La Force Licorne avait rendez-vous avec l’histoire, lundi dernier, 6 novembre. Sept ans jour pour jour, son cantonnement basé dans l’enceinte du lycée René Descartes de Bouaké, était pulvérisé par les Suhkoi 25 de l’aviation gouvernementale ivoirienne dans la foulée de l’opération dignité. Présente pour observer le fragile cessez-le feu qui prévalait en son temps, entre les forces belligérantes du conflit armé ivoirien, la force militaire de l’ex-puissance coloniale s’en sort avec un bilan lourd. Un civil américain et neuf marsouins du Ricm (Régiment d’infanterie-chars marine), nom d’origine du détachement français, périrent sous ce déluge de feu. Et 38 d’entre eux, grièvement blessés, seront évacués hors de la ville dans l’urgence, pour recevoir des soins. La nouvelle se rependit comme une trainée de poussière.
A Paris, l’Elysée est sous le choc. Cette fois-ci, croit-on, le président Laurent Gbagbo a poussé le bouchon trop loin et il faut réagir. La légitime défense, est la thèse qui sera utilisée par le gouvernement Chirac pour justifier sa réaction. Du sommet de l’état français, ordre est donné de détruire tous les aéronefs militaires de la flotte gouvernementale ivoirienne. Le détachement du 2e Rima stationné au niveau de l’aéroport de Yamoussoukro, est le premier à passer à l’offensive. Vers 14h00, les sukhoi se posent comme d’habitude sur le tarmac de l’aéroport de Yamoussoukro. Ces soldats français attendent que les pilotes biélorusse et ukrainien accompagnés par deux ivoiriens en descendent et vont parler la poudre. Les avions meurtriers sont aussitôt réduits en cendre. La colère de Chirac ne s’arrêtera pas la. Quelques minutes après, des obus français également s’abattent sur les entrepôts d’avions basés à la base aérienne d’Abidjan et dans la cour de la résidence présidentielle de la capitale politique de notre pays. En réaction, le gouvernement ivoirien actionne son ‘‘arme’’ favorite. Les leaders de la jeunesse patriotique font descendre des milliers de jeunes dans la rue. Le sentiment anti-français atteint son paroxysme. De Bouaké, la destruction des aéronefs est accueillie avec acclamation. Privés d’électricité, d’eau courante, de téléphones, coupés depuis le sud, traumatisées par le ballet incessant des avions de guerre, et le bruit assourdissant de leur bombardement, les populations de la capitale du centre ont vécu depuis le 4 novembre des heures d’enfer. M Kassou un riverain du lycée Descartes, s’en souvient comme si c’était hier. « Les avions ont commencé leur survol le 4 novembre 2004. C’était ma première fois de voir ce genre de spectacle de guerre.
Chacun est resté chez lui, la ville était ville. Samedi 6 novembre, aux environs de 13h. Après un premier tour sur la ville, les sukhoi avaient repris leurs bombardements. Ils étaient de couleur verte, avec des dessins de dents de requins, au nez. Comme d’habitude, l’un au dessus de l’autre, ils survolent le camp, repérable par le drapeau français et la croix rouge posé sur le toit de l’infirmerie. Lors du second survol, l’un des deux pique du nez. L’avion lâche ses obus. Comme un tremblement de terre, nous avons ressenti le séisme jusque dans nos maisons », se rappelle le témoin. Concernant la polémique qui continue d’enfler sur la présence des morts, dans le camp, Sam Dominique, journaliste à Tvnp, la télévision locale, qui avait été dépêché, quelques instants sur les lieux du drame, est formel. « J’ai bel et bien vu des corps sans vie de soldats français. Ils ont été sortis des décombres devant moi. Je suis prêt à témoigner devant n’importe quelle juridiction ? », jure t-il.
Y a-t-il eu ou non mort de soldats français ?
Il raconte que ce jour là « son équipe de reportage revenait du 3e bataillon d’infanterie, pilonné dès les premières de matinée par les avions. L’état major des FN, durant ce premier tour du jour, avait été aussi défiguré par les projectiles des suhkoi. C’est au cours du deuxième tour, que le lycée René Descartes s’est écroulé. Quand nous sommes arrivés avec nos caméras, il y avait à l’intérieur, une épaisse fumée noire, et blanche. Une panique monstre, s’était emparée du site. La sentinelle ne nous a pas autorisés à avoir accès à l’intérieur. Donc, nous avions filmé, à partir des grillages qui servaient de clôture au camp ».
Selon lui, les soldats avec qui, il a échangé ce jour étaient surpris d’avoir été bombardés : « Rouge de colère, ils nous ont dit ce jour là, qu’ils ne comprenaient pas la raison de ce qui venait de leur arriver ». Hermétiquement fermé et abandonné à la broussaille, comme pour conjurer le mauvais sort, le lycée René Descartes est aujourd’hui une propriété de la municipalité de Bouaké.
Marcel Konan
Correspondent regional
A Paris, l’Elysée est sous le choc. Cette fois-ci, croit-on, le président Laurent Gbagbo a poussé le bouchon trop loin et il faut réagir. La légitime défense, est la thèse qui sera utilisée par le gouvernement Chirac pour justifier sa réaction. Du sommet de l’état français, ordre est donné de détruire tous les aéronefs militaires de la flotte gouvernementale ivoirienne. Le détachement du 2e Rima stationné au niveau de l’aéroport de Yamoussoukro, est le premier à passer à l’offensive. Vers 14h00, les sukhoi se posent comme d’habitude sur le tarmac de l’aéroport de Yamoussoukro. Ces soldats français attendent que les pilotes biélorusse et ukrainien accompagnés par deux ivoiriens en descendent et vont parler la poudre. Les avions meurtriers sont aussitôt réduits en cendre. La colère de Chirac ne s’arrêtera pas la. Quelques minutes après, des obus français également s’abattent sur les entrepôts d’avions basés à la base aérienne d’Abidjan et dans la cour de la résidence présidentielle de la capitale politique de notre pays. En réaction, le gouvernement ivoirien actionne son ‘‘arme’’ favorite. Les leaders de la jeunesse patriotique font descendre des milliers de jeunes dans la rue. Le sentiment anti-français atteint son paroxysme. De Bouaké, la destruction des aéronefs est accueillie avec acclamation. Privés d’électricité, d’eau courante, de téléphones, coupés depuis le sud, traumatisées par le ballet incessant des avions de guerre, et le bruit assourdissant de leur bombardement, les populations de la capitale du centre ont vécu depuis le 4 novembre des heures d’enfer. M Kassou un riverain du lycée Descartes, s’en souvient comme si c’était hier. « Les avions ont commencé leur survol le 4 novembre 2004. C’était ma première fois de voir ce genre de spectacle de guerre.
Chacun est resté chez lui, la ville était ville. Samedi 6 novembre, aux environs de 13h. Après un premier tour sur la ville, les sukhoi avaient repris leurs bombardements. Ils étaient de couleur verte, avec des dessins de dents de requins, au nez. Comme d’habitude, l’un au dessus de l’autre, ils survolent le camp, repérable par le drapeau français et la croix rouge posé sur le toit de l’infirmerie. Lors du second survol, l’un des deux pique du nez. L’avion lâche ses obus. Comme un tremblement de terre, nous avons ressenti le séisme jusque dans nos maisons », se rappelle le témoin. Concernant la polémique qui continue d’enfler sur la présence des morts, dans le camp, Sam Dominique, journaliste à Tvnp, la télévision locale, qui avait été dépêché, quelques instants sur les lieux du drame, est formel. « J’ai bel et bien vu des corps sans vie de soldats français. Ils ont été sortis des décombres devant moi. Je suis prêt à témoigner devant n’importe quelle juridiction ? », jure t-il.
Y a-t-il eu ou non mort de soldats français ?
Il raconte que ce jour là « son équipe de reportage revenait du 3e bataillon d’infanterie, pilonné dès les premières de matinée par les avions. L’état major des FN, durant ce premier tour du jour, avait été aussi défiguré par les projectiles des suhkoi. C’est au cours du deuxième tour, que le lycée René Descartes s’est écroulé. Quand nous sommes arrivés avec nos caméras, il y avait à l’intérieur, une épaisse fumée noire, et blanche. Une panique monstre, s’était emparée du site. La sentinelle ne nous a pas autorisés à avoir accès à l’intérieur. Donc, nous avions filmé, à partir des grillages qui servaient de clôture au camp ».
Selon lui, les soldats avec qui, il a échangé ce jour étaient surpris d’avoir été bombardés : « Rouge de colère, ils nous ont dit ce jour là, qu’ils ne comprenaient pas la raison de ce qui venait de leur arriver ». Hermétiquement fermé et abandonné à la broussaille, comme pour conjurer le mauvais sort, le lycée René Descartes est aujourd’hui une propriété de la municipalité de Bouaké.
Marcel Konan
Correspondent regional