'est vrai que la presse a fait cas en juillet dernier de deux milliards décaissés, mais je crois savoir qu'il s'agissait de prévisions. Le ministre de l'Economie et des finances nous a donné, il y a quelques jours, l'assurance que le compte des opérations du Fns sera enfin approvisionné. Cela permettra de réaliser bon nombre de projets prévus pour l'insertion économique des jeunes. En attendant cet argent, le Fns et le ministère n'ont pas chômé. De nombreuses démarches auprès d'institutions nationales et internationales ont permis de négocier des facilités qui permettront d'accélérer le processus de financement des projets des jeunes. Mais permettez-moi de faire quelques précisions sur les fonds gérés par notre ministère. Le gouvernement avait mis en place des fonds comme le Fonds national de solidarité pour la promotion de l’emploi des jeunes (Fns) créé en 2003, le Fonds national de jeunesse (Fnj) créé en 1992 et le Fonds d'insertion des jeunes diplômés (Fijd/Rdspp), créé en 1996. Parlant des deux derniers fonds cités, appelés fonds sociaux, ils ont eu des fortunes diverses. Quant au Fns, depuis sa mise en place, il n'a été alimenté qu'à hauteur d'un seul milliard, alors qu'il était prévu cinq. Nous avons reçu les assurances que le Fns sera approvisionné. Il ne servira pas de fonds sociaux comme les précédents fonds, qui ont vu des bénéficiaires disparaître dans la nature, une fois les chèques en leur possession.
Depuis votre avènement à la tête du ministère, quel est le bilan de vos activités sur le terrain ?
Il faut l’avouer, il n’était pas facile, juste après notre nomination d’investir le terrain sans avoir fait un audit de ce qui existait et surtout sans les éléments nécessaires à la politique en faveur des jeunes. A cet effet, il y a eu de nombreuses rencontres avec les associations de jeunesse. Le ministère a organisé, courant septembre, une vaste tournée de sensibilisation sur l’ensemble des ex-19 régions que compte le pays pour expliquer aux jeunes ce que le ministère prévoit pour eux, ce qu’il leur offre comme opportunités d’insertion sociale et économique. Mais avant, nous avons élaboré et fait valider les deux documents de politiques nationales de jeunesse et de service civique par les mouvements de jeunesse, toutes tendances confondues. C'est de ces deux documents que découlent nos activités et tous les textes réglementaires qui permettront de réaliser les projets que le président de la République ambitionne de réaliser pour la jeunesse ivoirienne. A ce titre, nous avons élaboré tous les textes attendus, nécessaires aux mouvements associatifs des jeunes. Ces textes se trouvent aujourd’hui sur la table du gouvernement, en attente de décision. Le plus important, pour nous, est celui qui doit créer le Conseil national de la jeunesse (Cnj). Le Cnj sera la chambre consulaire des jeunes de Côte d’Ivoire. Si ces deux textes sont adoptés, on verra une jeunesse ivoirienne réorganisée.
Avez-vous envisagé un partenariat avec le ministère de l’emploi, par exemple ?
Il est clair que les questions de la jeunesse concernent tous les ministères. Elles sont transversales. Pour dire que nous sommes en partenariat avec l’ensemble des membres du gouvernement. Je conviens avec vous qu'il n'est pas aisé de poser des actions en faveur des jeunes sans risquer quelques rappels émanant de certains ministères. Et pourtant, nous devons agir. C'est pourquoi nous avons jugé nécessaire de proposer au gouvernement la création d'un comité interministériel chargé de définir un plan de charges cohérent dans lequel chaque département ministériel concerné par la question des jeunes aura sa part de responsabilité. Ce comité interministériel devra être présidé par le Premier ministre. Dans tous les cas, la jeunesse étant l'une des priorités du président de la République, nous savons que toutes les actions ministérielles visent à sortir les jeunes de la précarité du chômage.
Comment les FN comptent-elles s’y prendre, vu que ce n’est ni un parti politique, ni une organisation de la société civile ?
Des responsables des Forces nouvelles iront aux législatives. C'est une certitude non-négociable. Quant au conclave, il a mandaté le Premier ministre, Guillaume Soro, pour négocier avec les partis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), afin d’aboutir, plus tard, après les législatives à un parti politique unifié.
En attendant, il faut des étendards aux candidats Fn. Certes, la Loi ivoirienne n'interdit pas les candidatures indépendantes, mais, permettez-nous d'y aller sous certaines bannières déjà présentes. Si ce n’est pas le cas, vous découvrirez des candidatures indépendantes.
Ce que j’aimerais relever ici, c’est qu’aucun membre des Fn n'avait jamais arboré l’étendard du Front populaire ivoirien avant le 19 septembre 2002. Pendant cette crise, nous avions tous pour ambition de voir ce parti (Fpi) mis en minorité. Aujourd’hui que la crise est terminée, la logique recommande que ceux qui, au sein des Fn arboraient, par le passé, l’étendard Pdci retournent au Pdci ; ceux qui arboraient l’étendard du Rdr aillent au Rdr. Ceux qui estimaient être de simples sympathisants de partis politiques existants peuvent maintenant sortir de l’anonymat pour devenir des militants actifs.
On note déjà quelques problèmes, comme celui de Me Affoussy Bamba qui avait décidé de se présenter à Adjamé où elle s’est vue priée de se choisir une autre localité…
Moi, je ne fais pas de débat via la presse. Le leader des Fn, le Premier ministre, Guillaume Soro, a eu pour mandat de discuter avec le Rhdp. C’est à l’issue des discussions qu’on saura sous quel étendard et surtout dans quelle circonscription électorale les membres des Fn pourront postuler ! Nous avons arrêté une ligne de conduite et elle est toujours en vigueur. Attendez donc les résultats.
A quel stade des négociations en êtes-vous actuellement ?
Je peux vous dire qu’elles se sont achevées. Il y a des résultats mais, retenez juste qu’elles se sont bien déroulées. Au moment du dépôt des candidatures à la Commission électorale indépendante, on saura effectivement qui ira où et qui fera quoi, ou qui n'a pas été retenu.
On apprend que Guillaume Soro viserait la présidence de l’Assemblée nationale. Vrai ou faux ?
Si le secrétaire général des Fn devait prendre la tête du parlement ivoirien, ce serait une très bonne chose pour la démocratie en Côte d’Ivoire ! Il a toutes les compétences pour exercer là où le devoir l’appellera. Il sera notre champion à Ferké et, je suis sûr, qu’il sera parmi les premiers élus issus des Fn. Quand le moment viendra de choisir le président de l’Assemblée nationale, il reviendra sans doute au parti politique unifié, que nous appelons de tous nos vœux, de décider de la place des uns et des autres. Pour l’instant, retenez que Guillaume Soro ne sera pas le dernier de la classe. Il est clair que les Fn n’entendent pas demeurer les derniers de la classe en Côte d’Ivoire. Si elles ont décidé de prendre part aux législatives, c’est justement parce qu’elles estiment avoir les moyens de se doter ou de faire partie d’un groupe parlementaire. Je peux vous dire que nous sortirons grandis de ces élections parce que, on ne parlera plus de forces rebelles ou d’anciens rebelles. On parlera tout simplement d’honorables députés.
Vous avez annoncé récemment votre candidature pour le seul siège de Fresco, convoité également par le ministre des Sports, Philippe Légré. Quelle serait votre réaction si la direction du Rhdp vous demandait de vous écarter au profit de ce dernier ?
Je m’alignerai. Si au sein du Rhdp et des Fn, on estime qu’Alain Lobognon doit s’écarter pour permettre à un autre candidat de briguer le poste. Je m’alignerai! C’est cela la discipline au sein d’un mouvement politique. Mais, on n’en est pas encore-là. Et je doute fort qu'on y arrive. Je n'ai aucune crainte de perdre une élection. Soit on gagne, soit on perd une élection, quand on est en démocratie. Et je sais que je ne vais pas à l'assaut du fauteuil, laissé vacant depuis des années par le député Denis Akabla, pour perdre. D'ailleurs, permettez-moi de rendre un hommage à ce grand amoureux de Fresco. Il semblerait que je lui ressemble dans l'approche qu'il avait quand il abordait les questions concernant Fresco. Il respectait ses adversaires et était un adepte du progrès continu de Fresco. Et, comme lui, je respecte tous ceux qui sont des candidats déclarés. Mais en tant que candidat et fils de Fresco, il me paraît important d'appeler, dès à présent, au rassemblement des filles et fils de notre ville autour de ma candidature. En attendant l'ouverture officielle de la campagne pour conquérir l'unique siège de notre circonscription électorale, à partir du 20 novembre 2011, je serai sur le terrain, à Fresco, pour l'avant-campagne.
Entretien réalisé par Anne-Marie Eba