Allo Nasser

Sûrement, comme moi, la première chose que vous regardez dans une liste de 23 joueurs sélectionnés pour la CAN, c’est le groupe d’attaquants. « Y’a qui devant ?», en effet, est une question capitale. La richesse du secteur indiquera les moyens véritables pour devenir champion d’Afrique : le pouvoir de marquer des buts, le plus possible et à tout moment. C’est ce qui fait «concrètement » la différence entre toutes ces sélections nationales qui se tiennent plus ou moins dans l’organisation générale du jeu. Nous allons ainsi retrouver la Zambie et sa générosité dans l’effort, son éclatement vers l’avant, la Tunisie et son football collectif bien léché, le Burkina et ses joueurs audacieux, le Gabon et son animation dynamique, l’Angola et son football de muscle et de souplesse, la Guinée et le Mali et leur technique pure, le Niger et la Guinée Equatoriale et la force de leur enthousiasme, la Lybie et sa nouvelle liberté d’entreprendre. C’est là, le gros peloton de la CAN qui se vaut car il n’y a pas d’hom­me providentiel «devant ». Le Ghana en 2010 a manqué de cette variété et de cette percussion offensive. La finition ayant reposé sur Asamoah Gyan, et à un degré moindre sur Kwadwo Asamoah, toutefois bien trop éloigné de la surface de réparation adverse. Cette fois, Gyan et Kevin Prince Boateng ne seront pas là. Et nous n’avons pas vu en Dominique Adiyiah, Matthew Amoah, Aminu Dramani les buteurs redoutables annoncés. En réalité, les listes d’attaques qui impressionnent sont donc ivoirienne, sénégalaise et marocaine. Seydou Doumbia, Didier Drogba, Kader Keita et Yao Kouassi Gervais pour les Ivoiriens ; Demba Bâ, Papiss Cissé, Moussa Sow et Mamadou Niang pour les Sénégalais ; Adil Taarabt, Marouane Chamakh, Noureddine Amrabat et Youssef El Arabi pour les Marocains. Le sélectionneur marocain Eric Gerets est tellement conscient de la préciosité de ses arguments offensifs, de son arme fatale, qu’il a décidé de ne disputer aucun match de préparation contre des concurrents africains. Il craint énormément les blessures car il sait qu’il n’est pas très riche sur ce plan. Et surtout, il veut rivaliser avec …les Ivoiriens.

Nasser El Fadel