C’est fait ! Vous avez dit liberté de la presse. RSF-Reporters sans frontières, a rendu, mercredi dernier son verdict sur l’état de progression «entre les bons et mauvais élèves» de la protection de la liberté de la presse pour la période 2011-2012 dans le monde. Notre pays, comme on l’imagine, occupe un rang des plus honorables. Elle est classée 159ème. Dans le précédent classement, il occupait la 118ème place. C’est donc dire que beaucoup d’efforts ont été faits pour tuer la liberté de la presse dans notre pays. Y a rien à dire, c’est un bel exploit ! Et dire que ce pays envisage d’être la locomotive de la sous-région ouest africaine ! Dans ce même classement, un pays comme le Cap-Vert fait énormément plaisir. Il occupe la 9ème place. C’est que ce petit pays est véritablement un pays démocratique. Combien d’Africains savent-ils qu’en 2011, des élections législatives se sont organisées dans ce pays ? La Namibie occupe la 20è place, le Mali (25è), le Niger (29è). Inutile de dire que ce rang occupé par la Côte d’Ivoire ne l’honore guère et qu’en une année, la presse ivoirienne a connu les pires moments de son existence. Sous Gbagbo, les jeunes patriotes ont saccagé et incendié des rédactions de journaux d’opposition, taxées de soutenir la rébellion. Sous le même Gbagbo, plusieurs journalistes sont allés en prison (Nanankoua Gnamantêh, Nouveau Réveil), les journalistes du quotidien « Le nouveau Courrier », Patrice Pohé (actuel promoteur du journal « Abidjan24) ; sans compter les nombreuses suspensions des journaux de l’opposition et la traque de leurs journalistes par les combattants de la Fesci à qui le ministre de la Communication Ouattara Gnonzié avait dit que ces journalistes étaient des « terroristes ». Conséquence, de nombreux journalistes dont Tiburce Koffi, Venance Konan, André Sylver Konan, Assalé Tiémoko (qui a été entendu le 18 février 2011 pendant des heures à la Police criminelle et dont le domicile a été pillé quelques jours plus tard), avaient dû fuir le pays pendant la crise post-électorale, pour sauver leur vie. Après la chute de Gbagbo, ce fut le tour des journalistes pro-Gbagbo de connaître l’enfer avec les Frci qui ont incendié et pillé plusieurs rédactions de la presse « bleue ». Certains journalistes pro-Gbagbo, menacés de mort ont, eux aussi, fui le pays, quand d’autres restés au pays, n’osent pas jusqu’aujourd’hui, s’afficher publiquement. Il n’y a pas longtemps, sous Ouattara, trois journalistes de «Notre Voie» avaient été arrêtés et emprisonnés à la Maca, en violation flagrante de la loi sur la presse. Jugés, ils ont été libérés, mais le mal était déjà fait. La liberté de la presse ne se porte toujours pas bien dans notre pays. Et ce rang malheureux que notre pays partage avec Djibouti est là pour nous le rappeler, tristement. C’est une catastrophe. Certainement que le chef de l’Etat qui ne voyage comme Bédié et Gbagbo, qu’avec les journalistes qui écrivent pour sa gloire, va certainement faire quelque chose pour étonner le monde au classement prochain. La Côte d’Ivoire ex aequo avec Djibouti? Quelle honte !
HERVE MAKRE
HERVE MAKRE