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Politique Publié le samedi 4 février 2012 | Soir Info

Dix mois après / Blé Goudé : « Pourquoi je n’étais pas aux côtés de Gbagbo lors de sa capture»

© Soir Info
Charles Blé Goudé
Autant dire qu’il tardait à Charles Blé Goudé de s’expliquer sur son absence aux côtés de son mentor lors de la prise de ce dernier, dix mois plus tôt, à la résidence présidentielle de Cocody. Dans Côte d’Ivoire Traquenard électoral, dernier ouvrage en date du chef de file de la jeunesse pro-Gbagbo, il est consacré quelques lignes à cette séquence de la crise post-électorale. Blé Goudé y va de son témoignage. Et probablement parce qu’il fut « blessé » par les attaques en trahison émanant de son propre camp, l’ancien leader estudiantin laisse échapper dans l’expression un peu de sa meurtrissure. Extraits : « Ma non présence aux côtés du président Laurent Gbagbo lors de sa capture le 11 avril 2011 a suscité beaucoup de commentaires. Certains camarades estimant que n’avoir pas lancé d’appel à la mobilisation populaire au cours de la bataille d’Abidjan peut être considéré comme une trahison. J’ai été blessé par ce genre d’allégations, mais au-delà de ma propre déchirure, le devoir exige que j’énonce ici ma part de vérité afin que l’information vraie remplace la rumeur et la méchanceté gratuite. A l’audience de ce que j’appelle le faux procès, je plaide non coupable » (P.108). Où était alors Charles Blé Goudé lorsque pleuvait sur la résidence présidentielle les bombes ennemies et que Laurent Gbagbo était à quelques minutes de se faire capturer ? « J’étais là où je devais être », répond Blé Goudé surnommé le « général » de la rue. Il écrit : « Lors de la dernière rencontre que j’ai eue avec celui que je considère comme mon père, avant que l’étau ne se resserre autour de lui, il m’a parlé comme un père et je lui ai parlé comme un fils (…) C’était le lundi 29 mars, jour de ma dernière rencontre avec le président Laurent Gbagbo. De 17h à 19h 30, nous avons eu un long entretien en présence de quelques personnalités de la Majorité présidentielle notamment le Premier ministre Affi N’Guessan, président du Fpi, la première dame Simone Ehivet Gbagbo, deuxième vice-présidente du Fpi, Aboudramane Sangaré, premier vice-président du Fpi, feu Désiré Tagro, ex-secrétaire général de la Présidence, Pr Voho Sahi, ex-ministre de la Culture, Akoun Laurent, secrétaire général adjoint du Fpi, l’Ambassadeur Kodjo Richard, le ministre Assoa Adou (…) Le même jour, tous les fronts militaires s’étaient embrasés à l’intérieur du pays avec pour conséquence la prise de plusieurs villes… La réunion du jour portait sur l’analyse de la situation et les propositions de sortie de crise. Ce fut une réunion difficile et houleuse, tant le sujet à l’ordre du jour était délicat et sensible. Chaque participant a exposé son analyse de la situation et donné son point de vue. Ensuite, le Président et moi, nous nous sommes retirés. Nous avons parlé et nous nous sommes compris. Il m’a ensuite confié à deux officiers supérieurs de la hiérarchie militaire. Depuis ce jour-là, je suis resté là où je devais être suivant les consignes de ces deux officiers militaires » (P.109-110). Charles Blé Goudé explique avoir eu au téléphone Laurent Gbagbo, depuis sa cachette, le 5 avril. La conversation téléphonique a été possible grâce au fils aîné du président déchu, Michel. L’auteur de Côte d’Ivoire traquenard électoral démonte la rumeur qui voudrait qu’il doive son salut au commandant Issiaka Ouattara alias Wattao : « Les allégations mensongères sur mon exfiltration qui aurait été facilitée par le commandant Wattao et ses hommes sont sans fondement » (P.116).
Celui qui fut ministre de la jeunesse et de l’emploi dans l’éphémère gouvernement du Professeur Aké N’gbo ne supporte pas d’être traité de chef de milices. « C’est un faux procès que l’on me fait, argue-t-il. L’on s’appuie (…) sur l’appellation de général pour me coller cette étiquette. C’est par analogie que cette étiquette m’a été attribuée. J’ai été secrétaire général de la Fesci de 1998 à 2000, et chez nous, quand vous avez été à ce poste, on vous appelle « général »…Il n’y a aucun lien avec le terme militaire désignant un haut gradé » (P.130).

Kisselminan COULIBALY
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