Entre le présumé squelette de Kieffer et lui, il est à se demander qui a vraiment fait le BUZZ la semaine dernière en terme d’actualité poignante. La découverte simultanée d’un squelette à quelques encablures du village du ministre Bohoun Bouabré a surpris plus d’un Ivoirien. Puisque ce squelette avait été désigné urbi et orbi comme étant celui du journaliste Guy André Kieffer et envoyé en France pour une autopsie. Quelques jours après, la nouvelle est tombée comme un couperet. Bohoun Bouabré, soupçonné dans l’affaire, meurt en Israël dans des conditions aussi tragiques que curieuses. Et au moment où ses procureurs devaient lui porter le coup de grâce, c’est l’étonnement général. Le squelette n’est pas celui de Kieffer. Ceux qui, ne faisant preuve d’aucune décence face à la mort et qui se réjouissait carrément du décès du ministre Bohoun Bouabré en ont pour leur grades. Une véritable déculottée qu’ils essaient difficilement de masquer. Le mal est déjà fait et il faut avancer. Mais au delà, c’est de savoir comment et pourquoi la Côte d’Ivoire s’est permise de perdre une ‘’tête bien pleine’’ dans des conditions qui restent à élucider. La mort de Bohoun Bouabré prend une autre tournure avec le débat qui s’est ouvert sur la responsabilité des nouvelles autorités sur l’agonie de l’ex-argentier de Laurent Gbagbo. Les informations qui circulent sur les circonstances de la mort du père du ‘’Budget sécurisé’’ peuvent revêtir encore les habits de la passion et de la querelle politicienne. Mais elles ont besoin d’être connues parce que les accusations contre les nouvelles autorités sont d’une telle gravité qu’elles ne sauraient restées sans réponses. Selon des sources proches du défunt, le pouvoir aurait refusé de dégeler les avoirs bancaires du malade qui agonisait. Pire, il lui aurait été demandé de faire ‘’allégeance’’ ( ?) au nouveau régime avant tout dégel. Une proposition que Bohoun Bouabré aurait déclinée en demandant à l’Etat de prendre en charge ses soins. Une doléance qui elle, également aurait été rejetée du revers de la main. Le malade est donc mort dans l’indigence totale et dans l’indifférence des autorités ivoiriennes. Ce récit semble surréaliste vu qu’au delà des animosités circonstancielles, les cadres ivoiriens qui composent la classe politique se connaissent et se fréquentent. Est-il possible que le gouvernement actuel ait pu fermer les yeux sur les appels du pied d’une personnalité de premier plan en Côte d’Ivoire ? Cela reste à vérifier. Pour autant si ces accusations s’avéraient vraies, c’est qu’il faut désespérer de la tournure des événements en Côte d’Ivoire. S’il se trouve que pour n’avoir pas fléchi les genoux devant les nouveaux maîtres d’Abidjan, Bohoun Bouabré a été laissé pour compte, des comptes seront demandés à ceux à qui ses présumées lettres ont été adressées. Comment des Ivoiriens ont-ils pu laisser mourir un des leurs, fut-il un adversaire politique, dans des conditions aussi révoltantes ? Au delà de la politique, le défunt était l’une des fiertés de la Côte d’Ivoire et ses compétences dépassaient les clivages politiques. Donc si ses qualités professionnelles ne sont pas remises en causes, pourquoi a-t-on pu laisser mourir un homme d’une telle trempe? Au nom de la réconciliation et du devoir de vérité, le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, doit ouvrir une enquête pour savoir pourquoi son gouvernement n’a pas aidé cet autre ‘’économiste’’, trop tôt disparu. Tout comme le Président doit, dans l’affaire Kieffer, permettre l’éclatement de la vérité. Rien que la vérité.
Par Valery Foungbé
Par Valery Foungbé