La nature des relations entre le président Ouattara et l’Archevêque émérite d’Abidjan, Bernard Cardinal Agré, en dit long sur les échanges de lundi au Palais présidentiel.
Il ne s’agit pas pour nous de remuer le couteau dans la plaie, au moment où il est question de réconciliation nationale. Mais l’on ne saurait faire table rase sur le passé dans le traitement de l’information dont nous avons la charge. Parlant du passé, il n’est pas superflu de ressasser les temps nuageux et brumeux qui ont marqué les relations entre l’opposant Ouattara et l’ex-chef de l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire. Nul n’ignore que le successeur du Cardinal Yago a de tout temps épousé les thèses nationalistes et xénophobes des proches de l’ancien président, Laurent Gbagbo. Ce qui lui a fait dire, en décembre 2010, à la faveur de la crise postélectorale, que ‘’la Communauté internationale est sans cœur ; elle n’a que la volonté de dominer et d’avoir des intérêts. (…). Des gens qui ne réfléchissent pas au lendemain, et qui sont là pour des choses immédiates’’. Selon le prélat qui s’exprimait à la télévision nationale, dans tous les pays du monde, il y a une Constitution qui s’impose à tous, la Constitution de la Côte d’Ivoire disposant qu’en matière d’élection, c’est le Conseil constitutionnel qui a le dernier mot. La chanson était la même que celle entonnée par les pontes de l’ex-Refondation, après le second tour de la présidentielle qui avait donné Alassane Ouattara vainqueur. Le Conseil constitutionnel proclamait pour sa part, Laurent Gbagbo gagnant. En 2000, Agré était de ceux qui tentaient de convaincre le président du Rdr, de renoncer à la présidentielle d’octobre à laquelle Alassane Ouattara tenait à participer. Plus tard, après l’élection ‘’calamiteuse’’ de Laurent Gbagbo suite à des morts en cascade dont le charnier de Yopougon, c’était le Cardinal Agré qui avait célébré le fameux hommage aux martyrs de Laurent Gbagbo au stade Félix Houphouët-Boigny. Là où le nouveau président a déclaré à qui voulait l’entendre, ‘’mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance’’, l’homme de Dieu se joignait à lui, pour célébrer dans la plus grande discrimination, les morts qui ont aidé Laurent Gbagbo à accéder au pouvoir, ignorant ceux, tombés sous les balles assassines des gendarmes et policiers acquis à sa cause. Un parti pris flagrant qui amène à s’interroger sur l’impartialité de l’homme de Dieu. C’est un secret de polichinelle. Le Cardinal Agré a de tout temps épousé les idées ivoiritaires et exclusionnistes qui présentaient Alassane Ouattara comme l’ennemi public N°1 des Ivoiriens. L’on se souvient encore des fausses rumeurs qui ont couru et qui faisaient croire, avant le 28 novembre 2010 (date du second tout de l’élection), qu’une fois au pouvoir, Ouattara, le musulman du Nord, mettrait fin aux privilèges des chrétiens, et qu’il transformerait les églises en mosquées. La sortie controversée du cardinal Agré pendant la crise postélectorale avait mis à mal la cohésion au sein de la hiérarchie de l’Eglise romaine sur les bords de la lagune Ebrié. L’on a encore en mémoire les sorties des évêques Siméon Ahouana de Bouaké, Maurice Kouassi Konan de Daloa, Jean Salomon Lezoutié de Yopougon et Antoine Koné d’Odienné qui ont dû multiplier les sorties médiatiques pour rectifier le tir et ramener l’Eglise catholique à son rôle premier, celui de trouver le juste compromis et de dire la vérité sans état d’âme.
La réconciliation Agré-Ouattara ?
Après le rendez-vous manqué du mois dernier au palais présidentiel, Bernard Cardinal Agré a finalement rencontré le chef de l’Etat ce lundi. Les deux personnalités ont échangé. Au sortir de cette audience, le prélat a fait la déclaration suivante aux journalistes. ‘’Nous continuons de prier pour vous, afin de développer en vous, en nous, trois vertus qui permettent d’apporter la paix, à savoir l’humilité, l’honnêteté et l’humour (…) l’humilité, c’est savoir pardonner mais aussi reconnaître ses fautes ; l’honnêteté renvoie à la vérité et l’humour, à la joie de vivre’’, a-t-il souligné. Des déclarations qui tranchent avec ses propos d’antan. C’est peut-être ces vertus qu’il rappelle, et auxquelles il faut ajouter la bonté et un sens élevé du pardon, que le prélat a décelées en cet homme d’Etat. Au point de l’amener à regretter le combat inutile et malsain, à lui livré durant autant d’années. Au cours de ces échanges de lundi, nul doute qu’il a été question du passé, mais surtout de réconciliation nationale. Tel qu’on peut l’imaginer, Alassane Ouattara a passé l’éponge et s’engage à réconcilier tous les Ivoiriens, à commencer par lui-même. En tout état de cause, les images de sa rencontre avec le chef religieux, diffusées par la télévision nationale, expriment mieux l’état d’esprit du président de la République. Tant les échanges étaient cordiaux. Ouattara a pardonné à nombre de ses pourfendeurs, leurs injures et leurs actes ignobles. Le planteur d’Aboisso, Bléhoué Aka, ami à Laurent Gbagbo, est de ceux-là. Ses embrassades au chef de l’Etat, il y a deux semaines au palais présidentiel, constituent une preuve de plus que le N°1 ivoirien a pardonné et reste ouvert à tous ses compatriotes, y compris tous ceux qui l’ont combattu, et qui continuent de le faire. C’est aussi cela la marque des grands hommes. Vivement que cette rencontre entre l’ancien chef de l’Eglise catholique et le chef de l’Etat puisse inspirer tous les Ivoiriens afin d’embarquer dans le train de la réconciliation pilotée par le Premier ministre Charles Konan Banny.
Ouattara Abdoul Karim
Il ne s’agit pas pour nous de remuer le couteau dans la plaie, au moment où il est question de réconciliation nationale. Mais l’on ne saurait faire table rase sur le passé dans le traitement de l’information dont nous avons la charge. Parlant du passé, il n’est pas superflu de ressasser les temps nuageux et brumeux qui ont marqué les relations entre l’opposant Ouattara et l’ex-chef de l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire. Nul n’ignore que le successeur du Cardinal Yago a de tout temps épousé les thèses nationalistes et xénophobes des proches de l’ancien président, Laurent Gbagbo. Ce qui lui a fait dire, en décembre 2010, à la faveur de la crise postélectorale, que ‘’la Communauté internationale est sans cœur ; elle n’a que la volonté de dominer et d’avoir des intérêts. (…). Des gens qui ne réfléchissent pas au lendemain, et qui sont là pour des choses immédiates’’. Selon le prélat qui s’exprimait à la télévision nationale, dans tous les pays du monde, il y a une Constitution qui s’impose à tous, la Constitution de la Côte d’Ivoire disposant qu’en matière d’élection, c’est le Conseil constitutionnel qui a le dernier mot. La chanson était la même que celle entonnée par les pontes de l’ex-Refondation, après le second tour de la présidentielle qui avait donné Alassane Ouattara vainqueur. Le Conseil constitutionnel proclamait pour sa part, Laurent Gbagbo gagnant. En 2000, Agré était de ceux qui tentaient de convaincre le président du Rdr, de renoncer à la présidentielle d’octobre à laquelle Alassane Ouattara tenait à participer. Plus tard, après l’élection ‘’calamiteuse’’ de Laurent Gbagbo suite à des morts en cascade dont le charnier de Yopougon, c’était le Cardinal Agré qui avait célébré le fameux hommage aux martyrs de Laurent Gbagbo au stade Félix Houphouët-Boigny. Là où le nouveau président a déclaré à qui voulait l’entendre, ‘’mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance’’, l’homme de Dieu se joignait à lui, pour célébrer dans la plus grande discrimination, les morts qui ont aidé Laurent Gbagbo à accéder au pouvoir, ignorant ceux, tombés sous les balles assassines des gendarmes et policiers acquis à sa cause. Un parti pris flagrant qui amène à s’interroger sur l’impartialité de l’homme de Dieu. C’est un secret de polichinelle. Le Cardinal Agré a de tout temps épousé les idées ivoiritaires et exclusionnistes qui présentaient Alassane Ouattara comme l’ennemi public N°1 des Ivoiriens. L’on se souvient encore des fausses rumeurs qui ont couru et qui faisaient croire, avant le 28 novembre 2010 (date du second tout de l’élection), qu’une fois au pouvoir, Ouattara, le musulman du Nord, mettrait fin aux privilèges des chrétiens, et qu’il transformerait les églises en mosquées. La sortie controversée du cardinal Agré pendant la crise postélectorale avait mis à mal la cohésion au sein de la hiérarchie de l’Eglise romaine sur les bords de la lagune Ebrié. L’on a encore en mémoire les sorties des évêques Siméon Ahouana de Bouaké, Maurice Kouassi Konan de Daloa, Jean Salomon Lezoutié de Yopougon et Antoine Koné d’Odienné qui ont dû multiplier les sorties médiatiques pour rectifier le tir et ramener l’Eglise catholique à son rôle premier, celui de trouver le juste compromis et de dire la vérité sans état d’âme.
La réconciliation Agré-Ouattara ?
Après le rendez-vous manqué du mois dernier au palais présidentiel, Bernard Cardinal Agré a finalement rencontré le chef de l’Etat ce lundi. Les deux personnalités ont échangé. Au sortir de cette audience, le prélat a fait la déclaration suivante aux journalistes. ‘’Nous continuons de prier pour vous, afin de développer en vous, en nous, trois vertus qui permettent d’apporter la paix, à savoir l’humilité, l’honnêteté et l’humour (…) l’humilité, c’est savoir pardonner mais aussi reconnaître ses fautes ; l’honnêteté renvoie à la vérité et l’humour, à la joie de vivre’’, a-t-il souligné. Des déclarations qui tranchent avec ses propos d’antan. C’est peut-être ces vertus qu’il rappelle, et auxquelles il faut ajouter la bonté et un sens élevé du pardon, que le prélat a décelées en cet homme d’Etat. Au point de l’amener à regretter le combat inutile et malsain, à lui livré durant autant d’années. Au cours de ces échanges de lundi, nul doute qu’il a été question du passé, mais surtout de réconciliation nationale. Tel qu’on peut l’imaginer, Alassane Ouattara a passé l’éponge et s’engage à réconcilier tous les Ivoiriens, à commencer par lui-même. En tout état de cause, les images de sa rencontre avec le chef religieux, diffusées par la télévision nationale, expriment mieux l’état d’esprit du président de la République. Tant les échanges étaient cordiaux. Ouattara a pardonné à nombre de ses pourfendeurs, leurs injures et leurs actes ignobles. Le planteur d’Aboisso, Bléhoué Aka, ami à Laurent Gbagbo, est de ceux-là. Ses embrassades au chef de l’Etat, il y a deux semaines au palais présidentiel, constituent une preuve de plus que le N°1 ivoirien a pardonné et reste ouvert à tous ses compatriotes, y compris tous ceux qui l’ont combattu, et qui continuent de le faire. C’est aussi cela la marque des grands hommes. Vivement que cette rencontre entre l’ancien chef de l’Eglise catholique et le chef de l’Etat puisse inspirer tous les Ivoiriens afin d’embarquer dans le train de la réconciliation pilotée par le Premier ministre Charles Konan Banny.
Ouattara Abdoul Karim