Les séjours, coup sur coup à Abidjan de deux personnalités françaises de premier plan à savoir le ministre de l`Intérieur Claude Guéant, ce week-end et celui, il y a un peu plus d`une semaine de Jean-François Copé, secrétaire général de l’U.M.P (Union pour la majorité présidentielle au pouvoir), expriment, éloquemment et irrésistiblement le changement à 180 degrés ou presque des nouveaux rapports entre Paris et Abidjan. Ces déplacements, en terre ivoirienne, de si hauts responsables de l`Etat français, on le voit, s`accompagnent aussi de leur grande et ferme disponibilité à aider le Président de la République et son gouvernement à affronter les nombreux défis de la reconstruction et du relèvement du pays. Cette mutation nouvelle et essentielle est, incontestablement, à mettre à l`actif du chef de l`Etat ivoirien, un houphouétiste bon teint et déterminé, qui sait ce que signifie la coopération dans l`amitié et l`égalité et non pas vaine bravade et défiance inutile ou permanente entre deux partenaires que tout - la langue, l`histoire, le passé, le présent et pour beaucoup, la propriété, la famille - lie absolument. Bref, les intérêts communs sont conciliables et non pas forcément antagoniques ou conflictuels. Certes, l`histoire des relations internationales a fait dire, un jour, au général de Gaulle qu`un pays n`a pas d`amis mais a des intérêts , c`est vrai, mais ceux-ci ne sont pas forcément "néo-coloniaux", vassalisés mais peuvent avoir pour fondement l`esprit actuel et réaliste du "win-win" ou "gagnant-gagnant". Chaque partenaire est capable de s`assumer et de veiller à la défense, sans rhétorique ou slogans révolutionnaires -du style Sékou Touré,- au triomphe sain et honnête de ses intérêts. La parenthèse fort malheureuse de la sulfureuse et mesquine Refondation est vite à ranger au musée des énormités et à revenir, avec Alassane Ouattara, à une vision juste, apaisée, fructueuse et bénéfique d`une relation amicale entre la France et la Côte d`Ivoire, deux pays qui se connaissent, s`apprécient et se respectent. Le passé et le présent nous le demandent. En effet, à quoi auraient servi les efforts et les sacrifices de Félix Houphouët-Boigny, du général de Gaulle, de Jacques Chirac, de Henri Konan Bédié, d`asseoir une relation sans nuages entre les deux capitales si l`irrespect et la méfiance devaient persister entre dirigeants ivoiriens et français ? A quoi surtout aurait servi l`œuvre monumentale de construction d`une amitié vraie entre Français et Ivoiriens, entreprise par le Père de la nation ivoirienne dès avant l`indépendance par sa présence remarquée dans plusieurs gouvernements français aux côtés du général de gaulle ? Seul un houphouétiste, un vrai, comme Alassane Ouattara, pouvait ramener les relations franco-ivoiriennes à leur idylle de plus de quarante ans et brutalement anéantie par des dirigeants en retard d`une époque et accrochés au discours révolutionnaire et utopique des années Bandoeng (1955). Voilà donc l`amitié ivoiro-française à l`aune de la construction européenne pour nos amis français et de la construction africaine pour nous. Certes, ces rapports restent caractérisés par des niveaux inégalés de développement, certes chaque partie ou chacun des deux continents peut et doit veiller à la défense obstinée de ses attentes, mais la conciliation de tous ces intérêts divergents et, par moments opposés, doit se faire par le dialogue, la négociation, la discussion paisible et non désordonnée, discourtoise ou maladroite. Ce sont là les enseignements, la philosophie de l`humaniste et grand homme d`Etat Félix Houphouët-Boigny. Certes les dents, comme le dit la sagesse africaine, mordent, de temps à autre la langue mais au fond, ne sont-elles pas, quotidiennement , naturellement et inexorablement condamnées à vivre ensemble, dans l`harmonie, l`entente et la paix ?
Politique Publié le mercredi 9 novembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan
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