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Afrique Publié le mercredi 4 janvier 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Présidentielle 2012 au Sénégal / Candidature de Youssou N’Dour contre Wade : Quand les stars et célébrités veulent changer l’ordre établi

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Situation en Côte d`Ivoire : Sommet d`urgence de la CEDEAO à Abuja (Nigeria)
Vendredi 24 décembre 2010. Abuja (Nigeria). Photo: Le President du Senegal SEM Abdoulaye Wade (Centre), le President du Burkina Faso SEM Blaise Compaore (gauche) et le President du Nigeria SEM Goodluck Jonathan
Le chanteur populaire Michel Martelly dit ‘’Sweet Micky’’ a remporté haut la main l’élection présidentielle en Haïti le 16 avril 2011. Au Libéria, l’ancien international Georges Weah, véritable idole dans son pays a été en 2005 le candidat malheureux contre Ellen Johnson-Sirleaf qui a brigué un deuxième mandat en 2011. Aujourd’hui, c’est Youssou N’Dour, roi du Mballack, chanteur musicien de 52 ans qui présente officiellement sa candidature à l’élection présidentielle du 26 février 2012 au Sénégal. Les artistes et célébrités africaines ont-ils décidé de changer la donne en Afrique ? Leçons d’une candidature
Au commencement était Haïti. Le chanteur populaire ‘’Sweet Micky’’, de son vrai nom, Michel Martelly remporte l’élection présidentielle dans ce pays avec 67,57% des suffrages exprimés face à Milande Manigat (31,74%) des suffrages. Sa victoire est intervenue le 16 avril 2011 après de nombreux rebondissements.

’’Sweet Micky’’ montre la voie.

Le chanteur était arrivé en 3è position lors du premier tour le 28 novembre 2010. Après une longue période de tension, puis de médiation, le candidat du pouvoir avait été écarté au profit de ‘’Sweet Micky’’ pour un deuxième tour le 20 mars 2011. Les résultats définitifs ont été annoncés le 16 avril 2011. L’annonce de sa victoire a donné lieu à des explosions de joie à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Une allégresse indicible qui témoigne de ce qu’il est le choix des haïtiens pour changer l’ordre établi dans ce pays pauvre. L’élection de cet outsider a été une gifle terrible pour la masse politique traditionnelle et un choc doublé d’une grande déception pour les intellectuels. Quand il s’est porté candidat, personne n’avait imaginé la métamorphose de Michel Martelly en homme politique. Personne d’ailleurs ne le prenait au sérieux. L’homme n’était connu que pour ses frasques et ses pitreries sur scène. Pourquoi ce nouveau venu dans l’arène politique jouit-il d’une telle popularité ? Et bien, il a su gagner le cœur du peuple en tournant en dérision les hommes politiques haïtiens qui ont fait preuve d’immobilisme depuis des années. Son style fantasque a séduit les couches les plus pauvres en Haïti et l’admiration pour le personnage s’est reportée sur le candidat. Il a su insister, pendant la campagne, sur le chômage des jeunes, un véritable fléau et sur la grande fatigue du peuple pour la classe politique, en s’en prenant notamment à tous les ‘’diplômés’’ qui n’ont rien fait pour Haïti. Cela a payé quand on met dans la balance le bilan, du précédent candidat du peuple, Jean-Bertrand Aristide et de son mouvement Lavalas dont le président sortant, René Préval est l’héritier - est absolument vide. Martelly était jusqu’à son élection, un farouche opposant d’Aristide. Michel Martelly, à la tête du pays le plus pauvre des Amériques pour un mandat de 5 ans ? Le peuple a fait son choix et laissé tomber les grands ’’diplômés’’. Pour un nouveau contrat social.

Georges Weah, premier essai raté

De sa carrière d’international de football, Georges Weah semble avoir gardé un certain goût pour la compétition. Après une défaite à la présidentielle de 2005 au Libéria, Georges Weah, ‘’Mister Georges’’ pour ses fans, 44 ans, espérait tenir sa revanche en octobre 2011. Le dimanche 15 août 2010, son congrès pour le changement démocratique a annoncé le rapprochement avec deux autres partis, notamment celui de l’ex-président, Charles Taylor. Georges Weah a été l’un des meilleurs joueurs de football des années 90 qui veut renverser l’ordre établi au Libéria. Des essais manqués ? Sa carrière politique a commencé véritablement en 2005. Il se présente à l’élection présidentielle au Libéria sous la bannière du ‘’congrès pour le changement démocratique’’. Il atteint le second tour. Mais sa candidature souffre du fait qu’il ait vécu à l’étranger durant la guerre civile qui a ravagé son pays. Avec seulement 40,4% des voix, il perd finalement l’élection présidentielle face à l’économiste Ellen Johnson-Sirleaf. Ses adversaires lui reprochaient son manque d’expérience et un faible niveau d’éducation. Comme tous les champions, Georges Weah travaille ses faiblesses. Depuis le dernier scrutin, il a suivi des études universitaires en administration des affaires et affirme fièrement aujourd’hui se sentir prêt à diriger le Libéria. Prochain tir au but pour lui dans 5 ans quand Mme Ellen Johnson-Sirleaf aura achevé son deuxième mandat remporté en octobre 2011. L’âge n’est pas un handicap pour Georges Weah qui affûte encore ses armes.

Youssou N’Dour dans la course contre Wade au Sénégal

Une autre célébrité a annoncé sa candidature pour la présidentielle de février 2012 au Sénégal. Pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à solliciter le suffrage du peuple sénégalais, l’artiste a déclaré hier ceci sur TFM sa propre station radio : «J’ai bien écouté les sénégalais, et j’ai bien décrypté leur message. J’ai reçu des sollicitations. En tant que fils digne de ce pays, je ne peux que donner une réponse positive». L’artiste se dit prêt à relever le défi avec les Sénégalais. «Je compte beaucoup sur mon pays, le Sénégal, qui m’a tout donné avec brio». Il espère par cette voie venir au chevet des Sénégalais qui, d’après lui, sont fatigués. A 52 ans, il se dit convaincu qu’il est à mesure de répondre à l’attente des Sénégalais. «C’est vrai, je n’ai pas fait des études supérieures. Mais la présidence est une fonction et non un métier», précise t-il. Comme pour dire, devenir président d’un pays n’a rien à voir avec les études. Il suffit simplement d’être compétent. «A mon pays, je peux apporter le secret de ma réussite professionnelle. Il s’agit de la rigueur dans le choix des hommes. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut», a-t-il conclu sans omettre de parler de la réduction du train de vie de l’Etat, la situation de la Casamance et de l’Education nationale. Michel Martelly, Georges Weah et aujourd’hui Youssou N’Dour. Artistes et célébrités ont décidé de servir leur peuple et de mettre fin à leurs souffrances. Vont-ils réussir ce challenge ? Beaucoup espèrent une surprise à Dakar face à une classe politique devisée, que le peuple veut remplacer. Attendons de les juger à leur bilan s’ils sont élus.
Source : AFP
Maxime Wangué
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